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Le MoDem, L’Autre Gagnant Des Législatives, Perd Sylvie Goulard

En réussissant le prodige d’envoyer une quarantaine d’élus sur les bancs du Palais Bourbon, le MoDem s’offre une spectaculaire renaissance grâce à l’alliance nouée avec Emmanuel Macron le 22 février dernier, et se voit comme l’autre pilier de la majorité présidentielle. Même si ce retour au premier plan est terni par la démission, intervenue ce matin, de l’un des principaux ministres MoDem du gouvernement, Sylvie Goulard.

Deux de chute pour le gouvernement Philippe. Après Richard Ferrand, c’est au tour de la ministre des Armées, Sylvie Goulard, de quitter le gouvernement au lendemain du triomphe de la République en Marche! aux législatives et de son allié MoDem, formation dont est issue la future ex-ministre. Raison invoquée par l’ancienne députée européenne : démontrer « sa bonne foi » dans l’enquête préliminaire sur les soupçons d’emplois fictifs du MoDem au Parlement Européen. « Le président de la République a entrepris de restaurer la confiance dans l’action publique, de réformer la France et de relancer l’Europe », développe la ministre dans un communiqué transmis par son cabinet. Et de poursuivre : « Cette entreprise de redressement doit l’emporter sur toute considération personnelle ». Avant de sonner le glas de son ambition ministérielle. « C’est pourquoi j’ai demandé au président de la République, en accord avec le Premier ministre, de ne plus faire partie du gouvernement », ajoute-t-elle, alors que la composition du nouveau gouvernement doit être connue avant mercredi soir. Sylvie Goulard souhaite ainsi, par cette démission, que les polémiques et autres accusations n’entachent pas son travail au ministère. « La mission de défense impose une exigence particulière. L’honneur de nos armées, celui des hommes et des femmes qui y servent, parfois au péril de leur vie, ne sauraient être mêlés à des polémiques auxquelles ils n’ont aucune part ».

Une épine dans le pied de l’exécutif qui n’avait pas forcément anticipé ce départ, d’autant plus que, traditionnellement, le gouvernement nommé au lendemain des législatives est davantage un gouvernement « d’ajustement » plutôt qu’un gouvernement remodelé. Or, avec le départ de Richard Ferrand, « fidèle parmi les fidèles » d’Emmanuel Macron, même s’il n’occupait pas un poste stratégique, et celui, plus « problématique », de Sylvie Goulard de l’hôtel de Brienne, c’est un maroquin régalien qui doit rapidement trouver preneur. « Le remplaçant de Richard Ferrand sera bon, on verra s’il vient des Républicains ou d’ailleurs », a souligné Edouard Philippe mardi, estimant avoir plusieurs idées en tête. Alors la nomination d’une figure de l’opposition à la Défense est-elle également envisageable, à l’image de la citadelle Bercy désormais occupée par deux figures des Républicains, Bruno Le Maire à l’économie et Gérald Darmanin au Budget ? Si une telle annonce devait intervenir, la majorité mettrait un énième coup de canif à une opposition en lambeaux. Autre « équilibre » à respecter pour l’équipe d’Emmanuel Macron : la parité. Car si, en effet, le gouvernement répondait à la stricte exigence de parité – 11 hommes 11 femmes – Sylvie Goulard était la seule femme à occuper un ministère régalien et la première dans l’ordre protocolaire derrière les trois ministres d’Etat : Colomb, Hulot et Bayrou.

L’équation compliquée de Bayrou

Ce dernier, en tant que Garde des Sceaux, occupe une position résolument compliquée puisqu’il est également en charge du premier projet phare du quinquennat, la loi sur la moralisation de la vie publique… alors qu’il figure, encore davantage que Sylvie Goulard, dans le collimateur des enquêteurs au regard de son statut de président du MoDem. Pourrait-il, dès lors, lui aussi quitter le gouvernement ? Le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a démenti cette probabilité… avant le « déplacement » de Ferrand du gouvernement à l’Assemblée nationale. « Les ministres soupçonnés d’avoir eu recours aux emplois fictifs n’ont pas vocation, en tout cas pour cette raison, à être remplacés ». Et de poursuivre. « Toute personnalité politique, tout ministre mis en examen doit quitter le gouvernement. Aucun des deux n’est mis en examen dans une quelconque affaire ». Ce qui n’a pas empêché l’exfiltration de Ferrand vers le Palais Bourbon. Comme quoi la vérité du jour n’est jamais celle du lendemain.

Pour autant, Emmanuel Macron prendra-t-il le risque de se séparer de son « allié du 22 février » alors qu’une désormais ancienne ministre estampillée MoDem a quitté le navire pour préparer sa défense ? Si l’attitude et l’indiscipline de François Bayrou ont agacé le chef de l’Etat, lorsque le ministre avait téléphoné au directeur des investigations de Radio France pour se plaindre des méthodes employées par les journalistes enquêtant sur les assistants parlementaires du MoDem, il semblerait que le turbulent Bayrou soit, depuis, rentré dans le rang. Donc, aucune raison de le remplacer. A priori. D’autant plus qu’avec la démission de Sylvie Goulard, le nombre de ministres MoDem passe de 3 à 2, ce qui correspond davantage au « poids » du deuxième pilier de la majorité présidentielle.

Plus de 40 parlementaires MoDem

Car, en effet, l’inattendue démission de Sylvie Goulard relègue au second plan l’excellente performance du MoDem qui, de formation politique moribonde avec moins de 3 élus au Palais Bourbon dans la précédente mandature, est parvenu à propulser – grâce à un accord savamment négocié – plus d’une quarantaine d’élus dans l’hémicycle. De quoi se refaire une santé politique… et financière, et disposer de tous les avantages inhérents à la constitution d’un groupe. Une première dans l’histoire du MoDem qui n’a jamais réussi à envoyer autant d’élus au sein d’une assemblée. La République en Marche!, même si elle dispose à elle seule de la majorité absolue, ne devrait pas prendre le risque de débarquer François Bayrou du gouvernement et ainsi braquer son nouvel allié parlementaire et créer les conditions du désordre de la majorité avant même son installation officielle. Mais de nombreux coups de théâtre peuvent encore intervenir d’ici mercredi 18h.

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