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Marine Le Pen Peut-Elle Conduire L’Opposition À Emmanuel Macron ?

© Getty Images

Largement défaite, la candidate du Front national, si elle ne fonde que peu d’espoirs sur les prochaines élections législatives, espère pouvoir conduire l’opposition à la majorité présidentielle. Mais de nombreux obstacles devraient se dresser sur sa route.

« La candidate progresse de manière considérable, malgré ce système coalisé ». Si David Rachline, directeur de campagne de Marine Le Pen, tente de faire bonne figure sur les plateaux télévisés, la déception est palpable dans les rangs frontistes. Au sens strict de l’arithmétique, le sénateur-maire de Fréjus a entièrement raison. Avec 10,5 millions de voix, le Front national enregistre un score historiquement élevé. Mais c’est bien loin des derniers sondages, et du resserrement annoncé. Pour moult observateurs, le traditionnel débat de l’entre-deux tours a été fatal à Marine Le Pen. Brouillonne, agressive, pour ne pas dire hystérique, la « finaliste » de l’élection présidentielle, actuellement en congé de la présidence du FN, a incontestablement perdu du terrain à l’issue de cette pitoyable prestation télévisuelle. Et ce soir, en dépit des 10,5 millions d’électeurs s’étant portés sur son nom, c’est la soupe à la grimace du côté frontiste. Et déjà les couteaux commencent à s’aiguiser.

Ainsi, Marion Maréchal-Le Pen a, dans la foulée de cette défaite, critiqué certains aspects de la stratégie de Marine Le Pen, notamment en ce qui concernait son changement de position sur l’euro, jugé « trop tardif » par la benjamine de l’Assemblée nationale. Dans sa courte allocution « post-résultats », Marine Le Pen, si elle n’a pas promis de lendemains qui chantent, a toutefois annoncé un « changement en profondeur » du Front national tel que nous le connaissons jusqu’à présent. Un « virage » déjà amorcé dans cette campagne, comme en attestent les affiches et autres professions de foi dépourvues du logo de « la flamme tricolore » ou encore l’alliance, pour la première fois, avec une formation extérieure, en l’occurrence « Debout la France » de Nicolas Dupont Aignan. « Le Front national, qui s’est engagé dans une stratégie d’alliance, doit lui aussi profondément se renouveler, afin d’être à la hauteur de cette opportunité historique et des attentes des Français », a déclaré la finaliste malheureuse de l’élection présidentielle.

Décomposition des partis traditionnels mais…

Si ce scrutin a (temporairement) scellé le sort des formations politiques traditionnelles – Parti socialiste et les Républicains ayant recueilli un score cumulé famélique de 26,04% au premier tour -, Marine Le Pen espère profiter de la recomposition, et, de facto, de la décomposition des partis de gouvernement pour conduire la « nouvelle opposition » à Emmanuel Macron. « Le premier tour a entériné une décomposition majeure de la vie politique française par l’élimination des partis anciens » a déclaré la présidente frontiste. Et d’esquisser les contours du nouveau rapport de force de la vie politique française. « Ce second tour organise une recomposition politique de grande ampleur autour du clivage entre les patriotes et les mondialistes ».

« Nous sommes aujourd’hui la seule force d’opposition crédible et structurée » a souligné, pour sa part, le numéro 2 du Front national, Florian Philippot. La méthode Coué ? Oui, sous certains aspects. Car si, en effet, les partis traditionnels ont « mordu la poussière » lors de ce scrutin, ils sont loin d’être définitivement « rayés des cadres » de la politique française, notamment en ce qui concerne les Républicains. Ainsi, Selon un sondage OpinionWay – SLPV analytics pour “Les Echos”, En Marche! pourrait devenir la première puissance régnante de l’Assemblée nationale avec 249 à 286 sièges… juste devant Les Républicains et leurs alliés centristes, crédités de 200 à 210 sièges, soit peu ou prou le niveau des législatives de 2012.

Un mode de scrutin peu favorable au Front national

Quid du Front national ? Tant qu’une dose de proportionnelle ne sera pas instaurée dans le cadre de ces élections législatives, le parti frontiste est condamné à jouer les utilités dans l’Hémicycle. Dans l’étude susnommée, la formation de Marine Le Pen ne recueillerait « que » 15 à 25 députés. Largement suffisant pour composer un groupe parlementaire mais quantité négligeable pour véritablement peser et influer sur la ligne gouvernementale.

Avec actuellement deux députés, Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard, le Front national multiplierait par 10 sa « présence » dans les travées du Palais Bourbon. Une progression non négligeable… toujours du fameux point de vue arithmétique. Mais, dans les faits, impossible en l’état pour le parti piloté par Marine Le Pen de se proclamer premier opposant à la majorité présidentielle. Le « système coalisé » dénoncé par David Rachline a encore de beaux jours devant lui. Au grand dam de Marine Le Pen et de ses troupes.

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