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Laurence Lafont (Microsoft France) : « L’Intelligence Artificielle Est Notre Principal Défi De L’Année »

© Microsoft France

Après avoir fourbi ses armes chez Nokia ou encore chez l’américain Oracle, Laurence Lafont dirige depuis la fin 2016, la division Marketing & Opérations (M&O) de l’américain Microsoft, entité au sein de laquelle les projets sont légion. Intelligence artificielle, pilotage opérationnel, groupes produits… Laurence Lafont revient, pour Forbes France, sur les principaux challenges de l’année à venir. 

Vous êtes directrice marketing et opérations et pilotez la stratégie globale de la filiale et l’ensemble du portefeuille des marques. Pouvez-vous nous délimiter vos prérogatives et esquisser les contours de votre mission, vous qui occupez ces fonctions depuis septembre 2016 ?

Ma mission s’articule aujourd’hui autour de deux piliers. Le premier est le « volet Opérations » où mon rôle consiste à travailler au quotidien sur le pilotage opérationnel de la filiale, définir les grandes priorités en termes d’engagements avec nos clients et tracer les grandes lignes de notre collaboration avec les différentes divisions du groupe. J’ai également une équipe qui se charge d’analyser les tendances marché, les évolutions, ainsi que le positionnement de nos concurrents.

Concernant le deuxième volet, le pilier « marketing », je manage aujourd’hui les équipes en charge de nos différentes lignes de produits. Cela comprend par exemple Windows et la gamme Surface, les offres Cloud telles que Office 365 sur la communication et la collaboration, Dynamics365 qui intègre le CRM et l’ERP, et la plateforme Microsoft Azure et son infrastructure de cloud intelligent qui permet de tirer le meilleur parti de l’Intelligence Artificielle.

Concernant plus spécifiquement ce dernier point, vous évoquiez également dans un précédent entretien que « l’enjeu avec l’intelligence artificielle n’était pas la technologie en tant que telle mais de démontrer les nombreuses possibilités qu’elle offre ». Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Notre ambition est de démocratiser l’intelligence artificielle. L’idée est de rendre l’IA accessible au plus grand nombre via notamment notre assistant personnel Cortana que nous nous efforçons de rendre disponible auprès de tous les écosystèmes. Aujourd’hui, Cortana est disponible sur iOS et Android aux Etats-Unis, et bien évidemment sur Windows 10. Nous avons aujourd’hui 133 millions d’utilisateurs pour Cortana à l’échelle mondiale. Nous sommes convaincus que les interfaces naturelles vont se multiplier pour interagir avec les ordinateurs. 

Pour en revenir à cette notion de démocratisation, nous avons récemment noué un partenariat avec Harman Kardon (célèbre notamment pour ses équipements audio) afin d’intégrer Cortana dans des enceintes audio pour le domicile. Dans un autre domaine, nous travaillons aux côtés de Renault-Nissan pour le développement de la voiture connectée : Cortana devient le copilote intelligent du véhicule. On peut lui dicter une adresse ou un mail ou prendre un rendez-vous, mais aussi bénéficier de son intelligence prédictive pour éviter les embouteillages avec une carte mise à jour en permanence, identifier des bornes de recharge au bon moment pour les véhicules électriques, anticiper une révision au garage et même garer le véhicule sur la place la plus adaptée.

Il s’agit aujourd’hui de démocratiser les usages, de rendre accessible la technologie au plus grand nombre et d’en permettre la meilleure appropriation possible en facilitant les interactions.

Comment, dès lors, aller plus loin et intégrer l’intelligence artificielle dans l’ensemble de vos applications, comme au sein de la plateforme Office ou encore Skype ?

Prenons l’exemple de Skype Translator (traduction en temps réel d’une conversation à la voix et à l’écrit ndlr), une fonctionnalité au sein de Skype qui est le parfait exemple d’intégration d’intelligence artificielle. Plus les utilisateurs s’en servent, plus le moteur s’enrichit et plus il apprend. Aujourd’hui, nous avons neuf langues disponibles sur lesquelles nous avons une capacité de traduction simultanée extraordinairement performante. Dans Office 365, nous intégrons également une « dose » d’intelligence artificielle pour permettre d’améliorer l’efficacité et la productivité au quotidien. Cela va vous aider à remonter automatiquement, sur vos canaux de communication en interne par exemple, des documents qui sont liés à un sujet sur lequel vous travaillez aujourd’hui. Une manière de mettre en avant ce qui peut vous être utile et pertinent à « un instant T ». Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la première acquisition de l’année de Microsoft, en l’occurrence, la start-up canadienne Maluuba, spécialisée dans l’apprentissage automatique appliqué au traitement du langage naturel, obéit à cette volonté d’enrichir et de développer encore davantage le département IA du groupe. Cela nous permet également d’accélérer l’efficacité de nos algorithmes et de nos moteurs pour continuer à offrir des services cognitifs performants pour notre écosystème.

Le siège de Microsoft en France a fait « peau neuve » si j’ose dire le 1er février dernier. Quelles ont été les principaux axes de cette modernisation des infrastructures ?

Nous sommes en France depuis 30 ans et à Issy-Les-Moulineaux (siège actuel du groupe ndlr) depuis sept ans. Nous avons ainsi souhaité moderniser et réaménager notre siège afin qu’il soit en parfaite adéquation avec les attentes de nos collaborateurs mais également avec les aspirations de nos visiteurs car nous recevons près de 100 000 personnes par an sur le campus. La volonté de nous aligner avec les tendances en termes d’utilisation du numérique dans notre mode de fonctionnement au quotidien a aussi pesé dans ce choix de modernisation. Pour ce faire, nous avons mené une enquête auprès de nos collaborateurs qui se sont fortement mobilisés (400 répondants sur 1500 collaborateurs) et ont fait part de leurs attentes notamment en termes d’évolution d’aménagement du campus pour faciliter la fluidité entre les équipes au sein du bâtiment. Autre requête : repenser les espaces pour répondre aux différents scenarii de travail ou de collaboration au quotidien.

Cela répond au principe de « Flex Office » que vous avez déjà eu l’occasion de développer par ailleurs. A savoir, que certains collaborateurs ne disposent plus de bureaux attitrés, mais peuvent, en revanche, jouir de « zones d’ancrages » afin qu’ils puissent se retrouver par équipe.

Exactement. Nous avons des zones de bureau, ces fameuses zones d’ancrages attribuées par équipe. Même si les bureaux ne sont pas attitrés, chacun a un bureau personnel. Cependant, chaque collaborateur est libre de vaquer, en fonction de ses besoins et de l’agenda de sa journée, à l’intérieur du bâtiment. Nous avons également totalement repensé l’ensemble de nos cafétérias. Nous avions, au préalable, des espaces -en l’occurrence deux par étage- qui étaient finalement peu utilisés dans la mesure où les gens venaient simplement prendre leur café puis repartaient immédiatement. Fort de ce constat, nous avons souhaité repenser les cafétérias comme de véritables espaces de convivialité, de collaboration, d’échanges et de dialogues. Nous en disposons d’une par étage, et j’insiste sur ce point, mais c’est véritablement devenu un lieu de vie car désormais les collaborateurs y vont, ils travaillent sur place etc. On commence dès lors à percevoir une « rupture » avec les habitudes classiques des collaborateurs qui ne rechignent plus à circuler dans les étages, à s’installer ailleurs dans le bâtiment. Nous avons, dans le même ordre d’idée de répondre aux aspirations de nos collaborateurs, installés des cabines téléphoniques et les gens adorent car cela permet d’allier une certaine forme de confort à la fois pour celui qui téléphone, et qui peut le faire en toute tranquillité, mais également pour les collaborateurs autour qui ne sont plus dérangés, comme c’est le cas au sein d’open space par exemple. Ce qui crée des conditions de travail -et de voisinage- optimales. Les gens se sont littéralement réappropriés leur espace de travail.

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