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Under 30 : Hervé Berville, Au Pas De Course

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Après avoir fourbi ses armes en classe préparatoire, à Sciences Po puis à la prestigieuse London School of Economics (LSE), Hervé Berville, 27 ans, aujourd’hui député LREM de la deuxième circonscription des Côtes-d’Armor, a rejoint la première « colonne » des (jeunes) marcheurs d’Emmanuel Macron dès mars 2015, plus d’une année avant l’émergence officielle du mouvement En Marche!.  Spécialiste de l’économie du développement, ce jeune homme pressé fait partie des personnalités figurant dans notre classement « Forbes Under 30 » 2018.

« Dans la personnalité d’Emmanuel Macron, je me suis retrouvé sur trois points : sa réhabilitation du progressisme, son pragmatisme radical et son rapport assez détaché à la politique, dans le sens où il n’avait pas l’intention de faire carrière ». Trois vertus qui ont rapidement fait écho aux oreilles d’Hervé Berville qui a « découvert » l’actuel locataire de l’Elysée en 2013, dans les colonnes d’une revue des anciens de Sciences Po. Emmanuel Macron, alors simple secrétaire général adjoint à l’Elysée, y développe sa notion de l’engagement public. Une vision qui va immédiatement séduire Hervé Berville, qui, comme tout un chacun, va parfaire ses recherches sur l’homme en consultant un célèbre moteur de recherche. Pas encore fougueux ministre de l’Economie, Emmanuel Macron ronge son frein dans l’antichambre élyséenne qu’il quittera quelques mois plus tard, avant de « reprendre du service » fin août 2014 à Bercy à la faveur des « incartades Montebourgeoises », dans une position bien plus exposée. La suite appartient à la légende. Pourtant, dès cette époque, Hervé Berville sent poindre en lui le « démon de l’engagement politique ». «  Je venais d’achever ma deuxième année au Mozambique où je travaillais au sein de l’Agence française de développement (AFD) et j’ai commencé à me poser de nombreuses questions sur mon avenir ».

Et de poursuivre. « Toujours est-il  que la vision d’Emmanuel Macron m’a interpellé car je pensais à me lancer dans la bataille politique le jour où je me retrouverais dans la vision de quelqu’un », développe le jeune député. Quatre ans plus tard, la « boucle est bouclée », Hervé Berville étant solidement installé dans les travées du Palais Bourbon à la  faveur de sa victoire aux élections législatives de juin dernier dans la deuxième circonscription des Côtes-d’Armor, au sein de ce territoire breton qu’il affectionne tant. Natif du Rwanda, Hervé Berville débarque en Bretagne à l’âge de 4 ans, adopté par un couple de Pluduno, une petite bourgade du département. Mais lorsqu’on l’interroge sur son parcours et sur sa présence au sein du classement « Forbes Under 30 », le jeune homme, plutôt que de s’appesantir sur les prémices de son existence, s’attele davantage à mettre en lumière « d’autres profils moins visibles qui mériteraient également cet honneur », tout en refusant de se voir comme le « porte-parole d’une génération ». « Joie et humilité » seront les deux substantifs utilisés par le parlementaire pour qualifier sa présence au sein de notre palmarès.

Premiers pas dans l’arène médiatique

Au sortir d’études particulièrement brillantes, comme mentionné en préambule, Sciences Po Lille puis London School of Economics (LSE), il rejoint l’AFD au Mozambique pour un périple ponctué  par un intermède  au Kenya où il sera en charge d’un programme consacré à l’entrepreneuriat en Afrique de l’Est et cornaqué par l’université de Stanford. Le jeune homme, s’il récuse d’être le porte-voix d’une génération, va néanmoins devenir celui des députés de la République en Marche ! Un « poste » particulièrement exposé comme il va l’apprendre à ses dépens. Sur le gril du pointilleux Jean-Jacques Bourdin, le néophyte en politique trébuche sur une question du journaliste portant sur la prime de Noël.  « Je n’en ai pas en tant que député », répond du tac-au-tac Hervé Berville, avant que le matinalier de BFMTV n’affine sa requête. « Non pas vous, mais les Français oui ».  S’en suit alors un « flou artistique » sur lequel le jeune homme revient avec le sourire.  » L’époque est au buzz et cela fait partie de l’apprentissage du métier de porte-parole. Je savais, lorsque Richard Ferrand (patron des députés LREM) ma confié cette tâche que cela pouvait arriver. Il y a beaucoup plus important dans la vie « . Richard Ferrand lui apportera d’ailleurs son soutien après cette séquence, de même que Christophe Castaner, délégué général de La République en Marche!

Mais ce « coup d’éclat » ne fait pourtant pas office de « baptême du feu » dans l’arène médiatique pour le Breton. Plus subtilement, le Premier ministre, Edouard Philippe, a également mis en exergue le parcours du jeune et son amour et son lien indéfectible pour la France lors de son discours de politique générale. Un portrait brossé en creux par le nouveau maître de Matignon, rendant une forme d’hommage à l’un des  » benjamins de l’Assemblée né au Rwanda quatre ans avant le génocide et recueilli par la République  qui peut être fière de le voir représenter la Nation« . Un moment raconté par le menu par le député. « Je ne m’y attendais absolument pas du tout. J’avais croisé le Premier ministre dans les couloirs de l’Assemblée et je lui ai simplement glissé un mot d’encouragement ».  Une « exhortation » à laquelle l’ancien maire du Havre répond  par une boutade : « tu ne crois pas s’y bien dire ! ».

L’hommage d’Edouard Philippe

Mais cet hommage – « J’ai trouvé cela très élégant qu’il ne mentionne pas nommément les profils qu’il mettait en lumière » – a également eu le mérite de faire prendre conscience au jeune homme de la charge de la fonction de député. « Il y a un an, je n’aurais jamais imaginé que tout cela aurait été possible. Il n’y a pas de temps à perdre désormais, il faut constamment se projeter ». Aurait-il pu espérer un destin similaire au sein d’une autre formation politique, davantage rompu aux jeux de pouvoir, Hervé Berville, qui a même monté un comité de soutien à la candidature d’Emmanuel Macron depuis le Kenya, en doute. « Je pense que les modes de fonctionnement et les pesanteurs en vigueur au sein de partis dits traditionnels ne m’auraient pas permis d’accéder aux fonctions que j’occupe aujourd’hui ». « Mais je peux me tromper », ajoute tout de go, le porte-parole, qui renoue ainsi avec son ton policé, désireux de ne froisser personne. L’apprentissage est désormais officiellement terminé.

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