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Guerre en Ukraine : après trois mois de combats, près de 15 000 soldats russes sont morts

UkraineDes véhicules russes détruits dans une décharge à Boutcha. | Source : Getty Images

Après trois mois de combats en Ukraine, l’armée russe a perdu autant de soldats que l’armée soviétique en neuf ans de guerre en Afghanistan (1979).

 

Depuis que la Russie a lancé son offensive en Ukraine dans la nuit du 24 février, près de 15 000 soldats russes ont perdu la vie au combat. Et ces données, impossibles à vérifier, cachent des pertes bien plus importantes à cause des blessures et de la fatigue des troupes. Sans compter que les forces ukrainiennes ont capturé des centaines de soldats russes.

En Afghanistan, où l’Union soviétique a mené une guerre désastreuse qui laissait présager la débâcle américaine une génération plus tard, l’armée soviétique comptait trois ou quatre blessés pour chaque soldat mort. En Ukraine, il est possible que si l’on comptabilise le nombre de tués et de blessés russes (la Russie a envoyé 125 000 soldats en Ukraine), Moscou ait enterré ou envoyé à l’hôpital 50 000 soldats.

Certains des blessés pourraient retourner dans leurs unités, évidemment. Cependant, la perte permanente de dizaines de milliers d’individus souligne la brutalité des combats en Ukraine, et donne du crédit aux précédentes affirmations du ministère de la Défense britannique, à savoir que la puissance de combat de l’armée russe avait diminué d’un tiers depuis le début de l’invasion.

« Des tactiques médiocres, une couverture aérienne limitée, un manque de flexibilité ainsi qu’une approche de commandement prête à renforcer l’échec et à répéter les erreurs ont conduit à ce taux élevé de pertes », a déclaré le ministère de la Défense britannique.

En d’autres termes, les deux camps enregistrent des pertes. Ce week-end, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dressé un premier bilan officiel des pertes des forces armées ukrainiennes. À l’issue d’une réunion avec son homologue polonais, le président ukrainien a défendu une loi interdisant aux hommes ukrainiens en âge de combattre de quitter le pays.

Volodymyr Zelensky a fait l’éloge des Ukrainiens qui sont restés et se sont battus volontairement. « Quand aujourd’hui 50 à 100 personnes peuvent mourir sur le front le plus difficile à l’est, elles défendent notre État et notre indépendance », a déclaré le chef de l’État ukrainien.

Si la centaine de soldats ukrainiens morts au combat au cours de la dernière flambée de violence dans l’est de l’Ukraine représente un pic quotidien, il est possible qu’en 89 jours de conflit, les forces armées ukrainiennes aient enregistré plusieurs milliers de morts au combat. 5000 ? 10 000 ? Aucun de ces chiffres n’est impossible.

Il est logique que les pertes russes soient plus élevées que celles ukrainiennes. Les Ukrainiens ont généralement adopté une stratégie défensive, combattant depuis des positions fortifiées sur un terrain connu. La guerre moderne favorise la défense.

Bien sûr, l’Ukraine est un pays plus petit que la Russie, avec seulement 44 millions d’habitants contre 144 millions pour la Russie. En théorie, Moscou peut donc encaisser plus de pertes. Toutefois, en pratique, la Russie s’est révélée plus fragile que ne le laissait supposer sa taille. Pour déployer en Ukraine 125 groupes tactiques de bataillons (BTG), comprenant chacun une cinquantaine de véhicules blindés et entre 500 et 800 soldats, l’armée russe a dû mobiliser la majorité de ses forces à travers le pays.

En raison d’un leadership médiocre à tous les niveaux, du Kremlin aux petites unités, ces BTG de première ligne ont envahi l’Ukraine avec une stratégie perdante : un front trop large pour des forces trop peu nombreuses, sans la coordination et le soutien nécessaire. La tentative de prise de Kiev s’est soldée par une défaite des Russes au bout d’un mois. Parallèlement, l’effort pour capturer le port d’Odessa s’est arrêté à mi-chemin. Enfin, le siège de Kharkiv s’est effondré après deux mois.

Ce mois-ci, le Kremlin a concentré ses meilleures forces restantes sur un front étroit : la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, où les troupes ukrainiennes s’accrochent encore à deux petites villes sur l’autre rive du fleuve Donets (Lyman et Severodonestk).

La poignée de brigades ukrainiennes qui se trouvent sur ce front ainsi que des milliers de soldats ont reculé sous les bombardements incessants des Russes. Les troupes russes se trouveraient aux abords de Lyman et de Severodonetsk. La première ville pourrait tomber d’un jour à l’autre, et la garnison se trouvant dans la seconde pourrait bientôt être coupée de ses principales lignes d’approvisionnement.

En concentrant finalement ses forces après avoir perdu un tiers de ses troupes, l’armée russe a pu réaliser ces petites avancées sur un front ukrainien vulnérable. En d’autres termes, les troupes ukrainiennes à Lyman et Severodonetsk sont en grande difficulté.

Toutefois, il ne faut pas perdre le tableau d’ensemble. La Russie ne dispose pas d’une réserve de soldats entraînés. De plus, elle a déjà fait une croix sur une partie importante de ses meilleurs véhicules blindés, hélicoptères, avions de chasse et patrouilleurs.

Par ailleurs, le moral des troupes pourrait devenir un problème, pas seulement dans les rangs de l’armée, mais également sur le front intérieur. « La population russe s’est, par le passé, montrée sensible aux pertes subies lors de guerres choisies », explique le ministère de la défense britannique. « Au fur et à mesure que les pertes subies en Ukraine continueront d’augmenter, elles deviendront plus visibles, et le mécontentement de la population à l’égard de la guerre ainsi que sa volonté de l’exprimer pourraient s’accroître. »

Parallèlement, l’Ukraine continue d’intégrer des troupes fraîches grâce à un énorme réservoir de volontaires. De plus, le flux constant d’armes données par les États-Unis et d’autres pays de l’OTAN fournit à l’armée ukrainienne de quoi se battre. S’il y a une contrainte majeure à la mobilisation de l’Ukraine, c’est le temps. Il faut des semaines, voire des mois, pour former, entraîner et équiper une nouvelle brigade.

Il semble inéluctable que les Russes capturent Lyman et Severodonestk. Cependant, il se peut que l’armée russe ne puisse pas rassembler les soldats, la puissance de feu et le ravitaillement nécessaires pour prolonger son avance sur un terrain qui n’est pas aussi favorable à l’attaquant que l’est le front du Donbass.

Ces 15 000 morts potentiels du côté russe pèsent lourdement sur les perspectives de victoire significative du Kremlin à l’approche du quatrième mois de la guerre.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : David Axe

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