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États-Unis : les coupes budgétaires de Donald Trump dans l’aide au logement vont nuire à la population et à l’économie américaines

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Drapeaux américains. | Source : Getty Images

Le gouvernement américain envisage de réduire de 43,6 % le budget du département d’État au Logement et au Développement urbain. La plus forte réduction proposée concerne l’aide au logement, avec une baisse de près de 26,72 milliards de dollars provenant de la subvention globale pour l’aide au logement locatif, selon la demande budgétaire discrétionnaire de la Maison-Blanche pour l’exercice 2026.

 

Les États seraient « habilités » à utiliser une formule de subventions propre à chaque État. Ils pourraient alors « concevoir leurs propres programmes d’aide au logement en fonction de leurs besoins et préférences spécifiques ». Il y aurait un intervalle de deux ans pour l’aide au logement des « adultes valides », afin de garantir que la majorité de l’aide soit accordée aux personnes âgées et handicapées.

Pour mieux comprendre ce que cela signifierait si cette mesure était adoptée (de manière réaliste, les budgets présidentiels ne sont pas adoptés dans leur intégralité), il est important de comprendre la politique fédérale en matière de logement.


 

Comment fonctionne l’aide au logement

Il est intéressant de noter que lorsque vous recherchez « State Rental Assistance Block Grant » (subvention globale pour l’aide au logement locatif) sur HUD.gov ou sur le site à l’aide de Google, aucun résultat n’apparaît. Si vous effectuez une recherche sur grants.gov, comme suggéré sur le site du département d’État au Logement et au Développement urbain (HUD), vous trouverez une page consacrée aux subventions du HUD. Celle-ci mentionne deux subventions, puis propose un lien intitulé « Cliquez ici pour en savoir plus sur les autres programmes de subventions du HUD ». Si vous cliquez dessus, vous tombez brièvement sur une page d’erreur 403, puis sur le site HUD.gov.

Les subventions globales sont généralement des sommes d’argent versées aux États ou parfois aux collectivités locales ou à des organisations afin qu’ils puissent les utiliser comme ils le souhaitent dans le cadre de paramètres donnés. American Banker rapporte que ces fonds sont destinés à soutenir l’aide au logement, les logements sociaux et les logements pour personnes âgées et handicapées.

Une formule propre à chaque État ne remplace pas la réduction des fonds, et étant donné que les dépenses fédérales en matière d’emploi ne représentent que 5 % des dépenses publiques, la grande majorité des fonds supprimés auraient pu être utilisés pour des programmes de logement. C’est autant de ressources en moins pour aider les personnes en difficulté de logement.

 

Qui bénéficie de l’aide au logement ?

Selon la National Low Income Housing Coalition, ces subventions globales aident de nombreuses personnes. Les fonds sont alloués à divers programmes d’aide au logement, notamment les Housing Choice Vouchers (HCV, plus communément appelés Section 8), les logements sociaux, l’aide au logement liée à des projets (PBRA), les logements pour personnes âgées (Section 202) et les logements pour personnes handicapées (Section 811).

Selon le Center on Budget and Policy Priorities, cinq millions de ménages à faible revenu bénéficient de programmes d’aide qui leur permettent de louer un logement à un prix abordable. La moitié de ces ménages vivent en zone urbaine, 31 % en banlieue et un peu moins de 20 % en zone rurale.

En 2022, plus de 4,6 millions de ménages ont bénéficié de diverses formes d’aide au logement, selon le HUD. Malgré cela, l’aide au logement du HUD ne touche qu’environ 25 % des ménages éligibles. Et en 2024, 77 % des personnes bénéficiant d’une aide avaient des revenus inférieurs à 30 % du revenu médian de la région. Selon les documents du HUD de 2024, 22 % des ménages touchaient entre 30 % et 50 % du revenu médian, tandis que 1 % se situait entre 50 % et 80 %.

La croissance du revenu médian des ménages a été freinée par la hausse continue des bénéfices des entreprises exprimés en pourcentage du revenu national. Dans une certaine mesure, cela ressemble à une redistribution ascendante des richesses. Où sont passés ces bénéfices supplémentaires ? Environ 76 % ont été consacrés à l’augmentation des dividendes versés aux actionnaires, 15 % ont été conservés sous forme de bénéfices non distribués et 9 % ont été affectés à l’augmentation de l’impôt sur les sociétés.

Certaines de ces personnes sont-elles sans emploi ? Certainement. Beaucoup ne le sont pas, mais vivent dans des ménages dont les revenus sont bien inférieurs à la médiane locale et qui augmentent bien moins vite que l’inflation. Elles paient une partie du loyer qu’elles peuvent se permettre selon les calculs et les politiques officiels. Cette aide est loin d’être luxueuse, comme peuvent en témoigner tous ceux qui ont vu les appartements de la Section 8 ou les logements sociaux.

 

Conséquences de l’aide au logement sur l’économie

Si seulement un ménage sur quatre avait accès à une aide auparavant, qu’en serait-il avec les coupes budgétaires ? De nombreux ménages pourraient se retrouver dans l’incapacité de se loger décemment, ce qui augmenterait le nombre de sans-abri à un moment où d’autres programmes, tels que ceux qui financent les refuges, sont insuffisants, aggravant ainsi le problème sans financement supplémentaire pour l’atténuer. Les gouvernements des États et les administrations locales se retrouveront dans l’obligation de prendre le relais, assumant essentiellement une mission sans financement.

Si les gens se retrouvent sans abri, où iront-ils ? Comment pourront-ils conserver leur emploi ? Cela aura un impact considérable sur l’économie. Il en sera de même pour la perte soudaine de revenus des nombreux propriétaires qui louent à des personnes à faibles revenus. Les personnes qui peuvent facilement se permettre ces loyers quitteront-elles leur logement ? Cela semble peu probable. Réduire considérablement les aides au logement, en partant du principe que la restructuration des modalités d’octroi de ces aides compensera la forte baisse des financements, pourrait bouleverser le fonctionnement d’une partie importante du marché immobilier et entraîner des chocs économiques négatifs qui se répercuteraient dans tout le pays.

 

Une contribution d’Erik Sherman pour Forbes US, traduite par Flora Lucas


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