Lors de l’assemblée annuelle des actionnaires à Omaha samedi dernier, Warren Buffett a annoncé qu’il quitterait son poste de CEO de Berkshire Hathaway à la fin de l’année. À 94 ans, l’« Oracle d’Omaha » cède officiellement les rênes à Greg Abel, tout en restant président du conseil d’administration. C’est la première fois que Berkshire aura un nouveau CEO.
Ce qu’il faut retenir
Après 60 ans passés à la tête de Berkshire Hathaway, Warren Buffett met fin à une époque. Ce samedi, dans un CHI Health Center comble et silencieux à Omaha, le célèbre investisseur a révélé qu’il quitterait la direction opérationnelle de l’empire qu’il a bâti, tout en continuant d’en présider le conseil. C’est Greg Abel, PDG de Berkshire Hathaway Energy et vice-président des opérations hors assurance de Berkshire Hathaway, qui prendra la relève dès le 1er janvier 2026.
Bien que cette succession ait été anticipée depuis 2021, la date restait inconnue — y compris pour Abel lui-même, qui n’avait pas été informé avant l’annonce publique. Buffett a précisé qu’il resterait impliqué, mais que « le dernier mot reviendra désormais à Greg ». L’investisseur emblématique a aussi déclaré qu’il ne vendrait aucune action Berkshire et qu’il considérait Abel comme mieux placé que lui pour conduire l’entreprise dans le futur.
Pourquoi c’est important à suivre
La nomination de Greg Abel marque un tournant stratégique pour Berkshire Hathaway, une société devenue un pilier du capitalisme américain. Valorisé à plus de 1 160 milliards de dollars, le conglomérat rassemble près de 200 entreprises, 264 milliards de dollars d’actions cotées et 348 milliards de dollars de liquidités. Sous la direction de Buffett, l’action Berkshire a progressé de 5 502 284 % depuis 1965.
Mais au-delà de la performance financière, c’est une culture de l’investissement patient, frugal et rationnel qui se trouve aujourd’hui à un point de bascule. Abel, qui est perçu comme respectueux de cet héritage, devra néanmoins trouver sa voie, dans un rôle beaucoup plus exposé. Il lui faudra maintenir la confiance des marchés, gérer les attentes autour de la distribution de dividendes — un sujet longtemps écarté — et composer avec un environnement financier plus volatil que celui qu’a connu Buffett.
Citation principale
« Le fait que l’on puisse bien faire ne signifie pas qu’on ne puisse pas faire mieux, et Greg peut faire mieux », a affirmé Warren Buffett à ses actionnaires au moment de son annonce.
Cette phrase résume parfaitement l’esprit de cette transition : une reconnaissance humble de ses propres limites à 94 ans, et une foi assumée dans les capacités de son successeur. Abel, discret mais redoutablement compétent, a lui-même exprimé son émotion : « Je ne pourrais pas être plus honoré et humble d’être appelé à diriger Berkshire ».
Le chiffre à retenir : 168,2 milliards de dollars
C’est la fortune actuelle de Warren Buffett, selon le classement Forbes. Elle est presque entièrement constituée d’actions Berkshire Hathaway, que le milliardaire a commencé à distribuer à des fondations caritatives depuis 2006. À terme, la quasi-totalité de ce patrimoine sera reversée à une fondation familiale dirigée par ses enfants. Cette approche illustre la cohérence de sa philosophie : créer de la richesse à long terme, et la transmettre de manière responsable. C’est ce même état d’esprit que Greg Abel est attendu à perpétuer.
À surveiller
La transition s’annonce progressive mais déterminante. Abel a d’ores et déjà commencé à prendre des décisions sur les investissements et la gestion opérationnelle des filiales. Plusieurs défis l’attendent : comment investir les 348 milliards de cash sans s’emballer, comment réagir face à la pression croissante pour verser des dividendes, comment arbitrer entre préservation et transformation, ou encore comment conserver l’identité Berkshire à l’heure de la croissance externe et de la concurrence technologique.
Les marchés semblent, pour l’instant, confiants : l’action Berkshire a gagné 19 % depuis le début de l’année, alors même que le S&P 500 reculait de 3 %. Mais à long terme, c’est la capacité d’Abel à « être lui-même tout en restant fidèle à Buffett » qui fera la différence. La prochaine assemblée générale est prévue en mai 2026, sans Buffett aux commandes.

Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits