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Et Maintenant Le Simulateur De Revenu Universel…

© Getty Images

A la peine dans les sondages, Benoît Hamon tente de redonner un semblant de direction à une campagne qui patine en lançant une application qui permet à chacun de savoir ce que lui rapportera la mesure phare du candidat du Parti socialiste si celui-ci accède à l’Elysée. Une caravane sillonnera également les routes de France pour défendre, « au plus près des Français », le revenu universel

Benoît Hamon a le mérite de la persévérance. Après avoir triomphé lors de la primaire de la « Belle Alliance Populaire », le candidat investi par le Parti socialiste s’évertue depuis de nombreuses semaines à faire montre de pédagogie autour de sa mesure emblématique : le revenu universel. Sous le feu nourri des critiques de ses adversaires de la primaire, le « revenu universel d’existence » trouve également ses limites dans l’opinion. Mal ficelé, mal expliqué, irréaliste… les difficultés s’amoncellent pour le candidat qui a dû revoir sa copie à maintes reprises et envoyer moult de ses soutiens au front pour défendre mordicus une réforme dont on a encore du mal à cerner les contours.

Voué aux gémonies pour son coût exorbitant supposé – 349 milliards d’euros selon l’institut Montaigne – le dispositif a donc subi, dernièrement, un énième toilettage, ce qui correspond peu ou prou à la quatrième version de la réforme. « Nous ne sommes pas du tout dans un ordre de grandeur de 300 milliards. Les montants sont plutôt proches de quelques dizaines de milliards, sans rogner sur les ambitions », soulignait, dans les colonnes des Echos, Julia Cagé, l’économiste en charge du projet dans l’équipe de Benoît Hamon… qui réclamait avec d’autres, comme Thomas Piketty, Emmanuel Saez (université de Californie à Berkeley), et Antoine Bozio (École d’Économie de Paris), dans une tribune publiée dans Le Monde en janvier dernier, une remise à plat du dispositif. « Un revenu universel correctement conçu et précisé peut constituer un élément structurant de la refondation de notre modèle social », soulignaient-ils à l’époque.

Du « concret »

Insuffisant visiblement pour convaincre l’opinion et surtout asseoir son socle électoral sur le point de vaciller au profit de Jean-Luc Mélenchon, incontestablement l’homme en forme de cette fin de campagne. Oscillant au sortir de la primaire entre 13 et 14%, Benoît Hamon flirte désormais dangereusement avec les 10% et pourrait même tomber sous ce seuil symbolique s’il ne reprend pas la main sur sa campagne.

Constatant avec une certaine lucidité que son revenu universel, au-delà du cercle (très) restreint de la primaire, n’imprimait pas dans l’opinion, Benoît Hamon a pris le parti de jouer la carte de l’interactivité avec la mise en place, sur son site internet, d’une application permettant à tout un chacun – et de facto potentiel électeur – de calculer lui-même combien lui rapporterait cette mesure en termes de pouvoir d’achat, si Benoît Hamon accédait aux plus hautes fonctions.

Offensive médiatique

«On a besoin de mieux communiquer et d’aider nos militants. Les personnes qu’ils croisent sur le terrain ont encore plein de questions précises. Ce que ça apporte aux indépendants, aux chômeurs, aux étudiants…», abonde Julia Cagé dans Libération. « Une volonté de précision » dont espère profiter le candidat qui va d’ailleurs se montrer particulièrement offensif dans les médias puisque, outre le débat de demain soir, il va intervenir dans pas moins de six émissions de radio et TV. Signe manifeste de son ambition de regagner du terrain sur Jean-Luc Mélenchon.

Mais cela sera-t-il suffisant ? Le candidat et ses équipes l’espèrent, surtout après le fiasco de sa conférence de presse de mercredi dernier où, aux abois, il lançait un énième appel au rassemblement au candidat de la France insoumise. Un « appel » qui ressemblait à s’y méprendre à un cri de désespoir. A trois semaines du premier tour, le temps presse pour Benoît Hamon de « relancer la machine » sous peine de faire du Parti socialiste la « cinquième » force politique du pays. Une chute inexorable qui prendrait alors des allures crépusculaires pour la formation fondée par François Mitterrand en 1971 à Epinay.

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