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Prix de l’essence aux États-Unis : en hausse ou en baisse ?

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Station-service Shell en Floride. Getty Images

Le président américain Donald Trump a affirmé que les prix de l’essence étaient en baisse — une déclaration que CNN a ironiquement qualifiée de chute du « prix imaginaire de l’essence ». Selon lui, « trois États » auraient vu le gallon descendre à 1,98 dollar.

 

C’est loin de refléter la réalité, mais la question va bien au-delà. Certes, les prix de l’essence ont reculé par rapport à l’an dernier, mais ils grimpent depuis le début de l’année. D’un côté, il s’agit d’un phénomène saisonnier classique ; de l’autre, même si cette baisse semble favorable aux consommateurs, elle pourrait en réalité signaler de mauvaises nouvelles pour l’économie.

 


Où se situent les prix de l’essence ?

Selon le suivi des prix de l’essence de l’AAA, aucun État — pas même le District de Columbia — n’affiche un prix moyen de 1,98 dollar le gallon, même pour l’essence ordinaire. Au 4 mai 2025, le prix le plus bas enregistré était de 2,655 dollars le gallon, dans le Mississippi. Les sept États suivants affichaient des prix compris entre 2,713 et 2,787 dollars. Les six suivants se situaient entre 2,838 et 2,892 dollars. Neuf autres allaient de 2,923 à 2,995 dollars. Encore neuf États affichaient des prix entre 3,004 et 3,099 dollars, puis six entre 3,101 et 3,197 dollars. Cinq États affichaient des prix allant de 3,202 à 3,293 dollars. Deux affichaient respectivement 3,291 et 3,293 dollars ; un autre, 3,603 dollars. Deux États étaient à 3,802 et 3,897 dollars. Enfin, trois États culminaient à 4,258, 4,495 et 4,775 dollars le gallon. Les prix de l’essence de qualité intermédiaire, de l’essence de qualité supérieure et du diesel ont tous augmenté.

Pour mieux comprendre cette évolution, un graphique retraçant les prix hebdomadaires moyens de l’essence aux États-Unis entre le 20 août 1990 et le 28 avril 2025, issu de la base de données économiques de la Réserve fédérale de St. Louis, offre un aperçu historique utile.

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L’évolution des prix de l’essence aux États-Unis au fil du temps.
Source : Réserve fédérale de St. Louis

Mais attention : ce graphique peut prêter à confusion. Il montre une hausse marquée des prix en valeur nominale — c’est-à-dire sans ajustement pour l’inflation — donnant l’impression que l’essence coûte aujourd’hui bien plus cher qu’à toute autre époque. Or, si l’on corrige ces données à l’aide de l’indice des prix à la consommation de l’énergie, on obtient une vision plus fidèle : celle de l’évolution des prix en dollars constants. Voici ce même graphique, ajusté à l’inflation.

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Prix nationaux de l’essence ajustés à l’inflation.
Source : Réserve fédérale de St. Louis

Cela étant, le prix de l’essence reste une donnée cruciale pour des millions d’Américains. C’est souvent une dépense lourde, d’autant plus que le revenu médian des ménages a progressé beaucoup plus lentement que l’inflation au cours des 25 dernières années. Autrement dit, même si les prix à la pompe sont historiquement raisonnables en apparence, ils continuent de peser sur le quotidien de nombreuses familles.

 

Que signifient les variations mensuelles et annuelles du prix de l’essence ?

Il existe plusieurs manières d’analyser l’évolution des prix à la pompe, mais deux angles s’avèrent particulièrement pertinents ici : les fluctuations récentes et la comparaison sur un an.

D’un point de vue mensuel, les prix sont passés de 3,018 dollars le gallon en décembre 2024 à 3,121 dollars en février. Après une légère baisse en mars, ils sont repartis à la hausse pour atteindre une moyenne de 3,165 dollars. À titre de comparaison, en mai 2024, le prix s’élevait à 3,603 dollars. Donald Trump a donc raison de souligner une baisse sur un an — même si, là encore, elle est loin des niveaux qu’il évoque.

La récente remontée des prix s’explique par deux facteurs saisonniers bien connus. D’abord, l’arrivée des beaux jours rime avec une hausse des déplacements, ce qui tire naturellement les prix vers le haut. Ensuite, les formulations de l’essence évoluent au printemps : la législation impose davantage d’additifs pour limiter le smog et les émissions en été, comme le rappelle le site GasBuddy. À elle seule, cette transition peut faire grimper le prix de 15 cents par gallon, tandis que la demande accrue ajoute généralement entre 5 et 15 cents supplémentaires.

La baisse sur un an, en revanche, ne relève pas d’un cycle saisonnier. Elle traduit une dynamique économique plus large. Les marchés — et donc les prix — réagissent aux anticipations : plus les investisseurs et les acheteurs sont pessimistes quant à la santé de l’économie et à la demande d’énergie, plus les prix reculent.

Le revers de la médaille, c’est que cette baisse durable des prix de l’essence envoie un autre signal inquiétant : celui d’une économie en perte de vitesse.

 

Une contribution de Erik Sherman pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


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