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Tesla, Grand Ou Petit Acteur Du Marché Automobile ?

Source : Tesla

Tesla lancera dans les semaines à venir son abordable Model 3, mais selon certains analystes, la mise sur le marché de cette nouvelle gamme de voitures électriques aura du retard. Pire, elle ne sera pas rentable, et rapidement dépassée par ses concurrents allemands. D’autres ne sont pas d’accord et prévoient que Tesla deviendra le plus grand succès de l’histoire automobile.

L’analyste de Bernstein Research, Max Warburton, a déclaré que Tesla ne se présentait pas comme un acteur majeur et perturbateur de l’industrie automobile traditionnelle, notamment parce que la technologie qu’ils proposent est loin de leur être exclusive. Le fait que les Allemands ne se précipitent pas pour rattraper leur retard sur le Model 3 démontre potentiellement que le succès de cette gamme ne sera pas aussi incroyable qu’on pourrait l’envisager. Par ailleurs, si les industries allemandes cherchaient à « copier » Tesla, la qualité n’en serait que meilleure.

Ces remarques dépréciatives de Max Warburton ont été publiées dans un rapport faisant face à celui d’un collègue ayant travaillé sur le cas Tesla : Toni Sacconaghi. Cet analyste américain, travaillant lui aussi chez Bernstein et spécialisé dans le matériel informatique et les voitures électriques, pense que Tesla est un acteur majeur de l’industrie automobile, et qu’ils pourraient influer sur son futur. Notamment parce que dans les années à venir, la voiture électrique sera utilisée par énormément de personnes. Tesla devrait gagner de nombreuses parts de marché avec sa Model 3 et simplement son nom, déjà réputé dans le monde entier.

Tesla réalisera sans doute bien plus de profits que les constructeurs automobiles traditionnels.

« Tesla présente un profil de croissance unique, et possède une valeur appréciable au vu de ses ambitions », a déclaré Toni Sacconaghi.  

Pour l’analyste, Tesla a ouvert la voie d’un nouveau secteur automobile  – les véhicules électriques premium à haute autonomie -. Mais quatre ans plus tard, même en détenant 100% de ce secteur, l’entreprise continue de perdre de l’argent.

« Tesla ne perturbe pas vraiment le marché. La société n’a pas eu d’impact significatif sur l’industrie automobile traditionnelle, et n’innove pas assez vite pour faire pression sur des acteurs histoires de ce milieu ; ils n’ont pas inventé un produit qui rivalise réellement avec les voitures traditionnelles » a-t-il précisé.

  • Le secteur choisi par Tesla ne permet pas de faire beaucoup de bénéfices
  • Tesla ne possède pas une technologie claire en matière de batterie ou la conduite automatique. Ils vont devoir faire face à des concurrents redoutables en Europe
  • Le Modèle 3 va prendre du retard et ne permettra pas beaucoup de profits, a prédit l’analyste.

 

Source : Tesla

 

Tesla continue de perdre de l’argent et risque d’en avoir plus besoin que jamais, alors que le prix des actions continuent parallèlement à augmenter. Au premier trimestre, Tesla a perdu 17% de parts, pour une valeur de 330 millions de dollars. En 2016, à la même période, leurs ventes doublaient pour un bénéfice de 2,7 milliards de dollars. En mars, Tesla a recueilli un peu plus d’un milliard de dollars de ses actionnaires afin de financer la fabrication du Model 3, et il est peu probable qu’il s’agisse d’un fait unique.

Le Modèle 3, dont les prix étaient évalués autour de 35 000 dollars jusque-là, atteindront plus probablement les 45 000 dollars. Morgan Stanley a récemment prédit dans un rapport que seuls 3000 Modèle 3 seront livrés cette année, contre 90 000 l’année prochaine. Soit moitié moins que les prévisions d’il y a trois mois.

Tesla déclarait que la production du Modèle 3 atteindrait un taux annuel de 500 000 véhicules en 2017, et que la production globale – Modèle S, Modèle X et Model 3 -, qui atteindra 500 000 pièces en 2018, passerait à 1 million d’ici 2020. Cet objectif d’1 million serait atteint par l’ajout d’un Modèle Y, un SUV compact, probablement fin 2019, début 2020.

Morgan Stanley pense que ces prévisions ne sont pas réalisables et que Tesla atteindra seulement 500 000 commandes sur son Modèle 3 d’ici 2024, au plus tôt.

La société de recherche en investissement Evercore ISI est plus optimiste que Morgan Stanley. Dans un rapport, elle a déclaré attendre 280 000 commandes du Modèle 3 en 2018. Ainsi Tesla atteindrait son objectif de 500 000 véhicules fin 2019.

« En regardant les finances de Tesla et le prix que cela coûte pour faire des affaires, je trouve ça plutôt terrifiant et j’ai du mal à comprendre les ambitions de Tesla et ce que les gens attendent de cette société. J’ai du mal à comprendre comment les véhicules électriques se présentent comme une activité commerciale attrayante », a ajouté Max Warburton.

Max Warburton a, de plus, déclaré que les entreprises automobiles traditionnelles se demandaient pourquoi elles devraient imiter Tesla, alors que la plupart des véhicules produits actuellement se vendent autour de 100 000 dollars, et réalisent des marges brutes de 20 à 25%… quand les voitures de luxe allemandes réalisent des marges de 50%. Selon lui, Tesla est plutôt « irritant » que « perturbateur ».

Si le Model 3 réalise des ventes record, cela exercera une pression considérable sur une industrie déjà bancale, particulièrement en Grande Bretagne.

« Le réseau de vente et de service, du moins au Royaume-Uni, a déjà du mal à s’occuper des modèles actuels (le Modèle S et le Modèle X) en raison de tous leurs problèmes. Je ne sais pas comment Tesla va s’attaquer au déploiement du Model 3, et toutes les personnes à qui j’ai parlé au siège de Tesla en Grande-Bretagne ne savent pas non plus à quoi s’attendre. Beaucoup d’entre eux comptent même partir avant le lancement du Modèle 3, car il est trop stressant de travailler là-bas. Si la qualité du Modèle 3 est aussi médiocre que celle de ces prédécesseurs, le service après-vente va être confronté à des problèmes majeurs », a confié Max Warburton.

L’analyste possède une Tesla, mais n’a pas précisé quel modèle.

« Il y a des choses que j’aime à propos de ma Tesla, mais elle est difficilement aussi performante qu’une voiture à essence. L’autonomie est limitée, même avec une batterie de cette taille. La qualité est médiocre et je pense qu’au vu de son prix, elle n’est pas du tout un bon rapport qualité prix. Oui, elle est vraiment jolie et tout le monde, mais je ne pense pas qu’il s’agisse un seul instant d’un investissement intelligent ».

« Tesla prend un risque énorme et se positionne sur des plaques tournantes potentielles. Les garanties pour ci, pour ça… Ça me fait peur », a-t-il conclu.

Alors, qui a raison ?

Le professeur Ferdinand Dudenhoeffer, directeur du Centre de recherche automobile de l’Université de Duisberg-Essen, penche pour Tesla.

« Je suis fermement convaincu que Tesla sera la plus grande réussite de l’histoire automobile. Elon Musk (le PDG de Tesla) définit désormais les règles du jeu, et tous devront le suivre. Le leadership de Tesla en matière de voiture électrique lui assure une croissance dynamique, et la société est également en avance sur la recharge, les batteries, la modernisation de la vente au détail. Je suis persuadé que Modèle 3 sera un succès et qu’avec le Modèle Y, dans 5 à 7 ans, Tesla enregistrera des ventes annuelles de plus d’1 million de véhicules. »

Pourquoi n’existe-t-il pas de rival allemand au Model 3 ? Est-ce parce que les constructeurs automobiles ne voient pas de marché pour un véhicule de cette envergure ?

« Non. C’est simplement parce qu’ils sont longs à la détente. Le fond du problème c’est que les Allemands sont trop en retard et lents face à Elon Musk », a-t-il déclaré.

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