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Smic, CSG, Heures Supplémentaires, Mea Culpa… Emmanuel Macron Change De Braquet

Getty Images

Accusé d’être déconnecté des préoccupations de certains de ses concitoyens, Emmanuel Macron a esquissé une forme de mea culpa, ce lundi soir, dans une allocution « à la Nation », dévoilant quatre mesures emblématiques en faveur du pouvoir d’achat. « Trop peu, trop tard », à en croire la majorité des gilets jaunes.  

« Mon seul souci, c’est vous ». Le regard est fixe, le ton est solennel et grave durant les 13 minutes de cette allocution à la Nation où Emmanuel Macron a tenté d’apaiser la fronde sociale qui sévit sur le pays depuis maintenant plus d’un mois, esquissant même une forme de mea culpa, regrettant notamment des   » propos blessants « . Voici pour la forme, place au fond.  Après l’annulation de la taxe sur le carburant mercredi – qui n’a pas calmé la colère des gilets jaunes – et un nouveau samedi de violences dans la capitale, Emmanuel Macron était attendu au tournant. Le chef de l’Etat a, contre toute attente, été à rebours du discours ambiant des plus éminents membres de son gouvernement au premier rang desquels son ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, et sa ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Envoyés en première ligne tout le week-end, l’une pour plaider contre la hausse du smic, l’autre pour préserver la hausse de la CSG, les deux ministres ont vu, lundi soir, tous « leurs efforts » se heurter au « changement de braquet » du président de la République. En effet, ce dernier a annoncé, coup sur coup, que le salaire d’un travailleur au smic augmenterait de 100 euros par mois dès 2019 « sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur ».  Une tournure de phrase nébuleuse qui correspond en réalité à une hausse de la prime d’activité. En effet, cette aide, qui remplace le RSA activité et la prime pour l’emploi depuis 2016, est versée aux travailleurs percevant des « revenus modestes » et qui en font la demande auprès de l’administration. Le montant de cette prime dépend en partie de la composition et des ressources du foyer. Autre mesure phare, celle concernant les retraités touchant moins de 2 000 euros par mois pour qui la hausse de 1,7 point de la CSG (contribution sociale généralisée) « subie cette année » sera annulée.

Concernant la « hausse du smic » qui n’en est pas vraiment une, l’Elysée a tenu à préciser qu’il s’agissait d’une augmentation de 100 euros net, partagé entre 80 euros de prime d’activité et 20 euros de cotisations. « Cette augmentation de 100 euros, elle inclut la revalorisation du smic qui est déjà prévue et le reste va être la solidarité », a abondé sur France 2 la ministre du Travail Muriel Pénicaud qui s’est rapidement mise au diapason présidentiel. Et de poursuivre. « Ça va être le budget de l’Etat qui va compléter ces salaires, donc ce sera bien du pouvoir d’achat pour les travailleurs modestes sans avoir une charge supplémentaire pour les entreprises, notamment les petites, qui les emmènerait dans le mur ». Fin de citation. Parmi les autres mesures annoncées par le locataire de l’Elysée – auxquelles il convient d’ajouter l’abandon de la taxe carbone, la convergence diesel-essence-GNR ou encore le gel des tarifs de l’électricité et du gaz dévoilées mercredi -, une prime de fin d’année dont les contours restent particulièrement flous. « Je demanderai à tous les employeurs qui le peuvent de verser une prime de fin d’année à leurs employés et cette prime n’aura à acquitter ni impôt ni charges », a déclaré Emmanuel Macron. Annoncée la semaine dernière par Edouard Philippe, cette mesure a été bien accueillie par le patronat qui a toutefois insisté sur l’importance de conserver son caractère facultatif afin de ne pas pénaliser les entreprises en difficulté.

Coût des mesures annoncées lundi : entre 8 et 10 milliards d’euros

Enfin, Emmanuel Macron a également annoncé l’entrée en vigueur, dès le mois d’avril 2019, du paiement des heures supplémentaires « sans impôt, ni charge ».  Mais toutes ces mesures ont un coût, et non des moindres, surtout que la France doit également se conformer aux desiderata de Bruxelles et au respect de  la limite européenne d’un déficit public inférieur à 3% du produit intérieur brut. Pour autant, l’entourage du président de la République, cité par Reuters, a assuré que son objectif de maîtrise de la dépense publique n’était pas remis en question et que l’objectif initial de déficit public pour 2019 hors CICE laissait « un peu de marge » pour la construction du budget.  Coût estimé des mesures annoncées ce lundi : entre 8 et 10 milliards d’euros pour les finances publiques. Une somme rondelette à laquelle il convient d’ajouter les 4 milliards déjà consentis lors du renoncement à la hausse de la fiscalité écologique sur les carburants ce mercredi. En revanche, le président a battu en brèche la possibilité d’un rétablissement de l’impôt sur la fortune, ne voulant pas accentuer le sentiment de « retour en arrière ».

Des annonces accueillies fraîchement par de nombreux gilets jaunes même si la notion de représentativité au sein du mouvement reste difficile à évaluer. Sans attendre la déclaration d’Emmanuel Macron, un nouvel appel à la mobilisation des  gilets jaunes, intitulé « Acte 5 Résistance », avait été lancé pour samedi prochain. L’opposition a, dans l’ensemble, jugé qu’il y avait des avancées mais qu’elles étaient insuffisantes, certains, comme le dirigeant de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon parlant de « distribution de monnaie ». « Au-delà des paroles sentimentales qu’il a exprimées, nous voyons une réalité bien crue : toutes les mesures qu’il a annoncées seront payées par les contribuables et les assurés sociaux, aucune par les grandes fortunes et les profits », a souligné le député de Marseille.  Marine Le Pen, si elle a reconnu certaines avancées, a également fustigé l’ensemble de la politique du chef de l’Etat. « Face à la contestation, Macron renonce à une partie de ses errements fiscaux et c’est tant mieux, mais il refuse d’admettre que c’est le modèle dont il est le champion qui est contesté ». Enfin, Benjamin Cauchy, représentant des « gilets jaunes libres » estime que « Macron en a encore sous la pédale ». Insuffisant pour éviter un nouveau « samedi noir » ?

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