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Le relâchement législatif climatique de l’UE : une opportunité inédite pour les entreprises de prendre les devants

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Le relâchement législatif climatique de l'UE : une opportunité inédite pour les entreprises de prendre les devants

L’adoption de la directive Omnibus le 26 février marque un tournant pour les ambitions climatiques de l’Union européenne. Sous l’influence des lobbys et des gouvernements de Paris et Berlin, cette réforme allège les obligations des entreprises en matière de CSRD, taxonomie verte et CS3D, suscitant des inquiétudes quant à un affaiblissement des normes environnementales. Pourtant, la pression sociétale et l’engagement des entreprises en faveur de la durabilité restent forts.

Une contribution de Zahir Abdelouhab, SVP EMEA de la travel management company Navan

 

Évaluer l’impact financier des initiatives de décarbonisation

 


Les efforts actuels demeurent insuffisants face à l’urgence climatique. En 2022, les investissements verts dans l’UE atteignent 407 milliards d’euros (2% du PIB), en hausse de 10% sur un an, selon l’Institut pour l’Économie du Climat. Pourtant, ces montants devraient doubler pour atteindre 813 milliards annuels afin de respecter les objectifs 2030.

L’évaluation précise des coûts et bénéfices de la décarbonation devient cruciale. Si la transition vers des technologies écologiques nécessite des investissements initiaux conséquents, ces dépenses génèrent souvent des économies substantielles à long terme : réduction des coûts énergétiques, amélioration de l’efficacité opérationnelle et optimisation des ressources. Un changement de paradigme s’impose : plutôt qu’un centre de coûts, la décarbonation doit être intégrée comme centre de profits dans le modèle économique.

Une étude de l’Université d’Oxford (2022) confirme ce potentiel : décarboniser le système énergétique mondial d’ici 2050 permettrait d’économiser des milliers de milliards de dollars. En adoptant énergies renouvelables et technologies écoénergétiques, les entreprises réduisent leurs coûts opérationnels tout en contribuant à la transition écologique.

L’intégration des risques climatiques dans la prévision financière permet également de protéger les actifs et d’anticiper les évolutions réglementaires. Un reporting non financier rigoureux, incluant des évaluations détaillées des risques climatiques, devient stratégique pour attirer des investisseurs privilégiant les critères ESG.

 

Optimiser les déplacements professionnels avec une approche durable

 

Les voyages d’affaires, représentant environ 30% des dépenses du secteur du voyage, offrent un levier d’action significatif. En déployant des outils de suivi des émissions carbone, les entreprises peuvent sensibiliser leurs collaborateurs et les orienter vers des alternatives plus responsables comme le train ou les véhicules électriques.

La durabilité est désormais prioritaire pour les voyageurs d’affaires : selon une étude McKinsey, 36% des passagers envisagent de limiter leurs déplacements ou de privilégier le rail pour réduire leur empreinte carbone, et près de 40% accepteraient de payer un supplément pour des options plus écologiques.

Les entreprises du secteur du voyage d’affaires doivent s’adapter en collaborant avec des fournisseurs de transport à faibles émissions et en soutenant le développement du carburant d’aviation durable (SAF), dont la demande mondiale pourrait nécessiter jusqu’à 45 milliards de dollars d’investissements d’ici 2030 d’après le Forum économique mondial et Kearney.

 

Transformer les contraintes environnementales en opportunités stratégiques

 

L’engagement environnemental reste un enjeu majeur, comme en témoigne une étude OpinionWay révélant que 67% des jeunes envisagent de quitter une entreprise non alignée avec leurs valeurs écologiques ou sociales.

Par exemple, les flottes de véhicules d’entreprise constituent un levier d’action prioritaire : représentant plus de la moitié des nouvelles immatriculations annuelles et parcourant deux fois plus de kilomètres que la moyenne, elles génèrent 67% des émissions de CO2 des nouveaux véhicules, soit 2% des émissions totales de gaz à effet de serre en France selon l’ONG Transport & Environnement.

Investir dans la mobilité durable, particulièrement les flottes électriques, offre ainsi un double avantage : réduction des coûts et respect des engagements environnementaux. Cette stratégie renforce également l’attractivité auprès des talents et investisseurs écoresponsables.

Bien que l’adoption de technologies vertes implique des coûts initiaux plus élevés, les bénéfices à long terme sont considérables : les marques axées sur la durabilité enregistrent une croissance jusqu’à dix fois supérieure à leurs concurrents, reflétant la préférence croissante du marché pour les entreprises écologiquement responsables.

 

La durabilité n’est plus une option mais un impératif stratégique. En dépassant les exigences réglementaires minimales, les entreprises peuvent transformer ces contraintes en avantage concurrentiel durable, répondant aux attentes des consommateurs, collaborateurs et investisseurs, tout en contribuant positivement à la transition écologique.

 


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