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Comment Google Veut Mettre La Main Sur Nos Dossiers Médicaux

googleSource : flickr by Siau Liang Chan

Google teste un service qui utiliserait sa technologie de recherche et d’intelligence artificielle pour analyser les dossiers des patients d’Ascension, le plus grand système de santé à but non lucratif des États-Unis, selon des documents que Forbes a pu consulter.

 

Le projet Google-Ascension a été baptisé « Nightingale ». Il révèle  que l’analyse de la santé menée par Google va plus loin qu’on ne le pensait, alors même que l’entreprise est confrontée à une réaction grandissante face aux préoccupations, en matière de protection de la vie privée, liées à la santé.

Ascension a déclaré dans un communiqué que tous ses travaux avec Google étaient conformes à la loi sur la protection de la vie privée et étaient « soutenus par un effort important en matière de sécurité et de protection des données », ce que Google a ensuite repris dans son propre blog, ajoutant que « les données des patients ne peuvent pas et ne seront pas combinées avec des données de consommation Google ». Le Wall Street Journal a publié lundi dernier, pour la première fois, les détails du partenariat avec Ascension.

Le projet, prévu au moins depuis le mois de février, consiste à transférer les dossiers des patients vers les serveurs cloud de Google et à inclure un produit de recherche qui permet aux prestataires de soins de santé d’Ascension d’afficher une « page récapitulative » de leurs patients. Cette page comprend des informations complètes sur le patient, ainsi que des notes sur ses problèmes médicaux, les résultats de tests et les médicaments, et notamment des informations provenant de documents numérisés, selon les présentations visionnées par Forbes.

 

Une source proche du projet a déclaré que les patients n’étaient pas au courant de l’accès de Google à leurs données, bien que les lois sur la confidentialité des patients autorisent généralement le partage des données des patients avec des tiers, sans préavis, à des fins qui « l’aident à mener à bien ses activités en matière de soins de santé ». Selon des documents, des employés d’Ascension ont exprimé en interne leur inquiétude au sujet de la confidentialité des données des patients.

 

À terme, la technologie d’IA de Google pourrait également aider les prestataires d’Ascension à répondre à des questions telles que « Quels antécédents devriez-vous vérifier à propos du patient ? », « Quelles sont les possibilités d’intervention ? » et « Quels sont les risques de conséquences futures ? », indiquent les documents.

Les géants de la technologie, tels que Microsoft, Amazon, Google et Salesforce, tentent de se tailler une part dans le secteur des soins de santé, valant des milliers de dollars. Améliorer la manière dont les soignants utilisent les dossiers médicaux électroniques a été une priorité, car des études ont montré que les médecins passent plus de temps sur la documentation qu’à interagir avec les patients. L’unité Cloud de Google, qui génère désormais un chiffre d’affaires de 8 milliards de dollars par an, a fait d’autres progrès dans le secteur de la santé. La Mayo Clinic, McKesson et Kaiser Permanente comptent parmi les clients.

Google et sa société mère, Alphabet, ont été examinés de près pour certains de leurs partenariats en matière de santé. Cet été, un patient de l’Université de Chicago a poursuivi Google et l’université, alléguant qu’ils avaient partagé de manière inappropriée les données des patients lors de recherches utilisant l’intelligence artificielle pour anticiper de futurs actes médicaux. Google et l’Université de Chicago ont tous deux nié tout acte répréhensible.

En 2016, Deepmind, l’unité d’intelligence artificielle d’Alphabet, a été critiquée pour avoir obtenu des dossiers médicaux de patients auprès du National Health Service du Royaume-Uni, sans le consentement du patient. La société a reconnu ses erreurs et redéfini ses contrats. Les défenseurs de la protection de la vie privée se sont énervés ; cependant, l’automne dernier, Deepmind Health a annoncé son intention de fusionner avec Google, annulant ainsi les promesses antérieures de la société de séparer ses activités dans le domaine de la santé.

Plus récemment, les projets de Google visant à acquérir des dispositifs de santé portables de la société Fitbit, pour 2,1 milliards de dollars, ont tiré la sonnette d’alarme auprès des législateurs. Le sénateur de la Virgine, Mark Warner, a déclaré que cette annonce « suscitait de sérieuses inquiétudes » et a demandé des informations obligatoires sur la manière dont les grandes entreprises de technologie utilisent les « données sensibles dans les produits de santé ».

Stacey Torvino, experte en bioéthique et professeur de droit à l’Université du Nevada, a déclaré que les grandes entreprises de technologie qui traitent des dossiers médicaux rencontrent ces problèmes de confidentialité à cause de la vaste quantité de données qu’elles stockent sur les personnes, notamment l’historique des recherches et des lieux. Même si les dossiers des patients ont été anonymisés conformément à la loi HIPAA (Health Insurance Portability and Accountability Act, en anglais) sur la portabilité et la responsabilité en matière d’assurance maladie, Google et Facebook sont capables exceptionnellement d’utiliser d’autres données exploitées pour déterminer qui est le patient.

« L’anonymisation en est presque à un mythe » en raison des progrès de l’analyse des données massives et de l’apprentissage automatique, explique Stacey Torvino.

Le service de recherche de Google a été déployé dans un établissement Ascension en Floride et un autre au Texas, et Google prévoit de commercialiser ce produit dans des installations Ascension situées dans le Michigan et le Tennessee d’ici la fin de l’année, d’après les documents. Fondée en 1999, Ascension Health, basée dans le Missouri, est l’un des plus importants systèmes de santé catholiques au monde, avec 150 hôpitaux aux États-Unis et des centres de soins dans 20 États et à Washington, DC.

Lors d’une conférence sur l’innovation dans le secteur de la santé tenue au début du mois de novembre à Las Vegas, David Feinberg, le chef du service de santé de Google, a décrit un nouveau produit Google comme « une barre de recherche au-dessus de vos [dossiers de santé électroniques] qui ne nécessite aucune formation ». Il semble que ce commentaire fait référence au nouvel outil de recherche testé avec Ascension.

« Il est compréhensible que les gens veuillent poser des questions sur notre travail avec Ascension », a déclaré Google dans son communiqué. « Nous sommes fiers du travail important que nous accomplissons en tant que partenaire de la technologie cloud pour les entreprises de santé ».

 

Cet article a été mis à jour pour refléter les déclarations de Google et Ascension.

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