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Le Patrimoine Libanais Est En Danger

©Getty Images

L’Association pour la Sauvegarde de Tripoli » (ASPT) créée en avril 2009 à Paris, est une association culturelle, loi 1901, dont les objectifs sont : sauvegarder, promouvoir et faire connaître le patrimoine libanais, plus particulièrement celui de Tripoli, capitale du nord, première ville sur la côte de la méditerranée en nombre de vestiges et deuxième ville après le Caire en patrimoine mamelouk.

A cette fin, et depuis sa création, l’association oeuvre avec l’aide des principaux établissements français spécialisés dans la préservation du patrimoine tels que l’Unesco, le Conseil Régional d’Ile-de-France,
l’Institut du Monde arabe pour trouver des solutions applicables au Liban. En 2016, elle devient membre de l’Institut Robert Shuman, espérant par là, participer au dialogue des cultures dans le respect absolu des identités plurielles sous les hospices du Conseil de l’Europe.

L’objectif de ces alliances est d’étendre à la société libanaise les principes et les valeurs de l’Europe dans le domaine des droits de l’homme. La sauvegarde du patrimoine et sa transmission sont des droits de chaque citoyen et sa reconnaissance, une nécessité politique et citoyenne. Partant de ces constats, et pour répondre à une carence dans la sensibilisation au patrimoine, l’association s’est engagée à identifier et comprendre les obstacles qui empêchent la préservation de ce patrimoine.

Dans les faits et afin de mieux comprendre la situation du pays, il nous semble indispensable de rappeler quelques paramètres. En effet, le Liban a une histoire compliquée et singulière. “Le pays du miel et de l’encens” est pluri-millénaire, son patrimoine est le reflet de la succession de civilisations des plus puissantes. C’est en cela que ce patrimoine doit être reconnu comme patrimoine de l’humanité. Les bâtisseurs du pays ont laissé leurs empreintes dans la mémoire collective de la population. Plus récemment le pays des Cèdres a connu une guerre civile qui a divisé la population. Cette guerre a duré près de 20 ans. Le pays a ainsi perdu une partie de ses vestiges. Les souvenirs de la guerre sont restés dans les esprits des libanais. Ce qui, semble t-il a détourné l’état libanais de toute tentative d’instaurer une politique patrimoniale. A cela, s’ajoute la situation inquiétante de la région induisant des destructions irrémédiables du patrimoine. Les révolutions arabes, ont de leurs côtés, ravivé cette mémoire destructrice et constituent une menace réelle sur ce qui reste.

Eduquer les citoyens

Dans ce contexte difficile, il était urgent d’agir. L’ASPT s’est donc proposé une carte de route et trois stratégies fondamentales selon lesquelles elle pense pouvoir aider le pays à préserver son patrimoine.
Fruit des recommandations actées lors des colloques organisés en 2012 et 2013, dans l’hémicycle en partenariat avec le Conseil régional d’Ile de-France, cette ligne directrice s’articule ainsi :

• 1-La connaissance du patrimoine à travers un Inventaire général
• 2-La sensibilisation de la population
• 3- La valorisation

Sur le terrain, une avancée considérable a été obtenue grâce au projet “Patrimoine en Partage”, PeP fait en partenariat avec l’Association Patrimoine sans frontières PSF, consiste en un programme éducatif enseigné aux élèves et vise à sensibiliser la population à la valeur du dit patrimoine.
De ce projet a émané l’idée des journées des patrimoines, à l’image de ce qui se fait en France, organisées tous les ans par l’ASPT la deuxième semaine du mois de mai, considérées comme un printemps culturel, à visée patrimoniale.

L’objectif est la valorisation du patrimoine durant cet événement, en le rendant accessible à toute la population et en y organisant des événements culturels pour le rendre plus attractif.

Par ailleurs, dans le contexte géopolitique difficile, le Liban se trouve démuni face aux réformes de tous genres, notamment en ce qui concerne la culture. Elle est considérée comme un luxe dans un pays qui jadis a eu la part belle dans la Renaissance culturelle arabe. Depuis le début la guerre, aucune loi n’a été adoptée. La dernière loi concernant le patrimoine date de 1933. Hormis le fait qu’elle est totalement désuète, elle ne concerne que le patrimoine monumental, et elle se limite aux bâtiments datant d’avant 1700.

Or, il s’agit de nos jours davantage de sauvegarder le patrimoine ordinaire qui se trouve cruellement menacé par la mondialisation, la spéculation immobilière, les vols et saccages, le manque de sensibilisation aux legs du passé et par l’absence totale d’entretien. Le pays se trouve complètement dépassé par le nombre de bâtiments à préserver. Une ville comme Tripoli compte, à elle seule, plusieurs centres villes anciens, jamais restaurés. Peut- être est-il temps pour le Malraux  libanais d’émerger et de se soucier de la question culturelle…

Avec Joumana Chahal Timery

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