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La médecine esthétique : un retard d’encadrement qui menace la sécurité des patients ?

La médecine esthétique n’est toujours pas une spécialité… Un vide juridique qui pose le problème de l’encadrement de la formation d’une pratique en constante évolution. Le point avec Dr Claude Levy, chirurgien maxillo-facial et spécialiste de la médecine esthétique.


 

Médecine esthétique : pas de formation officielle

En France, pour pratiquer des soins de médecine esthétiques comme injecter du Botox ou des produits de remplissages, il faut être médecin. Mais à regarder de plus près, de nombreux praticiens peuvent avoir une spécialité qui n’a rien à voir avec la dermatologie ou la chirurgie esthétique… Ainsi, des généralistes, des radiologues, des internistes, des urgentistes, ou n’importe quel médecin peuvent vous injecter un produit qui n’est pas sans risque pour votre santé. « On observe que la plupart des problèmes rencontrés sont dus à une utilisation inadéquate » nous explique le Dr Claude Levy, lui-même formateur aux techniques de médecine esthétique en partenariat avec la marque Croma Pharma, laboratoire pharmaceutique d’acide hyaluronique.
Et d’ajouter : « J’anime des ateliers de formation où je vois arriver des médecins de tous bords qui souhaitent diversifier leur offre en se tournant vers la médecine esthétique. La plupart d’entre eux apprennent sur le tas. ». Récemment en Belgique, une association de consommateurs ‘’Test achats’’* qui a mené en secret une enquête auprès de 33 praticiens a pointé le manque de transparence lors de la consultation sur les effets secondaires des produits utilisés mais également l’absence de prise de renseignements sur les antécédents médicaux des patient(e)s.

 

La médecine esthétique : l’alternative à la chirurgie esthétique

Si le business de la médecine esthétique est de plus en plus florissant avec une clientèle qui s’est élargie à un public plus jeune mais également masculin, et un tarif moyen d’intervention extrêmement rentable  (en moyenne 300 euros), il n’existe à ce jour aucun encadrement sur la médecine esthétique. « N’importe quel médecin peut mettre sur sa plaque cette spécialité, car elle n’est pas reconnue en France par le Conseil de l’Ordre des Médecins ni même contrôlée par la Sécurité Sociale » précise Claude Levy avant d’ajouter « l’idéal, serait qu’il y ait une formation encadrée. Il y a aujourd’hui des diplômes universitaires très sérieux comme à l’hôpital de Créteil, ou par exemple à Nice, mais ils ne sont pas reconnus par le Conseil de l’Ordre. ». Des actes aux contours mal définis qui peuvent néanmoins avoir des conséquences graves.

 

Dans les conclusions du rapport parlementaire ‘’Santé, beauté, une priorité : la sécurité’’ (juillet 2021), « la très grande majorité des personnes auditionnées par la mission, que ce soient les représentants de l’ordre des médecins, des enseignants ou des institutions de régulation, a regretté le manque de formation qualifiante en matière de médecine esthétique et l’absence d’un statut clairement défini de médecin esthétique, alors même que l’engouement de nos concitoyens pour ce type de médecine et l’augmentation exponentielle de la demande montrent qu’il s’agit d’un véritable enjeu de société. »
Un retard juridique sur une spécialité dont la pratique est en constante évolution, qui rappelle en son temps celui de la chirurgie esthétique, qui fut d’abord considérée illicite, puis exclusivement liée à des fins thérapeutiques, avant d’être reconnue par la jurisprudence française en 1936.

Claude Levy rappelle l’urgence de faire de la médecine esthétique une spécialité officielle, « d’autant que les gestes et les produits à disposition en médecine esthétique sont de vraies alternatives à la chirurgie esthétique. » Car, si les chiffres à l’échelle nationale ne sont pas connus, de nombreux spécialistes français témoignent d’une massive augmentation des lifting et des injections. Avec la pandémie, la multiplication des conférences en vidéo peu flatteuses pour notre visage a généré de la demande. Une situation qui se doit d’être clarifiée dans les hautes instances…

*Enquête Test et Achats

Merci au Dr Claude Levy, chirurgien plasticien et médecin esthétique

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