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Pourquoi la coopération internationale est si difficile

coopérationPourquoi la coopération internationale est si difficile. Getty Images

Il y a quelques années, dans le Global Risks Report du Forum économique mondial, un avertissement sur la collaboration internationale a été lancé. Cette collaboration sur des thèmes tels que le changement climatique s’étiolait face à un barrage apparemment quotidien de dérision du gouvernement Trump.


 

À l’époque, le gouvernement Trump était considéré comme un rempart du nationalisme contre le type de mondialisme qui était considéré comme nécessaire pour s’attaquer à des problèmes largement mondiaux. Des recherches récentes de l’Institut Max Planck pour la recherche sur les biens collectifs suggèrent qu’en matière de coopération, ce nationalisme n’est pas aussi rare qu’on pourrait le croire.

 

Analyse de la coopération

Les chercheurs ont examiné la façon dont 18 000 personnes de 42 pays coopèrent pour essayer de comprendre si nous sommes plus enclins à coopérer avec nos compatriotes ou avec des personnes venant d’ailleurs. Les résultats montrent que les habitants de tous les pays préfèrent coopérer avec leurs concitoyens plutôt qu’avec des étrangers.

Les volontaires ont participé à une tâche classique de la théorie des jeux, le dilemme du prisonnier. Leur partenaire dans le jeu était soit de leur propre pays, soit d’un autre pays. Dans chaque tâche, les volontaires recevaient 10 « unités monétaires » et, dans la vraie nature du jeu, devaient décider s’ils en gardaient une partie pour eux ou s’ils en donnaient une partie à leur partenaire.

L’argent qu’ils choisissaient de donner à leur partenaire était doublé, et il en allait de même pour l’argent qu’ils recevaient de leur partenaire. En théorie, cela crée une situation dans laquelle la meilleure stratégie pour les deux parties est de donner tout leur « argent ». Certaines équipes ont été informées que leurs choix seraient rendus publics, tandis que d’autres ont appris que leurs décisions seraient strictement privées.

 

Confiance immédiate

Les résultats montrent que les gens semblent coopérer davantage lorsqu’ils sont jumelés avec une personne de leur propre pays. Cette constatation est vraie dans 39 des 42 pays où l’expérience a été menée. En effet, même les trois pays restants ont évolué dans ce sens, mais pas de manière statistiquement significative.

Qui plus est, cette tendance ne dépend pas du fait que les décisions de chaque joueur soient rendues publiques ou non, l’ « esprit de clocher national » étant à l’ordre du jour dans les deux scénarios. Les mêmes résultats sont apparus même lorsque l’argent fictif était échangé contre de l’argent réel.

Bien qu’il ne semble pas y avoir de variation dans la coopération internationale en fonction de la tendance politique de chacun, les résultats semblent suggérer des différences entre les nations. Ainsi, la coopération internationale tend à être plus importante dans les pays égalitaires et dans les pays où les possibilités de nouer de telles relations sont plus grandes.

 

La coopération transfrontalière

Les inquiétudes exprimées par le Forum économique mondial il y a quelques années n’en sont que plus vives. Les frontières ayant été largement fermées pendant une grande partie de la période Covid-19, il peut être facile d’oublier à quel point la coopération transfrontalière est importante pour la prospérité mondiale. Une étude récente de l’université de Finlande orientale nous le rappelle, en mettant en évidence le potentiel inexploité à l’heure actuelle.

Par exemple, la région frontalière de Cascadia, qui relie Seattle aux États-Unis et Vancouver au Canada, a connu très peu de coopération économique, bien que les décideurs politiques des deux côtés de la frontière en fassent la promotion et que de nombreuses initiatives existent pour soutenir la coopération.

La recherche a utilisé une combinaison d’enquêtes et de données statistiques pour évaluer le succès de la coopération transfrontalière dans le monde. Une attention particulière a été accordée aux formes de coopération liées à l’innovation, notamment dans les domaines de la science et de la recherche et du développement. Cette coopération a été mesurée à l’aide de paramètres tels que le nombre de brevets et de publications conjointes.

 

Un potentiel inexploité

Dans la région transfrontalière de Cascadia, une telle coopération est remarquablement rare, peu de résultats scientifiques émergeant de la collaboration entre les États-Unis et le Canada. C’est un constat qui a quelque peu surpris les chercheurs.

« Les profils économiques de Seattle et de Vancouver sont très similaires, et une collaboration de plus en plus étroite entre les deux est encouragée. Cela devrait favoriser la coopération transfrontalière, et pourtant ça ne semble pas être le cas », indiquent-ils.

Malheureusement, ce scénario ne se limite pas aux régions frontalières de l’Amérique du Nord, des conclusions similaires ayant été tirées des zones frontalières européennes.

« Bien que la coopération transfrontalière dans l’Union européenne et dans ses zones adjacentes soit soutenue, par exemple, par les programmes Interreg et ENI, les résultats sont restés modestes en termes de coopération dans les domaines de la science, de la recherche et du développement de produits », poursuivent les chercheurs. « Par exemple, les brevets déposés à la suite d’une coopération transfrontalière sont rares. »

Ainsi, la région de l’Öresund relie la Suède et le Danemark et est souvent citée comme un parfait exemple de coopération internationale, mais même cette région produit relativement peu de résultats basés sur l’innovation, sauf quelques exceptions notables, comme en médecine.

Les auteurs estiment que leur travail met en lumière le gouffre souvent béant entre la rhétorique de la coopération transfrontalière débitée par les responsables politiques et la réalité en termes de résultats clairs et concrets.

« Les relations actuelles entre l’UE et la Russie, ainsi que la pandémie de coronavirus, mettent à l’épreuve la durabilité de la coopération transfrontalière. La manière de maintenir la coopération, même aux niveaux actuels, est une source de préoccupation », concluent les chercheurs.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Adi Gaskell

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