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Les Patrons Du Digital Bousculent Les Candidats A La Présidentielle

Jamais les entrepreneurs et les chefs d’entreprise n’ont été aussi indécis. Ils regardent Macron avec bienveillance oui, mais ils achètent le programme Fillon. Les candidats à la présidentielle ont été convoqués hier devant les patrons français du digital. Le défilé de mode a été un peu chahuté. Avant cela, tous les candidats ont répondu aux questions du Medef, ou de la CGPME. Partout, les chefs d’entreprise n’en sont pas sortis avec beaucoup plus d’assurance sur l’avenir économique. Beaucoup de bonnes intentions, assez peu de convictions et de détermination à bousculer le système. Or, pour les patrons, la France a besoin d’être secouée et même bousculée.

 

Les chefs d’entreprise se décideront sans doute au dernier moment. Pour l’instant, ils n’ont jamais été aussi indécis sur le bulletin de vote qu’ils glisseront dans l’urne lors du vote de la présidentielle. Le groupe social des entrepreneurs et des chefs d’entreprise est un groupe nombreux mais peuplé d’une population assez diverse, voire hétérogène. Il y a les auto-entrepreneurs, les patrons de PME, les dirigeants d’ETI (Entreprises à Taille Intermédiaire), les champions du digital ; on peut aussi compter avec les gros commerçants, les patrons d’exploitations agricoles et les professions libérales. Toutes ces catégories sociales ont peu de points communs et d’ordinaire, leur vote s’éparpille sur l’échiquier politique, entre la gauche sociale démocrate, le centre et la droite libérale. 

Mais ça c’était avant. Avant la crise. Avant le quinquennat de François Hollande dont ils se considèrent comme les premières victimes. Ces entrepreneurs sont au total plus de 5 millions en France. Et aujourd’hui, ils ont des points communs dans leur lecture de la vie politique française.

1e point : ils considèrent avoir été les premières victimes du quinquennat de François Hollande. Entre le RSI qui a semé la pagaille et la fiscalité qui a écrasé les marges. Ça crée des liens.

2e point : le discours anti-business développé par le précèdent gouvernement les a beaucoup découragés.

3e point : le choc de compétitivité, avec le Cice, leur a donné de l’oxygène, mais trop tard, et a simplement compensé la sur-fiscalité des deux premières années du quinquennat.

4e point : ils n’ont pas supporté les tracasseries sociales et les lourdeurs dans la gestion du personnel. Ils n’ont donc pas supporté la violence du débat contre la loi El Khomri qu’ils défendaient.

5e point : ils n’ont pas supporté d’être considérés comme les responsables du chômage, alors qu’ils sont créateurs nets d’emplois.

6e point : les plus jeunes ont mal vécu la résistance qui s’est levée contre la vague d’ubérisation de l’économie dont ils sont les acteurs, les opérateurs et souvent les premiers bénéficiaires et utilisateurs.

Mais au-delà de ce cahier qui collecte les souffrances de tous les entrepreneurs, ils appartiennent aussi au même monde. Un monde qui travaille avec son argent le plus souvent, un monde qu’ils ont choisi d’habiter pour être libre de tout rapport avec un patron, un monde dans lequel on leur avait promis de toucher les fruits de leur effort et de les redistribuer à leurs collaborateurs et leurs enfants si l’Etat n’était pas venu en ponctionner l’essentiel.

Les entrepreneurs partagent aussi la même ambition, celle de réussir, et si ça n’est pas possible, ils sont tous, à un moment ou à un autre, tentés par l’expatriation vers des écosystèmes plus cléments.

Cette immense tribu a été politiquement séduite par Emmanuel Macron qui a commencé son aventure par un discours très pragmatique, très conscient que l’avenir se jouait à l’exportation, que l’avenir dépendait aussi des progrès technologiques et que la concurrence internationale offrait des opportunités de progrès. Emmanuel Macron appartient à la même génération d’entrepreneur. Dans toutes les études faites dans ces milieux-là, les jeunes entrepreneurs ont toujours considéré que Macron était le candidat le plus capable de comprendre et de défendre la logique d’entreprise.

Seulement voilà, au-delà de l’enthousiasme, les entrepreneurs ont aussi regardé les programmes. Et là, c’est celui de François Fillon qui leur a paru promettre les réformes les plus précises pour libérer l’initiative entrepreneuriale.

On se retrouve aujourd’hui, coté patrons, avec un climat d’indécision totale. Macron oui, mais pour le programme, mieux vaudrait Fillon. Cette schizophrénie s’est aggravée avec les ennuis judiciaires de François Fillon.

Toutes les déclarations des dirigeants patronaux, de ceux du Medef à la Cgpme, en passant par Croissance Plus, les pigeons ou les fonds d’investissement, toutes les déclarations trahissent cet embarras et laissent la porte ouverte à toutes les solutions.

 

L‘idéal pour les patrons serait un président qui ressemblerait à Macron, qui parlerait comme Macron, mais qui emprunterait le programme de Fillon, avec sa majorité pour l’appliquer. Bref c’est un peu la quadrature du cercle.  

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