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Gaspard Gantzer : Il Faut Oser Pour Capter L’Attention Médiatique 

Camarade d’Emmanuel Macron à l’ENA dans la promotion Léopold Sédar Senghor, Gaspard Gantzer a joué un rôle clé dans le quinquennat de François Hollande. Il a été Conseiller en communication du Chef de l’Etat pendant 3 ans. Une figure attentive et intuitive, en lien avec les journalistes, avec toujours cette volonté de ne pas enfermer le Président de la République dans un entre-soi.  Interview.  
  
 
La communication d’un Président de la République nécessite-t-elle une part d’audace? De quelle manière ? 
 
Gaspard Gantzer : Oui, bien entendu. Il faut savoir surprendre, sortir des sentiers battus, oser, pour capter l’attention médiatique et faire passer les messages souhaités. Par exemple, c’est que j’ai conseillé au Président Hollande de faire quand il a donné une interview au magazine Society, participé à l’émission Le Supplément sur Canal plus ou L’œil du tigre sur France inter ou encore échangé avec les salariés de Konbini.
 
Qu’avez-vous appris durant ces années auprès du Président François Hollande ? 
 
J’ai eu à gérer à peu près toutes les situations de crise possible et imaginable. J’ai aussi eu la chance de vivre de l’intérieur la révolution numérique. Elle a bousculé toutes les règles de la communication politique. Aujourd’hui, les distinctions traditionnelles entre communication interne et externe, ON et OFF, international et national ou encore image et message ont volé en éclats. Le plus important est dorénavant de construire en amont une image et des messages cohérents et de maitriser leur distribution dans les médias, qu’ils soient traditionnels ou numériques.
 
Les prises de parole de François Hollande ont été nombreuses tout au long du quinquennat. La transparence est-elle devenue une exigence de la part des citoyens ? De quelle manière est-elle constitutive de la communication ? 
 
La transparence est un paramètre essentiel de la démocratie. Dans une dictature, vous pouvez tout cacher et la liberté de la presse n’a pas lieu d’être. Dans une démocratie, il faut que les citoyens sachent comment les décisions sont prises et que les médias puissent jouer leur rôle de contre-pouvoir. Je ne crois cependant pas à la transparence absolue. Le secret doit exister, notamment pour tout ce qui concerne la sécurité nationale.
 
« Dans une démocratie, il faut que les citoyens sachent comment les décisions sont prises. »
 
Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de la présidence Hollande ? 
 
Que c’est un homme honnête et courageux qui a redressé un pays en crise, permis à la société de progresser, notamment avec le mariage pour tous et l’accord de Paris sur le climat, et a fait face avec une grande dignité aux attentats les plus terribles de notre histoire.
 
Les chaînes d’information en continu sont devenues les formats normatifs pour le politique. Comment s’inscrire dans un temps long ? 
 
Les chaînes d’information en continu fonctionnent sur une temporalité très courte, mais il ne faut jamais perdre de vue que les citoyens ne retiennent que ce qui s’inscrit dans le long terme. Le plus important, c’est donc le sens que l’on donne à son action et les réalisations concrètes. Le reste, ce n’est que l’écume.
 
« Le plus important, c’est donc le sens que l’on donne à son action et les réalisations concrètes. »
 
Votre vision de la communication a-t-elle changée? Votre appréhension de l’espace public et de ses acteurs ? 
 
Oui, nécessairement. Les acteurs médiatiques se sont diversifiés. Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont les médias les plus structurants. C’est là que l’audience est et que l’audience se fait. Cela doit donc être la première préoccupation de ceux qui veulent s’adresser au plus grand nombre.
 
Vous avez initié nombre d’initiatives pour retisser un lien entre le Président de la République et les citoyens. En quoi était-ce important? Quel est le juste équilibre à avoir, d’après vous entre stature et proximité ? 
 
Sans un lien fort entre le Président et le peuple, il n’y a plus de démocratie. Le Président est élu pour 5 ans, mais il doit rendre des comptes et garder le contact avec les citoyens. Cette proximité doit être conjuguée en permanence avec la solennité qui doit prédominer pour tout ce qui concerne les questions régaliennes.
 
« Sans un lien fort entre le Président et le peuple, il n’y a plus de démocratie. »
 
Si vous deviez donner un mot pour définir les premières semaines d’Emmanuel Macron en tant que Président de la République ?
 
Jupitérien.
 
La phrase qui vous inspire ?
 
« Il meurt lentement celui qui ne change pas de cap, celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves, celui qui, pas une seule fois dans sa vie, n’a fui les conseils sensés. Vis maintenant ! Risque-toi aujourd’hui ! Agis tout de suite ! Ne te laisse pas mourir lentement ! Ne te prive pas d’être heureux ! » C’est de Pablo Neruda.
 
 
Propos recueillis par Mathilde Aubinaud
 

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