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Tweets Falsifiés : Pourquoi Tombe-t-On Dans Le Panneau ?

tweets falsifiésGetty Images

Face à un avenir rempli de fake news, il est important de s’interroger sur la quantité de fausses informations en circulation aujourd’hui sans que celles-ci soient le fait de l’IA. Les plateformes de réseaux sociaux sont remplies de captures d’écran de publications faites sur d’autres réseaux sociaux, tels que les tweets, dont la plupart sont authentiques et dont l’intention est de mettre ce contenu à disposition sur d’autres plateformes, ou bien de conserver des commentaires polémiques éventuels dans le cas où la publication originale serait supprimée. Toutefois, parmi ces images d’archive authentiques, on trouve une myriade de tweets falsifiés, édités pour leur faire dire quelque chose de différent ou entièrement inventé. Tirant parti de la puissance des captures d’écran authentiques, ces tweets falsifiés peuvent facilement devenir viraux, ce qui soulève la question de savoir pourquoi nous tombons si facilement dans leur piège.

L’omniprésence des réseaux sociaux de nos jours, et en particulier leur utilisation par les élus comme outil de communication avec leurs électeurs, s’est transformée en une arme particulièrement puissante avec laquelle il est possible de propager rapidement des mensonges sur la toile. La priorité donnée en ligne à la vitesse plutôt qu’à la véracité pousse la plupart des utilisateurs des réseaux sociaux à partager et à commenter aveuglément des informations qu’ils rencontrent sur ces réseaux, sans prendre le temps de rechercher leur authenticité et leur contexte.

Le manque de maîtrise de l’information dans notre société a causé le remplacement du vieil adage de ne pas croire tout ce que l’on voit sur Internet par « voir c’est croire ». Une publication sous forme de texte clamant qu’une personnalité politique a tweeté quelque chose d’offensant ou ignorant est susceptible de rencontrer la résistance des utilisateurs, qui demanderont alors des preuves de ce qui est avancé. À l’opposé, partager une image trafiquée qui semble être une capture d’écran d’un tweet aura des chances de servir de preuve de la véracité de ce dernier pour la plupart des utilisateurs de réseaux sociaux.

Créer un faux tweet ne demande rien de plus compliqué qu’un programme d’édition d’images. En fait, pour les moins aguerris à cette technologie, il existe une multitude de sites internet et d’applications pouvant générer à la demande des tweets falsifiés de personnalités publiques, prêts à être partagés massivement.

Au-delà des élus, il est banal de falsifier un tweet d’un dirigeant d’entreprise pour déclencher un scandale qui peut influencer le cours de l’action d’une entreprise ou simplement choisir au hasard une personne pour la faire renvoyer et ostraciser. Bien qu’il y ait eu une recrudescence d’attention et de financement portés à la lutte contre les fake news, l’incapacité des plateformes de réseaux sociaux à éliminer des tweets falsifiés bien moins élaborés nous rappelle à quel point le grand public est prêt à croire tout ce qu’il voit en ligne.

Alors, que peuvent faire les plateformes sociales pour stopper la propagation de captures d’écran falsifiées ?

Un mécanisme relativement simple consisterait pour les plateformes à intégrer l’identifiant unique de chaque publication dans leurs interfaces visuelles standard. Par exemple, chaque tweet afficherait son identifiant unique quelque part dans sa disposition habituelle, imaginons en bas à droite.

Chaque image publiée sur un réseau social passerait alors par une reconnaissance optique de caractères (ROC), et les captures d’écran montrant des tweets seraient scannées pour trouver l’identifiant dudit tweet. Les captures d’écran ne comportant pas cet identifiant serait alors entourées de jaune et accompagnées d’une note informant l’utilisateur que l’identifiant du tweet manque et que ce dernier ne peut donc pas être vérifié. Si l’identifiant est bien présent, il sera alors vérifié par l’interface de programmation de Twitter afin de confirmer que son contenu correspond exactement à celui de la capture d’écran. Si un seul élément du texte ou des images a été changé, il sera alors entouré de rouge et accompagné d’une note indiquant qu’il a été falsifié. Seules les captures de tweet contenant un identifiant valide et dont le contenu correspond exactement au tweet original seront entourées de vert et certifiées authentiques.

Inclure l’identifiant dans la disposition visuelle de ces tweets rendrait plus efficace la vérification par ordinateur de leurs contenus, bien qu’il soit déjà possible même aujourd’hui de vérifier un tweet en utilisant la ROC sur son texte et en effectuant une recherche textuelle dans la liste de l’auteur supposé du tweet, ou bien de comparer toutes les images qu’il a postées avec celles de la prétendue publication.

Une solution de contournement simple que les propagateurs de fausses informations utilisent déjà aujourd’hui contre certains types d’empreintes d’images est de simplement encoder les images dans des GIF animés ou de brefs clips vidéo, puisque certains sites Web ne recherchent pas les images dactyloscopiques à l’intérieur de ce genre de contenu. Toutefois, la technologie de reconnaissance optique de caractères par vidéo s’est améliorée, à tel point qu’aujourd’hui elle est capable de scanner du contenu vidéo pour rechercher la présence des tweets présentés.

Authentifier les captures d’écran de prétendues publications sur des réseaux sociaux est de nos jours techniquement assez simple et extrêmement fiable avec l’utilisation de la ROC, et images comme vidéos peuvent être scannées. Le fait que peu de sites aient recours à cette technique aujourd’hui et que les publications falsifiées se propagent régulièrement et de façon virale en 2019 nous rappelle que, malgré la frénésie concernant notre futur monde « post-vérité » rempli de fake news, nous ne prenons même pas les mesures les plus simples et les plus élémentaires aujourd’hui pour contrer les formes les plus simplistes que prennent ces fausses informations.

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