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Congrès De Versailles : Emmanuel Macron Veut Bâtir « L’Etat-Providence du XXIe Siècle »

Getty Images

Après un discours inaugural l’an passé, Emmanuel Macron récidive, fidèle à sa promesse de venir « rendre compte » de son action devant la représentation nationale réunie en Congrès sous les ors du château de Versailles.  Entre rétrospective, bilan d’étape, perspectives, mea culpa, sans oublier, au passage, d’enfoncer quelques portes ouvertes, le chef de l’Etat a tenté de renouer le lien, quelque peu distendu ces dernières semaines, avec les Français.

« Je n’ai rien oublié ». Tel son prédécesseur François Hollande qui avait redonné ses lettres de noblesse à l’anaphore avec son célèbre « Moi, président » passé depuis à la postérité, son ancien ministre Emmanuel Macron aujourd’hui à l’Elysée a décidé de redonner « un peu de fraîcheur » à cette figure de style. Exit donc le « Moi, président » pour le plus  humble  « Je n’ai rien oublié », décliné à foison cet après-midi à Versailles. « Je n’ai rien oublié du choix qu’a fait la France il y a une année »… « Je n’ai rien oublié des peurs et des colères accumulées depuis des années « … en passant par l’anaphore prophétique  « Je n’ai rien oublié… et je n’oublierai pas ».  Après ce propos liminaire, le chef de l’Etat s’est livré à un premier (petit) exercice de contrition, arguant notamment qu’il savait qu’il ne pouvait pas tout réussir. « Tout président connaît le doute et je n’échappe pas à la règle ». Avant néanmoins  de défendre bec et ongles son bilan, tout en rendant hommage à l’efficacité et au professionnalisme des deux chambres, dont certains parlementaires (la totalité du groupe de la France Insoumise et quelques LR) avaient purement et simplement décidé de ne pas se rendre à Versailles pour écouter le président de la République.

Critiquant un exercice d’autocélébration, une partie de l’opposition devra sans doute ciseler d’autres arguments l’année prochaine pour justifier son absence, Emmanuel Macron ayant annoncé – sans doute ce qu’on retiendra de ce long laïus monocorde d’une heure trente pile – la volonté du gouvernement de déposer un amendement dans la prochaine réforme constitutionnelle afin de permettre au chef de l’Etat d’assister aux prises de parole des responsables de l’opposition… mais également de leur répondre ensuite. Une véritable innovation.  Pour le reste, Emmanuel Macron est revenu sur les principaux engagements tenus de la première année de son quinquennat, n’oubliant pas de donner un satisfecit au « travail effectué » par les députés et les sénateurs  durant ce premier exercice particulièrement rythmé, quitte à asséner quelques évidences. Citons notamment le « je crois au bicamérisme qui garantit une démocratie équilibrée », ou encore « un peuple qui se disloque se condamne lui-même à échouer ». Avant de reprendre un peu de hauteur pour saluer la réforme « sans précédent » de la SNCF qui a « sauvé d’une faillite certaine notre système de transports publics ».  

« Je n’aime ni les castes, ni les rentes, ni les privilèges »

Le président de la République s’est ensuite montré plus résolu, voire même un peu plus incisif, au moment de « tordre le cou » à certains poncifs sur sa personne ou, par extension, sur son action. « Je n’aime ni les castes ni les rentes ni les privilèges », a-t-il, par exemple, asséné.  Il s’est aussi présenté comme le chantre d’un capitalisme populaire retrouvé, sans oublier de porter l’estocade à l’une des mesures les plus impopulaires du quinquennat précédent, la taxe à 75% qui, non contente d’être inopérante, « n’a pas amélioré la vie de qui que ce soit… sauf de certains gestionnaires de fortune au Luxembourg, en Suisse et aux Iles Caïmans ». Voilà François Hollande rhabillé pour l’hiver, lui qui n’a pas ménagé ses coups, dans le cadre de la promotion de son livre, contre la politique jugée à ses yeux trop favorable aux plus riches, de son jeune successeur.

Sur le front économique, fidèle à son sens de la formule, Emmanuel Macron a érigé sa priorité pour « l’année qui vient », à savoir « bâtir l’Etat-providence du 21e siècle. Un Etat-providence émancipateur, universel, efficace, responsabilisant », sans pour autant donner un complément d’informations bienvenu concernant sa mise en œuvre.  Qu’importe d’ailleurs pour des députés de la majorité faisant la « claque » à (presque) chaque fin de phrase du chef de l’Etat, quitte à donner, forcément, moins de crédibilité et de force à ses propos. Seule fausse note pour le « rouleau compresseur » LREM, la question des pensions de réversion – à laquelle le président de la République a répondu que « rien ne changera pour les retraités » –  qui a eu le mérite de réveiller une opposition en état quasi léthargique depuis le début du discours, au point de provoquer un gros brouhaha que  la majorité présidentielle a eu quelques peines à dissiper.   Pour le reste, rien à signaler lorsque Emmanuel Macron a vanté les mérites d’une loi PACTE devant permettre « de faire grandir les entreprises en rendant les réglementations moins contraignantes » ou au moment de plaider pour une « France devant renouer avec une politique de filière ambitieuse et choisir des secteurs clés ». Avant de tirer sa révérence sous les forts applaudissements d’une majorité présidentielle tandis que l’opposition restait assise. Certaines habitudes ont la vie dure.  « Nouveau monde » ou pas. 

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