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Data-Strophe: Quand Les Données Éclipsent La Créativité et Le Sens

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Le monde est infesté de données. Il faut tout chiffrer. Tout mesurer. La preuve par neuf s’immisçant dans chacune de nos décisions. Y compris dans les séances de brainstorming et les bureaux de style. Le génie créatif rase les murs et doit s’écraser face aux données. Nouvel argument d’autorité. Incontestées parce qu’incontestables. Et si les données ne pouvaient pas tout dire ? Et si nous étions allés trop loin en les laissant se rendre maîtresses et possesseurs de tout. Donnant raison à Descartes. Empêchant l’intuition et l’imagination, ces « folles du logis » après qu’elles nous ont donné l’iPhone, l’Iliade et les Yeezy. 

Show me the Money. Dans la peau de Jerry Maguire, agent sportif ayant perdu ses clients, Tom Cruise hurle au téléphone pour garder le dernier d’entre eux. Rod Tidwell. Second couteau infatué de sa personne. Joueur offensif attrapant plus de blessures que de ballons. Le genre de boulet dont personne ne voulait plus. Personne sauf Jerry. Si l’idée d’un remake se réalisait vingt après, le légendaire « Show me the Money » serait remplacé par ¨Show me the Data ». Nouvel or noir extrait à coups d’algorithmie fractale. Fourrant partout des cookies au parfum de Like, de Vues, de Retweets et de Followers.

Obsédés par les perf’ des plateformes Konbini, Brut et Vice, nous avons laissés le flacon prendre le pas sur la liqueur. Le média sur le contenu. Le code sur la créativité. On a vu un rappeur fredonner une Zumba contre-nature pour améliorer ses stats Spotify. Et un youtubeur prisonnier de ses « vues » préférera se les assurer en usant le même sujet jusqu’à la corde. « Parce que ça fait de l’audience. »

Tous ces influenceurs devenus orpailleurs de circonstance. Tamisant des flots de données pour y trouver un peu d’or. Trouver au fond de la tourbe, une réponse à la question existentielle : que veulent mes followers?

Des chevaux plus rapides.

C’est ce qu’aurait livré la donnée si Henry Ford l’avait consultée. S’il avait posé la question aux cochers et leurs passagers. Des chevaux plus rapides. Pas cette caisse métallique à moteur qu’Henry Ford avait inventée. Juste le croisement répété d’un pur sang et d’un cheval arabe.

À vouloir trop les écouter, partout le semblable se multiplie. Et le même. Et le surplus d’influenceurs sur les mêmes plateformes diffusant des contenus inspirés des mêmes données.

Et la poésie dans tout ça ? Le parti pris ? L’intuition ?

 

Et si la donnée était remise à sa place? Celle d’une alliée de l’intuition. Une alliée qui l’oriente sans l’asservir. Une alliée qui l’explique sans la juger. À la façon de ce cinéaste scandinave comparant la sienne à une lance jetée dans l’obscurité. Et qui, voulant expliquer son geste, envoyait une armée de données vérifier s’il avait bien atteint sa cible. La donnée est puissante quand elle se met au service de la poésie. Quand elle parcoure les territoires inexplorés que cette dernière lui indique. Quand elle accepte ce qu’un Steve Jobs a dit en son temps :

« Les clients ignorent ce qu’ils veulent jusqu’à ce qu’on le leur montre. »

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