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Primaire à Gauche : Hamon-Valls, La Bataille Des « Gauches Irréconciliables »

© Getty Images

Confirmant sa montée en puissance dans les sondages, l’ancien ministre de l’Education vire en tête du premier tour des « primaires citoyennes » et sera opposé à l’ancien Premier ministre qui a d’ores et déjà tiré à boulets rouges sur le projet « irréalisable » et « infinançable » de son adversaire.

Echaudés par la « jurisprudence hexagonale » Fillon, après les précédents internationaux « Brexit » et Donald Trump, les observateurs et commentateurs de tous bords semblent, cette fois-ci, avoir pris la mesure de la « comète Hamon » qui a terminé sa course en tête au premier tour des primaires de la « Belle Alliance populaire » avec plus de 35% des suffrages, devançant, outre Manuel Valls (31%), Arnaud Montebourg (18%) et Vincent Peillon, crédité de 7% des voix. La finale va donc consacrer deux oppositions de style, deux visions de la société tellement aux antipodes l’une de l’autre au point de se demander si un rassemblement au soir du 29 janvier – si d’ici là l’incroyable imbroglio autour des chiffres de la participation connaît son dénouement – entre les deux challengers est du domaine du possible.

En retard, Manuel Valls a attaqué bille en tête, dès dimanche soir, son ancien ministre, fustigeant des promesses « non réalisables et infinançables », revêtant le costume de la gauche crédible et rigoureuse face aux habits de lumière d’une gauche utopiste et rêveuse, incarnée par Benoît Hamon. D’un point de vue strictement arithmétique, l’ancien patron du MJS a clairement la dynamique de son côté, Arnaud Montebourg, éternel troisième homme, ayant d’ores et déjà affiché sa préférence et enjoignant ses électeurs à faire de même. Un autre mariage « de la carpe et du lapin » que celui entre les deux « ex-nouveaux amis », tant Arnaud Montebourg, sentant sans doute lui échapper son destin de candidat de la gauche du parti, a cogné avec virulence sur les mesures défendues par Benoît Hamon tout au long de la campagne, la plus emblématique d’entre elles étant le revenu universel.

Le revenu universel, symbole des promesses « irréalisables »

Il semble tout aussi évident que Manuel Valls, dans son discours après la proclamation des résultats, avait cette proposition en tête au moment de clouer au pilori des promesses « infinançables et irréalisables ». Une posture qui devrait constituer le principal angle d’attaque de l’ancien Premier ministre tout au long de la semaine, lui qui avait déjà dégainé il y a une quinzaine de jours en meeting, faisant de cette proposition le fer de lance de « la société de l’assistanat et du farniente ». Véritable incarnation de la campagne Hamon, le revenu universel se veut une allocation versée à tous les citoyens sans condition de ressources ou d’âge. Selon les différentes moutures, elle peut osciller de plusieurs centaines à 1 000 euros par mois. Mais quid de son financement ?

Dans le détail, l’ancien ministre de l’Education prévoit une première étape sous la forme d’une hausse de 10% du RSA (actuellement de 535,17 euros pour une personne seule sans l’aide au logement) qui serait étendue aux jeunes de 18 à 25 ans sans conditions de ressources. Cette « première phase », d’un montant de 45 milliards d’euros, serait ainsi financée par une fusion entre la CSG et l’impôt sur le revenu ainsi que par la création d’un prélèvement unique sur le patrimoine, progressif, net des dettes, comprenant notamment la taxe foncière et l’ISF. Pour la généralisation aux autres catégories de la population, Benoît Hamon se montre plus évasif évoquant « l’organisation d’une grande conférence citoyenne » en 2019 pour arrêter le périmètre définitif de la mesure. Dans une économie convalescente – doux euphémisme -, l’instauration d’un tel dispositif est estimée entre 300 et 450 millions d’euros.

« Sortir les sortants »

Si Manuel Valls et ses soutiens devraient concentrer leurs tirs sur le revenu universel, Benoît Hamon et ses proches devraient immanquablement renvoyer l’ancien Premier ministre à ses responsabilités, et à la politique « trop libérale », à ses yeux, menée par le second homme de la primaire du temps où il officiait à Matignon. Ou encore lui rappeler son positionnement favorable à la défiscalisation des heures supplémentaires, mesure défendue en son temps par Nicolas Sarkozy. « Je veux rétablir cette mesure parce qu’il y a eu un sentiment de frustration, de sentiment, au fond, qu’on ne prenait pas en compte ceux qui travaillaient davantage », souligne l’ancien maire d’Evry qui plaide toutefois pour l’instauration d’un plafond au-delà duquel les heures supplémentaires ne seraient plus défiscalisées, « qui pourrait être fixé, par exemple, à 5 000 ou 6 000 euros ». Et cela, afin que « cette mesure bénéficie d’abord à ceux qui en ont le plus besoin et pour éviter les abus », précise encore Manuel Valls.

« De la vieille politique » aux yeux de Benoît Hamon qui, s’il sort vainqueur de la primaire, pourrait paradoxalement voir une cohorte de militants et élus socialistes favorables à la majorité actuelle venir grossir les rangs déjà bien garnis d’En Marche! Mais Emmanuel Macron a d’ores et déjà prévenu : il n’y aura pas de « macronistes » du 30 janvier (lendemain de la primaire), comme il y a pu avoir des socialistes du 11 mai 1981. En clair, son mouvement n’a pas vocation à devenir la succursale d’un Parti socialiste en déconfiture. Pas d’accord d’appareil ni de grande réconciliation post-primaire en vue. Absent le plus présent de la primaire, l’ancien ministre de l’Economie devrait continuer à hanter les nuits des socialistes pendant encore de nombreuses semaines.

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