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Après #MeToo, #UsToo Enflamme Internet

Crédit : Getty Images

Cette semaine, le producteur américain déchu Harvey Weinstein a à nouveau fait la Une de l’actualité, alors qu’il s’est rendu de lui-même à la police de New York. Le mouvement #MeToo, lancé sur les réseaux sociaux au début de l’affaire, a de nouveau fait parler de lui. En moins de 24 heures, 4,7 millions d’utilisateurs de Facebook, à travers le monde entier ont commenté et réagi aux nouveaux rebondissements en utilisant ce hashtag et un petit nouveau : #UsToo.

Il ne fait aucun doute que le mouvement  #MeToo a énormément fait dans la longue marche vers l’égalité entre les sexes. Mais est-ce réellement suffisant ? À la lumière de l’arrestation d’Harvey Weinstein, il est venu l’heure de réfléchir plus en profondeur à cette question.

Le hashtag #UsToo est apparu en réponse aux « discriminés » du mouvement #MeToo. Selon Sophia Nelson, #UsToo ne vise pas qu’à raconter les histoires de harcèlement sexuel mais à « partager des histoires de violences perpétrées à cause de la race et des stéréotypes sur le lieu de travail ». Cela met ainsi en lumière une certaine limite dans le mouvement #MeToo. Nous devons aller plus loin, pour atteindre une véritable égalité entre les femmes et les hommes, de tous les horizons. Et voici pourquoi.

Une couverture médiatique axée

La couverture médiatique du mouvement #MeToo a été très axée sur les célébrités féminines. Mais qu’en est-il des femmes dans l’ombre ? Qu’en est-il des hommes qui sont aussi, parfois, des victimes ? Qu’en est-il de celles et ceux qui passent encore sous silence les violences qu’ils ont subi, par peur, par traumatisme ?

Comme l’a si bien dit la féministe intersectionnelle Audre Lord : « Je reconnais que mon pouvoir ainsi que les oppressions que j’ai subies résultent autant de ma couleur de peau que de ma féminité, mes luttes sur ces deux front sont alors insécables ». Le mouvement #UsToo est un appel à ouvrir les yeux. Il est grand temps pour nous de nous demander si nous sommes réellement aussi inclusifs que nous le prétendons, et si nous n’accordons par plus d’intérêt à certaines voix plutôt qu’à d’autre.

Un fossé numérique

Des millions de personnes ont tweeté sur le hashtag #MeToo, et des centaines de milliers d’autres ont fait de même mais en ayant cette fois recours au #UsToo. Mais ces chiffres sont ridicules, minuscules, si l’on considère qu’à travers le monde, 4,4 milliards de personnes n’ont pas accès à Internet, et que là aussi, une différence entre les sexes existe puisque la proportion de femmes utilisant le web est inférieure à 12 % par rapport à celles des hommes.

Le harcèlement et les agressions sexuelles sont des réalités, bien vivantes, pour beaucoup de personnes, mais cela frappe certains groupes plutôt que d’autres : les mariages forcés, les zones de guerre et d’occupation où les mutilations génitales sont monnaie courante. Beaucoup de ces victimes ne sont pas en mesure de s’exprimer sur le cyberespace. Aborder le fossé numérique entre les sexes est ainsi essentiel pour que tout mouvement social ait un réel impact mondial.

Mais après ? 

Les médias sociaux sont une excellente plateforme de sensibilisation et d’expression… Mais que se passe-t-il après ? C’est formidable, de voir des fonds comme le Times Up Fund être mis en place, de voir que le procès Weinstein va bel et bien avoir lieu. Les analystes des mouvements sociaux comme Gerbaudo soutiennent que, par exemple, le Printemps Arabe n’aurait jamais été aussi efficace sans les manifestations dans la rue. Une autre chercheuse, Judith Butler, affirme que « pour que la politique prenne place, le corps doit apparaître ».

Le mouvement #UsToo offre une place à des personnes d’horizons différents, et tient compte de l’action hors-ligne. Peut-être que l’arrestation d’Harvey Weinstein marque enfin le bon moment pour nous de réfléchir à ce que les mouvements #MeToo et #UsToo ont soulevé, et de reconnaître qu’il reste encore beaucoup à faire dans la marche vers l’égalité des sexes.

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