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Nicolas Sarkozy Impose Son Idéologie Au Parti Les Républicains

Crédit Photo : Bernard Menigault Corbis / Getty Images

Nicolas Sarkozy affirme à qui veut l’entendre qu’il a « remis l’opposition en ordre de marche » dix-neuf mois après son retour aux affaires de l’ex-UMP. La participation de l’ancien président de la République à la primaire prévu cet automne, pour représenter son camp à l’élection présidentielle de 2017, est conditionnée à une démission avant le 26 août prochain de la tête du parti de droite.

L’Homme doté d’un leadership impose une assimilation de sa propre philosophie à tout un groupe pour remporter une bataille. Le conseil national du parti Les Républicains (LR) a approuvé, samedi 2 juillet 2016, à une écrasante majorité le projet du camp de Nicolas Sarkozy pour la campagne présidentielle en vue des élections prévues au printemps 2017. Seuls quatorze membres présents dans l’assemblée ont voté, dans un processus de vote à main levée, contre ces dispositions élaborés sur les douze derniers mois par la garde rapprochée de l’ancien chef de l’État français.

L’ancien chef d’État a proposé aux encartés de LR d’adopter sa vision autoritaire au niveau de la sécurité, de l’immigration; et libérale sur le plan économique. Nicolas Sarkozy a affirmé, au début du mois de juin, avoir récupéré un parti dans une « situation catastrophique » avec une baisse du nombre d’adhérents, « miné par les batailles d’ego » avec des fédérations loin de se trouver en ordre de marche, un assainissement des finances « au bord de la banqueroute ». L’ancien ministre de l’Intérieur sous Jacques Chirac, et soutien d’Edouard Balladur au cours de la campagne présidentielle de 1995, s’est félicité d’avoir finalisé l’attribution des investitures et « un socle de projet », insiste un de ses fidèles interrogé par Le Monde.

Ambition particulière au service de la famille politique 

Le message passé à travers le bilan dressé par Nicolas Sarkozy, au cours du conseil national tenu samedi 2 juillet 2016 à Paris, est on ne peut plus clair : le président du parti Les Républicains voulait démontrer aux sympathisants et aux encartés de son camp, tous conviés à La Mutualité, que ses efforts au cours des dix-neuf derniers mois se sont concentrés sur les intérêts globales du parti pendant que ses adversaires potentiels pensaient à leurs ambitions personnelles.

La logique se veut davantage stratégique. Les dernières vagues de sondages, favorables au cours du printemps et du début de la saison estivale, ont remotivé le clan sarkozyste. Nicolas Sarkozy, qui ambitionne de représenter pour la troisième fois consécutive le parti de droite aux élections présidentielles après le triomphe de 2007 et le rejet de 2012, veut mettre tous les œufs dans le même panier pour préparer au mieux la bataille du printemps 2017. L’ex-ancien retraité de la sphère politique assurait au cours de son discours final du congrès, tenu à La Mutualité (Paris, Ve), que les candidats en lice pourront « bien sûr aller plus loin ou moins loin », tout en indiquant que ce projet né de son ambition particulière « engage la famille politique ».

L’élaboration du projet dit « commun » est l’œuvre d’Éric Woerth, secrétaire général de LR associé à Franck-Philippe Georgin, directeur des études. Le binôme est une émanation de la garde rapprochée sarkozyste. Les deux hommes ont consacré les douze derniers mois à la préparation de ce projet « d’alternance » qui reprend stricto sensu la philosophie libérale et autoritaire fidèle aux préceptes de l’ancien chef de l’État. Le texte inclut un volet consacré au desserrement du corsage fiscal avec une baisse de 10 % de l’impôt sur le revenu. Nicolas Sarkozy a imposé un point sociétal avec le choix du terme de « processus d’assimilation » plutôt que « d’intégration », défendu par son plus coriace adversaire, Alain Juppé. Un retour sur l’interdiction du cumul des mandats conclut la boucle du programme adoubé par Nicolas Sarkozy. Près d’un millier de conseillers nationaux ont ratifié, samedi 2 juillet, ce texte qui résume, selon la direction du parti Les Républicains, la quinzaine de conventions aux thématiques institutionnelles, financières ou sociétales organisées par LR depuis septembre 2015.

Des adversaires en ordre dispersé

Une majorité des adversaires de l’ancien président se sont rendus à La Mutualité pour prendre la parole au pupitre – comme François Fillon et Jean-François Copé – et coupler avec une présence dans l’assemblée – Nathalie Kosciusko-Morizet ou Hervé Mariton. « Ce projet n’est pas complètement associé tout le monde », déplorait Jean-François Copé quelques heures après la ratification du texte. François Fillon, qui a pris ses distances avec Nicolas Sarkozy après un quinquennat de fidélité en tant que Premier ministre entre 2007 et 2012, a pointé le même écueil dans la stratégie sarkozyste.

D’autres adversaires ont séché des cours, avec plus ou moins de désinvolture. Alain Juppé, présent en début de matinée au congrès, s’en est allé au beau milieu de l’après-midi pour organiser un café-débat sur l’Europe en face de la Mutualité, le lieu choisi par la direction de sa famille politique pour effectuer la ratification du texte. L’ancien premier ministre n’est pas fait sa réapparition en fin de journée pour prendre part au vote du projet proposé par l’ancien locataire de l’Élysée, afin d’éviter « une confusion regrettable entre Nicolas Sarkozy, président du parti, et Nicolas Sarkozy, candidat en campagne ». Gilles Boyer, le directeur de campagne de l’ancien professeur de l’université du Québec à Montréal (Uqam) entre 2005 et 2006, confirme que « ce n’est pas le projet du parti, mais celui de Nicolas Sarkozy ».

Bruno Le Maire, autre candidat déclaré à la primaire de la droite, a tout simplement opté pour l’école buissonnière pour ce dernier rassemblement programmé avant les grands départs en vacances. Le député de l’Eure poursuivait comme si de rien n’était son tour de France avec une étape fixé le jour du congrès à Aix-en-Provence. « Je ne suis pas lié à cette plateforme parce qu’il y a dedans des propositions qui me choquent et qui me paraissent de très mauvaises idées », a lancé Bruno Le Maire, invité lundi 4 juillet sur le plateau du journal de France 2. Le candidat a profité de cette exposition médiatique pour dénoncer le rétablissement du cumul des mandats, une forme de « retour des fiefs » et de la « baronnie », selon l’intéressé.

Le rendez-vous estival de la famille politique de droite était le dernier piloté par Nicolas Sarkozy. L’actuel président du parti LR est dans l’obligation de quitter ses fonctions rue de Vaugirard au plus tard le 26 août prochain. Les obligations de la charte qui régit le fonctionnement des LR impose cette action si le président du parti souhaite se présenter à la primaire prévue à l’automne 2016 pour les élections présidentielles de 2017. Une présidence bicéphale, composée du vice-président délégué Laurent Wauquiez et du secrétaire général Éric Woerth, assurera l’intérim au siège situé dans le XVe arrondissement parisien au minimum jusqu’aux élections présidentielles qui se dérouleront en avril et mai 2017. Les deux hommes seront chargés d’organiser le conseil prévu en décembre prochain pour valider le choix définitif du candidat issu de la primaire.

« C’est le programme des Républicains. Les autres candidats ont tort car le vainqueur de la primaire aura besoin de s’appuyer sur le parti lors de sa campagne », conclue Éric Woerth. Si le gain du scrutin de la famille politique libérale tombe dans l’escarcelle de Nicolas Sarkozy, nul doute que l’application d’un projet qui est le sien ne lui poserait guère de problème d’assimilation.

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