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Le Talent Gap En Hypercroissance Dans Les Start-Up

©Getty Images

L’Equity Gap (appelé aussi la “vallée de la mort”), phase entre le capital-amorçage et le capital développement, est désormais comblé en France. Force est de constater que les efforts réalisés par les pouvoirs publics et l’ensemble des acteurs privés ont porté leurs fruits. Selon CB Insight, les montants investis dans les start-up en France sont ainsi passés d’une moyenne de 600 M$ à plus de 2 100 M$ en 2016 pour dépasser – selon leurs projections – les 3 500 M$ en 2017[1].

Ce triplement de volume permet à la France de se hisser à la deuxième place en Europe et de titiller le Royaume-Uni. Côté investisseur ou entrepreneur, le sentiment n’est plus vraiment que l’argent manque, bien au contraire !

Malheureusement, ce Gap cède la place à un autre : le Talent Gap. Il est sa suite logique. Désormais capables de lever des montants de 5 M€ à plusieurs dizaines de millions d’euros en série A et B, les start-up doivent maintenant déployer cet argent. La plupart prévoient dans les 18 mois qui suivent un tour de financement de recruter des dizaines de profils spécialistes. Il y a le cas des développeurs mais pas seulement. Par exemple, pour les modèles du type Saas (Software as a Service) les profils commerciaux ou marketing expérimentés sont rares. Pour les profils tech, la cause principalement avancée est la formation ; ce qui a d’ailleurs suscité la création de l’école 42 par Xavier Niel.

En revanche, pour les profils non-tech, il s’agit davantage d’une maturité de l’écosystème. En France, contrairement aux Etats-Unis, ces modèles émergent depuis quelques années seulement. Avec des succès comme Salesforce, Hubspot ou Zendesk, les Etats-Unis ont formé et aguerri des cohortes de commerciaux dans le Saas qui sont maintenant disponibles pour des sociétés plus jeunes. Les modèles Saas et les Marketplace mais aussi les secteurs de l’Adtech ou de l’IA font donc face à des enjeux similaires.

Le recrutement est donc un sujet critique

Aujourd’hui plusieurs armes sont utilisées par les dirigeants. Le salaire est évidemment la première. Mais ce n’est pas la seule. Index et Balderton ont récemment chacun publié un rapport sur la nécessité de mettre en place des plans d’entrée au capital des salariés pour retenir les profils clés. Au-delà des seuls enjeux financiers, la marque employeur, l’environnement de travail deviennent des leviers d’attractivité, en particulier pour la génération des millennials.

Les VC ont intégré ce risque : c’est la raison pour laquelle dans leur thèse d’investissement, ils évaluent la capacité du dirigeant d’attirer et retenir les meilleurs talents. La pertinence et le cadencement du plan de recrutement sont également des sujets de discussion pendant la levée de fonds. Certains fonds VC comme Kerala ont internalisé cette compétence au profit des start-ups qu’ils accompagnent. Enfin, plusieurs start-ups ont profité de cette douleur croissante pour créer un service adapté. On peut citer par exemple Talent.io, plateforme de recrutement de profils techs mais aussi Welcome To The Jungle qui offre aux recruteurs un espace media et un job board.

La guerre des talents pour les start-up s’inscrit dans un cadre plus global. Comme le rappelle Laetitia Vitaud dans un récent article[2], la guerre des talents s’amplifie à tous les niveaux (start-up, PME, Grands Groupes). Pour les start-up cette lutte est d’autant plus dense que le recrutement doit être rapide et efficace pour atteindre les objectifs de croissance fixés par le business plan.

Tout comme l’Equity Gap, le Talent Gap se comblera petit à petit jusqu’à la maturité de l’écosystème. Les succès de Doctolib, AB Tasty ou Synthesio par exemple, consolideront la formation d’une nouvelle génération face aux enjeux techniques, opérationnels, marketing ou commerciaux propres à ces nouveaux modèles. L’impulsion de l’Etat pour aider les profils internationaux à s’installer en France sera également nécessaire : le Passeport Talent[3] et l’allégement des contraintes fiscales sur les outils d’intéressement des salariés (en particulier les Actions Gratuites)[4] sont de premiers pas positifs.

[1] https://www.cbinsights.com/research/report/french-tech-q3-2017/

[2] https://medium.com/futur-du-travail/freelancing-et-management-repenser-lacc%C3%A8s-aux-talents-95abb4c01c2a

[3] https://www.forbes.fr/entrepreneurs/viva-technology-lancement-french-tech-visa-attirer-talents-etrangers/

[4] https://www.lesechos.fr/12/09/2017/lesechos.fr/030552574711_nouveau-revirement-sur-la-fiscalite-des-actions-gratuites.htm

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