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Réalité Augmentée : Réinventer Notre Rapport A L’Art

réalité augmentéeCrédit : Flickr

L’art a pris relativement tard le train de la révolution numérique. Les gens sont habitués à associer valeur de l’art et vision en personne, d’où le fait que nombre de musées et de galeries comptent encore aujourd’hui sur des expositions spéciales pour garantir une grande partie de leurs revenus. Désormais, beaucoup misent sur la réalité augmentée.

Lorsque sa plateforme a été lancée, Chris Thorpe, cofondateur d’ArtFinder, a déclaré au Guardian que « l’accent mis sur l’histoire de l’art et les instituts a brisé l’expérience viscérale et émotionnelle de l’art que l’on peut ressentir. Cette expérience et cette excitation devraient vous permettre d’en savoir plus et d’approfondir votre engagement ».

Artfinder a designé un catalogue numérique consultable, de style IMDB, référençant des centaines de milliers de peintures, de sculptures et de médias d’art. Le site propose également des essais sur des artistes, des œuvres d’art ainsi que des mouvements artistiques, ce qui en fait une source de référence non seulement utile mais aussi gratuite, afin de découvrir l’art ; tandis que son côté « social » ouvre de nouvelles possibilités pour apprécier l’art. Il vous permet ainsi de virtuellement collecter et partager vos œuvres d’art préférées, et lorsque les utilisateurs créent un profil qui reflète leurs goûts, le système génère des recommandations personnalisées qui pourraient leur plaire.

Thorpe pense que cette option de recommandation, lorsqu’elle est combinée avec la géocalisation, ajoute un élément crucial de sérépendité en matière de découverte d’art, et qu’elle maintient une connexion physique au monde réel, crucial pour pouvoir émotionnellement se connecter à une œuvre d’art.

« Cela signifie que si vous vous trouvez à Gateshead, l’application ArtFinder peut vous recommander d’aller au Baltic. Nous pouvons également vous suggérer d’aller voir le Starry Night de Vincent Van Gogh, si vous êtes de passage au Moma ».

Améliorer les expériences

Cependant, pour le PDG d’Artivive, Codin Popescu, l’élément expérientiel sera toujours au cœur de la façon dont les gens apprécient et traitent les œuvres d’art. La clé, croit-il, est d’utiliser des technologies immersives telles que la réalité augmentée afin d’ajouter de manière transparente des éléments numériques à ces expériences existantes et bien aimées, les rendant plus riches et plus accessibles.

Ils souhaitent devenir la solution incontournable pour les artistes, les galeries et les créateurs et changer la façon dont l’art est créé et consommé, tout en construisant une communauté et un mouvement autour de l’art de la réalité augmentée.

Forbes a rencontré Popescu à la conférence des Pionniers à Vienne en mai, où Artivive a remporté la catégorie « Meilleure startup autrichienne » dans la compétition tenue pendant l’événement. Il a déclaré que bien que sa société n’ait été fondée qu’en 2017, elle avait déjà accumulé plus de 60 000 téléchargements, les utilisateurs consacrant ainsi 1,3 million de minutes à l’art, via l’application. Au cours de la dernière année, plus de 2 000 artistes de 65 pays ont utilisé la plateforme, soutenant plus de 100 expositions et plus de 5 millions d’œuvres d’art originales.

« Pour qu’un artiste crée en réalité augmentée, il lui a fallu construire ses propres solutions, ce qui nécessitait des compétences techniques et des ressources. Mais ces artistes peuvent désormais faire voyager les visiteurs dans le temps et expliquer ce qui se cache derrière, montrez comment les œuvres ont été faites. Pour les musées, les expositions, les galeries et autres institutions artistiques, cela offre un moyen nouveau et innovant pour le public d’interagir avec les expositions ».

Jusqu’à présent, ils ont travaillé avec plusieurs des meilleurs musées d’Autriche et particulièrement à Vienne, tels que le Belvedere et le MAK –le musée autrichien des arts appliqués/d’art contemporain- ainsi que de nombreux sites internationaux.

Pour le Musée Albertina de Vienne, ils ont également créé du contenu numérique pour l’exposition « Film Stills » et intégré des expériences RA à la collection permanente, « Monet to Picasso ».

Un des exemples dans lesquels cela a déjà changé l’expérience de la galerie d’un visiteur est qu’au lieu des énormes guides audio obsolètes sur lesquels les galeries comptaient traditionnellement jusque-là –et auxquels beaucoup sont encore attachés- les visiteurs peuvent désormais naviguer dans des expériences personnalisées multi-sensorielles, sur leurs propres appareils mobiles.

Que Artivive ait réalisé en un temps record un chiffre d’affaires de plus de 150 000 euros témoigne également du potentiel de monétisation de la technologie, tout comme le fait que les principales plateformes prennent délibérément des mesures pour soutenir le secteur. À l’occasion de l’édition de Google I/O de cette année, par exemple, l’une des démos les plus populaires est venue illustrer comment ARCore pouvait être utilisé afin d’enrichir les œuvres d’art en 2D et en 3D.

Faire le lien entre physique et numérique

« L’art est au sommet de la pyramide du luxe », explique Sebastian Cwilich, co-fondateur d’Artsy, une plateforme en ligne créée en 2012 afin de découvrir et de collectionner l’art, qui a récemment lancé une fonctionnalité RA permettant aux utilisateurs de « collectionner » virtuellement des œuvres d’art à partir de leur base de données de près d’un million d’œuvres d’art, sur leurs propres murs. En aidant les acheteurs à visualiser les pièces dans leur contexte, ils surmontent l’un des principaux défis de l’achat d’art en ligne : ne pas être en mesure de voir le travail en personne.

Les digital natives interagissent différemment avec le marché de l’art, car la technologie permet de se procurer des matériaux à partir d’une base de données pratiquement infinie, sans restriction géographique.

Le Hiscox Online Art Trade Report de cette année a par ailleurs révélé que le marché de l’art en ligne élargissait l’intérêt des acheteurs pour la collecte croisée et que le commerce mobile prenait de l’ampleur.

La plateforme alimentée par Blockchain Maecenas, par exemple, associe les propriétaires d’art avec les investisseurs, en augmentant la transparence et en réduisant les coûts. Fondamentalement, il démocratise le processus en permettant aux petits investisseurs d’acheter une part fractionnée en pièces d’une valeur de 1 million de dollars ou plus.

Magnus, l’application qui se présente elle-même comme le « Shazam de l’art » ajoute à cette notion de transparence, en permettant aux utilisateurs de prendre une photo de n’importe quelle œuvre et de trouver instantanément des informations telles que titre, nom de l’artiste, prix et historique de l’exposition. Fondée en avril 2016 par l’entrepreneur allemand Magnus Resch, elle a réussi à attirer des investissements de Leonardo DiCaprio, mais a également été confrontée à de graves problèmes, car de nombreuses galeries l’ont accusé d’avoir essentiellement volé leurs données sous de faux prétextes. Ce protectionnisme et les zones grises autour des droits d’utilisation de l’image expliquent peut-être le progrès quelque peu plus lent de la technologie basée sur l’art, par rapport aux autres industries créatives.

En fin de compte, quelle que soit la combinaison de technologies, même la plus perturbante pour les pratiques enracinées de la production et du marketing artistiques, l’industrie de l’art doit trouver les moyens d’engager la prochaine génération d’acheteurs. Et ce sont des gens qui doivent être atteints dans leur propre territoire –qui sera forcément numérique plutôt qu’analogique.

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