logo_blanc
Rechercher

Comment Anne Hidalgo Espère Reconquérir Paris

© Getty Images

Sous le feu nourri des critiques, l’édile de Paris, Anne Hidalgo, pose les jalons de sa candidature aux municipales de 2020 avec, pour feuille de route, un « programme de coalition » articulé autour de trois axes : attractivité économique, environnement et solidarité.

« Le World Economic Forum souligne que Paris est la troisième ville au monde la mieux gérée, derrière Londres et New York ». Dans un entretien fleuve accordé à Libération, Anne Hidalgo fourbit ses armes et cisèle ses arguments dans la perspective de sa candidature pour 2020. Une élection sous haute tension pour la « sortante » qui doit faire face à des critiques tous azimuts ces derniers mois. Dernière en date : la cérémonie des Césars ce vendredi soir où elle a essuyé une bordée de sifflets, le maître de cérémonie, l’humoriste Manu Payet ironisant sur la durée de la cérémonie… et lançant une petite pique amicale à l’édile de la capitale.  « Un peu plus de deux heures de cérémonie et certains commencent à avoir les jambes lourdes. D’autres sentent des fourmis dans les pieds. Alors mon conseil, c’est d’aller voir directement Mme Hidalgo pour tout ce qui est problèmes de circulation ». Une « blague » faisant évidemment allusion à la grogne de certains Parisiens, et de l’opposition municipale, à la piétonnisation à marche forcée des voies sur berges.  Une sortie anecdotique mais qui témoigne néanmoins du « climat » autour de l’ancienne première adjointe de Bertrand Delanoë, qui garde la tête froide et cultive encore l’espoir de rassembler, malgré plusieurs déconvenues.

Elle a d’ailleurs fait preuve de sa fermeté justement sur ce dossier puisque la maire de Paris a décidé de ne pas se plier à la décision de justice annulant la fermeture desdites voies sur berge. Elle a ainsi fait état de sa volonté de prendre un arrêté permanent « avec le soutien de l’Etat ».  Une position qui « renforce » sa réputation de rigidité, même si elle s’en défend dans les colonnes de Libération.   « Quand je regarde le parcours de la plupart des femmes politiques dans notre pays, je constate qu’elles ont toutes été taxées d’autoritaires, de rigides. Pas une n’a échappé à ça. Regardez Edith Cresson, Martine Aubry, Michèle Alliot-Marie, Ségolène Royal… Même Simone Veil, quand elle portait la loi sur l’avortement ». Et de poursuivre. « Quand une femme exerce ses responsabilités, on dit qu’elle est autoritaire, voire autoritariste. Quand c’est un homme, cela fait partie des fondamentaux, de la capacité à transformer les choses ». Si sa cote de popularité auprès des Parisiens n’est plus au zénith (l’épisode Vélib’ et autres polémiques sur la propreté de la capitale ayant encore creusé cette défiance), Anne Hidalgo croit toujours en son étoile.

Contenir la « République en Marche ! »

Pour ce faire, la maire veut (largement) rassembler bien au-delà du camp socialiste qui s’apparente à un vaste champ de ruines à l’échelle nationale. Et surtout contenir les velléités de la République en Marche ! qui pourrait être tentée de faire cavalier seul, le nom de Benjamin Griveaux, « proche parmi les proches » d’Emmanuel Macron, revenant avec insistance.  Contrairement d’ailleurs au début de sa mandature et plus encore durant la campagne présidentielle, Anne Hidalgo a rangé ses critiques contre le chef de l’Etat, les deux personnalités pouvant d’ailleurs se targuer d’avoir gagné la nomination de Paris pour accueillir les Jeux Olympiques 2024. Ménager le président de la République et ainsi créer les conditions d’une candidature de coalition portée par la maire sortante ? C’est visiblement l’objectif. « Je suis une femme de gauche, social-démocrate, écolo et européenne », souligne-t-elle. « Je ne suis pas connue pour être quelqu’un qui s’enferme dans une écurie ». Fin de citation.

Et la maire en « titre » veut jouer sur ses thématiques de prédilection, à savoir l’environnement et l’attractivité économique pour convaincre les fantassins LREM de se rallier à sa bannière. Pas vraiment en « ordre de bataille » en l’état, le parti présidentielle joue la montre. De l’autre côté de l’échiquier politique, à droite, les couteaux s’aiguisent également. Mais la droite parisienne, connue et reconnue pour son manque de cohésion et sa définition toute relative de la solidarité derrière un candidat, navigue encore en eaux troubles. Si Valérie Pécresse, présidente de la région île-de-France, pourrait reprendre le flambeau laissé vacant par Nathalie Kosciusko-Morizet, d’autres à droite échafaudent des scénarii plus farfelus.  Ainsi, Jean-François Copé milite pour un attelage entre la République en Marche ! et Les Républicains pour vaincre « le danger Hidalgo ». Hautement Improbable. Une perspective également battue en brèche par Florence Berthout, maire du Ve arrondissement et autre cacique de la droite parisienne, estimant cette perspective «  pas à l’ordre du jour ».  Anne Hidalgo profitera-t-elle de ce « flou artistique » pour renouveler son bail à l’Hôtel de Ville ? Les grandes manœuvres ne font que commencer.

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC