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Amiens-Whirlpool : Pendant Ce Temps-Là… Le Chômage Explose

© Getty Images

Alors que tout le monde était focalisé sur « la bataille des images » entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron face aux ouvriers de Whirlpool hier après-midi, le nombre de demandeurs d’emploi a explosé au mois de mars… dans une indifférence quasi -générale.

Les images sont dévastatrices… dans un premier temps pour le camp Macron. Alors que l’ancien ministre de l’Economie est enfermé dans une salle avec des représentants syndicaux de l’usine de Whirlpool à Amiens – terre de naissance du candidat d’En Marche! -, Marine Le Pen prend la pose, toutes dents dehors, au milieu des salariés en lutte pour la survie leur usine. Accueilli ensuite par ces mêmes salariés sous les sifflets, les insultes et les quolibets, Emmanuel Macron ne se démonte pas et déroule ses propositions pour revitaliser les zones désertées par les entreprises. Au terme d’un dialogue d’une heure trente, parfois houleux mais toujours empreint de franchise, le candidat d’En Marche!, critiqué pour sa passivité en ce début de campagne de second tour, repart sous les applaudissements, récoltant au passage les « félicitations » de François Ruffin, réalisateur du brûlot « Merci Patron! », saluant le courage de l’ancien conseiller de François Hollande d’être « venu au milieu de la mêlée ». « Ce que je veux, au-delà des mesures déjà annoncées, c’est un vrai ‘plan Marshall’ de la réindustrialisation de nos territoires économiquement perdus », déclarera le candidat quelques heures plus tard en meeting à Arras, critiquant au passage la promesse de Marine Le Pen de sauver l’usine Whirlpool, qui relève selon lui de la pure démagogie.

« L’honneur est sauf » pour Emmanuel Macron qui, en plus d’avoir fait montre de pédagogie et d’avoir écouté les doléances des ouvriers en tentant de trouver des solutions, a, au passage, repris la main sur une campagne qui patinait dangereusement depuis dimanche 22H et son discours de « victoire » sans souffle et le « catastrophique » – l’image toujours – passage à la Rotonde, où le candidat donnait l’impression de « fêter » sa réussite quand Marine Le Pen et le Front national réunissaient plus de 7 millions d’électeurs, s’ouvrant les portes du second tour de l’élection présidentielle pour la seconde fois en 15 ans.  Pas de quoi pavoiser a priori.

Des chiffres catastrophiques

Pourtant, dans ce torrent d’images passant en boucle sur les chaînes d’information en continue, une autre information, parue quelques heures plus tard, semblent avoir été complètement reléguée à l’arrière-ban de l’actualité. Il s’agit d’un « élément » qui pendant cinq ans, à chaque fin de mois, a été décrypté, décortiqué, scruté au point de devenir l’alpha et l’omega de la vie politique hexagonale, au point de « lier » son destin à une potentielle candidature de François Hollande à sa propre succession  : les chiffres du chômage. Ainsi, pour la première fois du quinquennat, cette publication s’est littéralement trouvée ensevelie sous le flot des images et des face-à-face Macron-Le Pen sur le parvis de l’usine de Whirlpool, aux confins des brumes de la Somme.

Et c’est manier la litote que de dire que les chiffres du mois de mars sont tout bonnement catastrophiques. En effet, le chômage est reparti en nette hausse en mars, repassant au-dessus du seuil de 3,5 millions d’inscrits à Pôle emploi en catégorie A pour la première fois depuis septembre dernier, selon les chiffres publiés mercredi par le ministère du Travail. Si l’année 2016 a toutefois permis la fameuse « inversion de la courbe » clamée à corps à cris par François Hollande… avec trois ans de retard, le chantier reste immense pour son successeur.

Inquiétant

Dans le détail, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (sans aucune activité) a enregistré le mois dernier sa plus forte hausse mensuelle depuis septembre 2013 et progressé de 1,3%, soit 43 700 personnes supplémentaires. Les effectifs dans cette catégorie ont ainsi atteint 3 508 100 inscrits, soit 585 500 personnes de plus qu’en mai 2012, au début du quinquennat de François Hollande. Il s’agit de leur plus haut niveau depuis août 2016, alors qu’ils n’avaient que peu évolué au cours des deux premiers mois de l’année.

Une réalité sur laquelle devront sérieusement plancher les deux prétendants à la victoire finale ces prochains jours. La communication et les belles images ne parviendront pas à endiguer le fléau du chômage. Mais une fois la campagne digérée et le nouveau résident de l’Elysée désigné par les Français, la publication mensuelle des chiffres du chômage devrait reprendre une place en adéquation avec son importance sur tous les canaux d’information.

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