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Le marché de l’IoT Français en plein renouveau ?

Depuis plusieurs mois, le monde de l’IoT français est en proie aux évolutions. Les déboires de Sigfox et l’annonce de l’arrêt du support de la technologie LoRa par Bouygues Telecom ont fait grand bruit. Ces deux événements, en apparence bien distincts, pourraient laisser à penser à une fragilisation générale de la filière IoT Française, mais il ne s’agirait là que d’affabulations.

 

On peut en réalité voir que ces deux opérateurs ont misé sur une approche similaire lors de leur lancement. Ils ont investi massivement, avec l’ambition de proposer un écosystème de connexion complet et capable de répondre à l’ensemble des besoins clients, via deux technologies LPWAN (longue portée, basse consommation) différentes. Des années plus tard, la dissonance entre la promesse initiale et la réalité terrain peut expliquer l’aspect déceptif ressenti sur le marché et les péripéties qui l’accompagnent. En parallèle, de nombreuses collectivités ont investi dans leur propre réseau de collecte longue distance et basse consommation à travers LoRa et les offres de ses partenaires. Ces facteurs concomitants ont contribué à mettre en péril les business modèles d’entreprises telles que Sigfox.

 

L’IoT, un marché mature mais une offre fragmentée 

 

Nous observons aujourd’hui un marché français de l’IoT arrivant à maturité. Après plusieurs années de preuves de concept (PoC), les clients souhaitent des projets clé en main, démontrant des bénéfices tangibles, une maîtrise des coûts et une pérennité. Il devient de fait important de démontrer la capacité de mise à l’échelle. Les preuves de concept ne doivent être qu’un levier, et non une finalité. Peu de fournisseurs sont aujourd’hui en mesure de répondre à ce besoin des clients, et c’est exactement ce qu’il manque au marché pour passer à la prochaine étape.  

 

Le marché LPWAN français se concentre autour d’offres portées par trois acteurs nationaux, deux d’entre eux misant sur le réseau LoRaWAN et le troisième sur son propre réseau (Sigfox). Il en résulte une cannibalisation, peu propice au développement fiable de la filière. Mais la problématique ne s’arrête pas aux frontières françaises, nous remarquons également à l’international une fragmentation des offres LPWAN, résultant en une adoption plus lente, non à la hauteur des attentes et espérances du marché. Le nombre de projets augmentent plus lentement que ce qu’on pourrait imaginer, ce qui explique les difficultés que le secteur rencontre actuellement. Trop d’opérateurs étaient présents sur le même créneau, entraînant une cannibalisation certaine, dont les actualités Sigfox et Objenious sont simplement des symptômes.

 

Trouver un business modèle fiable pour l’IoT et les réseaux LPWAN

 

A présent, le challenge est de démontrer un véritable retour d’expérience pour convaincre les clients et pousser à l’adoption de projets de grande envergure. Les territoires connectés, parfois désignés par l’appellation généralisée de Smart Cities, sont les projets les plus prometteurs pour les réseaux LPWAN du fait des nombreux cas d’usage et applications possibles. Mais, au lieu de se concentrer sur les infrastructures uniquement, les fournisseurs LPWAN gagneraient à se concentrer sur les cas d’usages digitaux et les possibilités de valorisation des résultats de mesure, voire de monétisation, liées aux nombreux capteurs et objets connectés en place.

Malgré leur intérêt certain, les projets de territoires connectés se confrontent à une problématique : ils sont portés par des organismes publics, avec des cycles de décisions très longs. Pour pouvoir fiabiliser leur positionnement sur ce marché et se développer à un rythme soutenu, les acteurs IoT doivent miser sur les cas d’usages gérés par des entreprises privées. Cela permettra de démontrer un retour sur investissement concret, dans des applications spécifiques aux secteurs de la “smart building” ou encore à celui de la “smart industry”.

Le réseau LoRaWAN a démontré sa capacité à connecter l’ensemble des cas d’usage, privés et publics, intervenant dans une logique de territoire connecté, en intégrant une bonne gestion de la confidentialité et du chiffrement de la donnée, avec une sécurité gérée sur l’ensemble de la chaîne de collecte. De plus, le réseau s’affiche comme pérenne, avec une durabilité des connectivités s’exprimant en dizaines d’années, là où le LTE-m et le NB-IoT peuvent, comme leurs prédécesseurs cellulaires, vivre sur des cycles plus courts de 5 à 10 ans. Le désengagement d’un des opérateurs nationaux sur le LoRaWAN montre bien que le rythme de changement d’un acteur des télécommunications est bien plus rapide que le besoin des collectivités pour certains équipements, qui ne sauraient être renouvelés dans ces durées.   

 

Depuis fin 2021, l’International Telecommunications Union a reconnu le réseau LoRaWAN en tant que standard, renforçant ainsi le développement de cette technologie ayant déjà séduit de nombreux professionnels. L’ultra basse puissance et la brièveté des messages envoyés induisent la possibilité d’une frugalité élevée, propice à l’utilisation d’IoT peu énergivores et peu coûteux. Cette technologie est aujourd’hui largement utilisée à l’international et prodigue une couverture de vastes territoires, aux côtés de réseaux comme Sigfox et des nouvelles technologies NB-IoT / LTE-M.

 

Les chamboulements que nous connaissons actuellement sur le marché de l’IoT est également l’occasion idéale de faire un état des lieux, de repenser les business modèles et d’accélérer l’adoption en utilisant les solutions les plus appropriées pour conjuguer frugalité, autonomie énergétique, coût et capacité à délivrer les données attendues pour la qualité de service requise.

 

Tribune par Bruno Hamamlian, Directeur Unité Data4Business chez Birdz

 

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