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Nouvelle Economie et Fracture Numérique

La fracture numérique reste une préoccupation. Le phénomène d’ « ubérisation » dans certains secteurs pose à nouveau la question de ‘jobs’ précaires, comme en son temps, les ‘call centers’ exploitant des jeunes, vite qualifiés de prolétaires des temps modernes. Il y a 10 ans, un certain Joël de Rosnay avait « inventé » le ‘pronétariat… Que dit aujourd’hui un autre « agitateur de neurones» – Jacques Attali?

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Le néologisme « pronétariat » – incluant le phonème ‘Net’ – est apparu dans un ouvrage du chercheur Joël de Rosnay en 2006. Il était déjà question de fracture numérique, c’est-à-dire d’écart flagrant entre ceux qui maîtrisent l’économie digitale et les oubliés de la transformation numérique – les « pronétariens » – allusion directe aux travailleurs prolétariens.

«C’est une nouvelle classe d’usagers des réseaux numériques capables de produire, diffuser, vendre des contenus numériques non propriétaires en s’appuyant sur les principes de la « nouvelle économie », Ils s’opposent aux « infocapitalistes », écrivait alors le scientifique.

Les accros du Net sont, on le sait, à l’origine des flux importants de visiteurs sur le Web, qui savent tirer parti des accès gratuits, utiliser des services très personnalisés, à bas prix, etc. Ce sont les « pro-ams », c’est-à-dire professionnels amateurs, utilisateurs d’outils analogues à ceux des professionnels et facilement accessibles sur Internet.

Ce sont donc les internautes assidus, ‘blogueurs’…  citoyens comme les autres, mais qui entrent de plus en plus en compétition avec les « infocapitalistes » traditionnels, « auxquels ils ne font plus confiance, pour s’informer, écouter de la musique, regarder des vidéos, lire des livres ou communiquer par téléphone, cela en raison des coûts trop élevés des produits et services proposés et de leur accès difficile pour les moins favorisés. »

Réseaux de connaissances et wikis

Une sorte de lutte des classes se serait établie entre ceux qui détiennent contenus, médias et réseaux de diffusion de masse, et ceux qui essaient d’y accéder par divers détours ou réseaux de connaissances partagées (cf. les wikis, la communauté du Libre, etc.).

« La production massive et collaborative par ce nouveau pronétariat, selon Joël de Rosnay, représente une révolution aussi importante que celle du début de l’ère industrielle symbolisée par la machine à vapeur, puis par la mécanisation et l’automatisation intensives ». Aujourd’hui, grâce aux nouveaux outils de pouvoir des « pronétaires », s’appuyant sur le numérique et l’Internet, « cette révolution est encore plus rapide et prend de court les pouvoirs en place. Certes, “l’empire contre-attaque”, mais avec des moyens répressifs, juridiques, ou de propagande médiatique, inadaptés. »

Avec les « pronétaires », les échanges se passent « de bas en haut »: libres, ils échangent ce qu’ils veulent, contribuent à leur goût, sans être soumis à une autorité quelconque. « En s’unissant avec cohérence et intelligence, [ces utilisateurs] pourraient créer un contre-pouvoir ou une « intelligence collective ».

A l’heure de la désintermédiation

Qu’en est-il aujourd’hui, à l’heure des vastes pétitions sur le web (Avaaz, SumOfUs…) et à l’heure de la désintermédiation, ou ‘ubérisation’, entre acheteurs / consommateurs et fournisseurs de services?

Selon l’universitaire Sylvie Constant (« La révolte du pronétariat : 10 ans après« , Université d’Ottawa, Ontario: ), « une nouvelle démocratie est en train de naître, issue des nouvelles technologies ou médias des masses, inventée par des « citoyens du monde ». « Ni les médias traditionnels, ni les politiques n’en comprennent vraiment les enjeux », affirme-t-elle.

Elle cite par exemple les nouvelles formes de journalisme qui ont pris place : le journalisme citoyen, ces ‘observateurs’ freelance, quasi anonymes qui peuvent être témoins d’évènements, avec, cependant, le risque de la « désinformation, infopollution ou surinformation ». Ce qui implique de faire ce que Joël de Rosnay appelle une « curation des données »

Ces prédictions se sont vérifiées s’agissant de l’avènement d’une solidarité et d’une prise de conscience mondiale via les média sociaux, par exemple lors d’évènements tragiques comme la découverte d’un jeune migrant retrouvé noyé sur une plage de Turquie (Aylan) ou les récents attentats de Paris.

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