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Emmanuel Macron Marche A Grands Pas Vers 2017

Crédit Photo : Francois Pauletto Corbis / Getty Images

Le turbulent ministre de l’Economie a tenu, hier soir à la Mutualité, le premier meeting de son mouvement « En Marche ! » , fustigeant le « système » et l’ordre établi, avec en ligne de mire, l’élection présidentielle de 2017.

Attendu de pied ferme. Emmanuel Macron l’était ce mardi soir aux abords de la salle parisienne historique de la gauche, la Mutualité, par des militants…anti-loi Travail qui s’étaient armés d’œufs et de slogans peu flatteurs pour le ministre, raillant notamment son passé de banquier aux cris de « Macron, bourgeois, rentre chez toi ! ».

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Mais du ministre de l’Economie, ils n’apercevront même pas la silhouette. L’intérieur de la Mutualité étant entièrement dévolu aux « militants » de l’ancien banquier d’affaires. Vêtus de tshirts immaculés, symbole de la pureté originelle d’un homme politique « hors-sol », loin du sérail, ces derniers battent déjà la campagne, tentant de convaincre les plus récalcitrants de la « nouvelle donne » incarnée par le trublion Emmanuel Macron. « Il est vraiment génial, il a déjà révolutionné la manière de faire de la politique, j’espère qu’il ira jusqu’au bout », enchérit Louise, arborant au poignet un bracelet « je marche ».

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Dès 19h, la salle est pleine à craquer et un public chauffé à blanc contemple une scène sur laquelle prend place bon nombre soutiens du ministre de l’économie, la plupart issus de la société civile. Puis vient le ballet interminable des intervenants, entre la militante « de la première heure », l’ancienne pensionnaire de la Silicon Valley, « rentrée en France pour Emmanuel », arrive le long soliloque indigeste de l’écrivain Alexandre Jardin. Un plaidoyer étriqué pour les « faiseux », exhortant Emmanuel Macron à « gagner le pouvoir » pour ensuite le rendre aux territoires. Point d’orgue de cette intervention lunaire, ayant suscité quelques crispations du public au regard de sa (trop) longue durée, la dernière mise en garde d’Alexandre Jardin contre les égos surdimensionnés en politique…après s’être agrippé au micro.

 « Rien de mieux qu’un ancien banquier pour faire sauter la banque »

Après l’intervention de  de Richard Ferrand, député socialiste du Finistère, avouant « prendre des risques » ce soir, et estimant « qu’il n’y a rien de mieux qu’un ancien banquier pour faire sauter la banque » Emmanuel Macron entre en scène, au propre comme au figuré. Chaudement acclamé et vêtu d’un costume bleu électrique, chemise blanche sans cravate, le ministre de l’Economie prend la parole. La mise en scène est calibrée et ressemble à s’y méprendre à celles du meeting de 2010 de la Halle Freyssinet de Dominique de Villepin, lors du lancement de République Solidaire,  ou de Ségolène Royal, pendant de sa fameuse « fête de la Fraternité » en 2012. La forme est incontestablement réussie et solidement travaillée. L’éloquence d’Emmanuel Macron l’est également, les progrès d’élocution étant particulièrement notables. Le locataire de Bercy, peu habitué aux tréteaux, réussit avec une maestria certaine à électriser la foule. Le fond, en revanche, suscite moult interrogations, notamment quand l’ancien énarque et ex-banquier d’affaires chez Rothschild attaque bille en tête le système, incitant la foule à écrire avec lui « une nouvelle histoire ».

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« Vous avez pris un risque, nous avons pris des risques car nous ne sommes pas toujours bien vus des partis », renvoyant dos à dos la majorité présidentielle, à laquelle il appartient toujours – même si pour moins que cela Arnaud Montebourg et Benoît Hamon avaient été priés de faire leurs cartons- et l’opposition avant d’asséner « que l’histoire que nous sommes en train d’écrire dérange, et j’en sais quelque chose, le système et l’inquiète même ». Confessant, ensuite sa folle envie « de voir les choses changer ». Après cette attaque en règle, Emmanuel Macron va rappeler, si besoin était, son ancrage politique. « Je suis de gauche, c’est mon histoire, c’est ce qui m’a fait ». Et de mentionner, pour la seule et unique fois de la soirée, le président de la République « qui m’a fait confiance et que je ne remercierai jamais assez, car il n’y a pas plus belle chose que de servir son pays ».

L’hommage à Rocard, le coup de poignard à Valls

Aucune allusion, en revanche, à Manuel Valls. Ou plutôt si, subliminale, mais tout aussi dévastatrice, à savoir la référence à Michel Rocard, mentor du Premier ministre. « Je ne peux pas, ne pas penser, un soir comme celui-ci, à Michel Rocard », déclenchant immédiatement une standing-ovation du public. Et d’ajouter, comme pour souligner la proximité idéologique entre lui et l’ancien Premier ministre, le fait que Michel Rocard, lui-même, était très surpris par « En Marche ! », mais se gardant bien de revendiquer son héritage. « Des gens ont essayé de le récupérer de son vivant, ils n’ont pas réussi. Et je souhaite bon courage à tous ceux qui voudraient le récupérer maintenant. ». Avant de rendre hommage à l’épouse de l’ancien meilleur ennemi de François Mitterrand, Sylvie, présente dans la « délégation » du ministre de l’Economie et qui sera chaudement applaudie. Pour une « non-récupération », la démarche a de quoi interloquer. Et d’asséner le coup de grâce à Manuel Valls, estimant secondaire « la question de l’interdiction du voile à l’université », vieille lubie de l’ancien maire d’Evry.

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« Jusqu’à la victoire »

Emporté par sa fougue et son élan, déambulant d’un bout à l’autre de la scène, Emmanuel Macron « joue » avec le public et multiplie les saillies drolatiques, notamment lorsqu’il dresse le portrait de son mouvement. « Ce rassemblement qui n’est pas là pour plaire, mais qui est là pour faire », affirmant à son public qu’il n’est pas venu assister à un énième Congrès, référence à peine masquée aux querelles d’appareils et de personnes lors des Congrès du Parti socialiste. L’ambiance retombe ensuite, quelque peu, le ministre enchaîne les poncifs et les plaidoyers « pro-libéraux », et déroule son action au ministère. Pas l’ombre d’une proposition concrète en revanche, Emmanuel Macron se bornant à parler de la feuille de route de son mouvement qui rendra « un diagnostic » sur la santé du pays au sortir de l’été.

Mais galvanisé par la foule qui sort de sa torpeur après ce long tunnel, le fougueux ministre de l’Economie reprend ses habits de « candidat qui ne dit pas son nom ». « Vous ne vous seriez pas imaginé ici, ce soir, à mes côtés il y a trois mois, alors imaginez où nous serons dans trois mois, dans dix mois ou encore dans un an ». Dans une ambiance électrique, où les « Macron Président » émanent des quatre coins de la salle -le ministre remerciant chaudement ses admirateurs, main sur le cœur-, l’ancien conseiller de François Hollande livre sa vision de l’avenir. « Nous allons prendre tous les risques et je vais les prendre avec vous. Ce mouvement nous le porterons jusqu’en 2017, jusqu’à la victoire ». Rendez-vous est pris.

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