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« Sharing Economy » : Le Web Crée-T-Il Un Lien Social D’un Genre Nouveau?

Cette nouvelle forme d’économie, aussi appelée « économie collaborative », connaît un succès 2.0 particulièrement enthousiasmant. Dans le cadre de ce nouveau paradigme, le web devient une interface permettant de mettre en relation directe les particuliers. 

L’objectif est simple : pouvoir échanger, louer, vendre, se déplacer, se loger ou encore réaliser un don en quelques clics. Mettons des « visages » sur cette nouvelle donne, les protagonistes de cette nouvelle économie sont Airbnb, LeBonCoin, Uber, Blablacar (cocorico, notre seule licorne!) ou encore Couchsurfing. Il y en a donc pour tous les goûts, et surtout, pour toutes les bourses. La grande question est liée à la nature du « lien » que cette mutation propose : s’agit-il d’un retour vers plus d’authenticité ou simplement une recherche de bons plans permanents?

Intérêts et objectifs de l’économie collaborative

Cette nouvelle forme de coopération entre les particuliers permet, avant tout, de prêter/louer/vendre des biens sous-utilisés (plateformes permettant de vendre ses objets), d’éviter une certaine forme de gaspillage, et, de « mutualiser » toutes formes d’objets et de services (co-voiturage par exemple). 

Certains particuliers en tirent d’ailleurs certains revenus qui sont (déjà) dans le viseur de Bercy (notamment concernant les vendeurs sur LeBonCoin)…mais, cette taxe sur les ventes d’occasion est un autre sujet (mise en place d’une flat tax?)! 

Selon moi, hormis quelques cas isolés, il s’agit uniquement d’une large majorité qui souhaite mettre un bien/service au profit d’une personne ou d’un groupe qui en a besoin…Blablacar est le meilleur exemple, même si certains ont transformé ce service en véritable business, l’objectif premier est de partager les frais en allant d’un point A vers un point B (petit bonus : en plus, ce service limite l’empreinte écologique).

Les cas Airbnb et Uber

Concernant Airbnb, le cas est plus complexe, car le « panier moyen » est très élevé (il ne s’agit pas ici de vendre son vieil appareil photo), et, les abus ont été nombreux de la part des agences comme des particuliers multi-propriétaires. Dans tous les cas, les taxes existent déjà (taxe de séjour, déclaration des revenus générés,…). 

Certains disent que Airbnb compense la pénurie d’hôtels tout en permettant aux touristes peu fortunés de se loger, mais, comme pour « Uber versus les taxis », il y a une forme de concurrence déloyale. La qualification de « salarié » ou « chauffeur indépendant » est valable, ce qui n’est pas le cas pour les vendeurs chez PriceMinister ou LeBonCoin qui ne sauraient être re-qualifiés de « vendeurs indépendants ». Cela n’empêche pas les hôteliers comme les chauffeurs de taxi d’améliorer la qualité de service et de baisser leurs tarifs…

Les Français et l’économie de partage

Différentes études évoquent l’intérêt des Français pour cette nouvelle forme de partage. En effet, plus de 95% des Français ont déjà utilisé au moins 1 fois un tel service. Ce « score » est d’ailleurs particulièrement élevé pour des services encore très « jeunes », preuve que le courant passe entre les particuliers

Soulignons que l’hexagone n’est autre que le deuxième marché le plus important pour Airbnb, et, que Paris est également la médaille d’argent des villes les plus utilisatrices de l’application Uber (en Europe)! La multiplicité de l’offre est également à l’honneur puisqu’il est même possible de partager ses loisirs, ses tâches ingrates (TaskRabbit) et que son appartement peut devenir un espace de coworking!

L’heure est d’ailleurs encore à l’enthousiasme sans limite puisque la fréquence d’utilisation des services de l’économie collaborative va s’intensifier dans les 12 mois qui arrivent. Sans surprise, les 18-24 plébiscitent les services de co-voiturage et de colocation alors que les CSP+ sont friands de Airbnb et Uber. Soulignons que les prévisions sont au beau fixe : multiplication du chiffre d’affaires par 20 dans les 10 ans à venir.

Certaines études montrent également que cet appétit pour le collaboratif est intimement lié à une volonté d’encadrement. Autrement dit, le gouvernement Philippe va devoir légiférer pour rassurer les utilisateurs et accompagner ce pan économique qui prend de l’ampleur.

Et le lien dans tout ça?

En premier lieu, je voudrais juste insister sur le fait que le web n’a pas tout inventé, au mieux, il rationalise et optimise. Le co-voiturage est le fruit de l’auto-stop, la colocation a toujours existé, et, Uber est un service de taxi géo-localisé. À ce titre, l’adjectif « économie disruptive » est un peu galvaudé….non? 

Quoi qu’il en soit, ces plateformes permettant de « mettre en contact », et donc, de générer des rencontres, des échanges et des découvertes. Que ce soit le temps d’un trajet, le temps d’une livraison « en main propre » ou le temps d’un échange de clé, un certain lien se crée, et ce, au-delà de celui entre l’offre et la demande.

Plus que jamais, l’économie qui se développe se recentre clairement sur le local. Lors de l’émergence du web, nous fûmes alpagués par la possibilité d’acheter un bien à l’autre bout du monde. À présent, le service devient plus personnalisé, plus proche et plus réactif. En ce sens, il doit être dans sa zone géographique, et si possible, dans son quartier! Selon moi, il s’agit d’un lien de socialisation évident : ce sont juste les vecteurs qui sont plus variés, les lieux et les formes d’échange ont structurellement changé, voilà tout.

De véritables écosystèmes peuvent ainsi voir le jour, car les « petits » services sont rendus par « un voisin ». Au sein de cette économie, il y a encore des pans entiers à développer, notamment, un cas parmi d’autres, les services dédiés aux seniors…Dans ce cas, le lien social 2.0 permettrait de rompre la solitude des personnes âgées (excellente source à lire). « Sharing economy », un monde où tout le monde est gagnant?

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