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Législatives : La République En Marche! Prend Ses Quartiers À L’Assemblée

Emmanuel Macron a réussi son pari. Sa "République En Marche!" a pris d'assaut l'Assemblée nationale.© Getty Images

Sans surprise, les aspirants-députés estampillés République en Marche! ont transformé l’essai de dimanche dernier et seront entre 355 à 365 – sur 577 sièges -, selon les premières estimations, à s’installer dans les travées de l’Assemblée nationale, reléguant l’opposition loin derrière, même si la droite républicaine est parvenue à « sauver les meubles » grâce à la remobilisation de son électorat. Un succès entaché par une participation dramatiquement faible.

Le coup d’essai s’est mué en coup de maître pour la « République en Marche! » chère à Emmanuel Macron. Si, une fois de plus, la très faible participation interroge, le chef de l’Etat dispose officiellement d’une majorité largement à sa main, l’une des plus importantes depuis 1958 et l’intronisation de la Ve République mais finalement très loin du scrutin de 1993 qui avait vu le RPR et l’UDF former deux groupes distincts, respectivement de 257 et 212 députés, soit une force de frappe de 472 parlementaires acquis au gouvernement d’Edouard Balladur (1993-1995) puis d’Alain Juppé (1995-1997). Avant que la dissolution voulue par Jacques Chirac, sur les conseils « avisés » de Dominique de Villepin, mette un terme à l’hégémonie RPR-UDR. Des temps bien lointains à l’heure de contempler la mandature 2017-2022 (hormis catastrophe politique majeure) où la chambre basse s’est ainsi renouvelée d’un tiers, ouvrant la voie à une « nouvelle manière » de faire de la politique, mantra d’Emmanuel Macron durant toute la campagne présidentielle. Auréolés de ce succès éclair – En Marche! n’étant, on ne le rappellera jamais assez, sorti de terre que le 6 avril 2016 soit il y a moins de 14 mois – la président de la République et ses fantassins disposent de toute latitude pour mener à bien leur fameux « projet », même si la victoire est moins écrasante qu’escomptée.

Et c’est là que le plus dur commence, puisque ces élections législatives parachèvent le marathon électoral entamé en novembre de 2016 avec la primaire de la droite et du centre et la victoire de François Fillon, puis les primaires de la « Belle Alliance populaire » et l’émergence de Benoît Hamon avant, enfin, les deux tours de la présidentielle et les élections législatives. Si les Français se sont moins déplacés aux urnes pour cette ultime échéance, l’une des raisons est peut-être à aller chercher dans ce « trop-plein » de sollicitations dans un laps de temps relativement court. Une « lassitude » qui pourrait donc expliquer, en partie, la désaffection des Français pour ce dernier tour de piste. Autre raison, et ce depuis l’inversion du calendrier électoral en 2002, l’opinion peut, parfois, considérer qu’après la victoire d’un candidat à l’élection présidentielle, les « jeux sont faits » pour les législatives qui suivent. Et ne prennent donc pas la peine d’aller voter. Ce qui conduit à des scores « soviétiques » pour le parti de la majorité comme lors de ce second tour. Difficile, dans ce contexte, pour les partis désireux de conduire l’alternance de se faire entendre dans le concert de louanges qui suit l’intronisation du président élu. Le fameux « état de grâce » qu’il semble difficile d’enrayer tant que perdurera ce calendrier électoral.

Pause électorale « bienvenue »

Place désormais à l’action pour Emmanuel Macron et ses troupes puisque le prochain « appel aux urnes » d’envergure hexagonale, terme idoine en ce 18 juin, n’est prévu qu’en 2020 avec les élections municipales (avant cela, en 2019, auront lieu les élections européennes dont les Français se désintéressent notoirement, même si Emmanuel Macron réussira aussi à les rendre attractives sait-on jamais à écouter ses partisans, après avoir réussi tant de « miracles »). Pendant trois ans, l’opinion aura donc les yeux rivés sur l’exercice du pouvoir à la sauce Macron et, comme il est fort d’une majorité acquise à sa cause, elle lui pardonnera encore moins toute sortie de route et tout reniement à ses promesses électorales. Elle n’hésitera pas non plus à critiquer et sanctionner sa politique, le cas échéant. Maintenant, les Français et les éditorialistes de tout bord attendent également de voir comment le chef de l’Etat va garder le cap lorsque les premières houles feront tanguer le vaisseau-amiral En Marche!

Car, si le président de la République peut se targuer de premiers pas particulièrement réussis sur la scène internationale, son comportement sur le front hexagonal interpelle. S’il a pris le parti de restaurer la « posture gaullienne » inhérente à sa fonction et ne s’exprimant plus à tort et à travers comme en avaient pris l’habitude ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et encore davantage François Hollande, dont un livre, fruit de ses confessions à des journalistes a même vu le jour, Emmanuel Macron doit absolument éviter le syndrome de « la Tour d’ivoire ». Un trop long silence sur des tiraillements au sein du gouvernement, par exemple, pourrait être interprété comme manque de « tranchant » et d’autorité de sa part, une spécialité de son ancien « supérieur » François Hollande, connu pour son art de la synthèse et sa volonté de ménager la chèvre et le chou.

« Présider autrement »

Pour le moment, Emmanuel Macron observe mais montre néanmoins des signes qui ne trompent pas. Son ancien lieutenant et désormais ministre de la cohésion des territoires, Richard Ferrand, est dans la tourmente à la suite d’une affaire de favoritisme du temps il officiait aux Mutuelles de Bretagne ? Le président s’affiche ostensiblement avec lui lors d’un dîner, puis d’un déjeuner le jour suivant. François Bayrou s’affiche en matamore de la majorité présidentielle en passant un coup de fil malvenu au chef de l’investigation de Radio France ? Il laisse Edouard Philippe, monter au front, recadrer l’impétueux Garde des Sceaux. Avant de laisser courir le bruit (au regard de sa communication verrouillée à triple tour, presque rien ne « sort » sans son assentiment, une marque de fabrique éprouvée durant la campagne) que le maire de Pau, en cas de récidive, pourrait être remplacé car « le président n’aime pas cela, c’est de la vieille politique », selon un membre de sa garde rapprochée cité par la première radio de France, RTL. « Maître des horloges », comme il aime à se définir, l’heure est désormais au travail afin que la République En Marche! ne se prenne pas les pieds dans le tapis de la réalité de l’exercice du pouvoir.

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