À Pise, une équipe de chercheurs a mis au point deux exosquelettes capables d’accélérer la rééducation des personnes ayant été touchées par un ictus amnésique.

Une start-up d’excellence

Si, à travers le monde, Pise est plus connue pour sa tour penchée que pour ses prouesses technologiques, la ville toscane fait aujourd’hui parler d’elle dans le domaine de la robotique et plus spécifiquement dans la création d’exosquelettes, un dispositif médical d’aide à la mobilité à endosser. Se penchant sur une technologie de pointe, l’École Supérieure Sant’Anna – l’une des plus prestigieuses universités italiennes dans le domaine des sciences appliquées – a oeuvré pour aboutir à un spin-off commercialisable. Ainsi, un groupe de sept personnes s’est formé, composé de six ingénieurs et un économiste tout droit sortis du Percro lab, laboratoire de robotique sensorielle. « Nous avons fondé la start-up Wearables Robotics en 2013, après avoir remporté le Prix de la Fondation Marzotto comme idée de la startup plus innovante » raconte Lucia Lencioni, l’une des CEO. Ce prix, d’une valeur de 250 000 euros leur a permis de se lancer et d’acquérir sept brevets de l’École Sant’Anna, couvrant toutes les technologies dont ils avaient besoin. « Depuis 2014, la société développe et commercialise deux exosquelettes servant à augmenter la force des personnes âgées, par exemple, ou encore à faciliter la rééducation des personnes ayant subi un ictus amnésique. »

Aider les personnes victimes d’un ictus amnésique

Ces deux exosquelettes consacrés à la partie supérieure du corps s’appellent ALEx et Track Hold. « Ce dernier est un dispositif passif, permettant au patient de ne pas sentir le poids de son bras. Doté de la réalité virtuelle, il aide à réaliser des exercices sans risque de traumatisme ultérieur. ALEx, quant à lui, est notre robot de pointe. Bimanuel, il peut être utilisé selon diverses modalités. D’abord, en permettant au patient de reproduire à l’infini le même mouvement défini par le physiothérapeute, phase essentielle pour retrouver toutes ses fonctions motrices. Le robot devient alors un partenaire important. Par ailleurs, il est capable de détecter les différents efforts que fournit le patient et, de ce fait, il peut l’aider en s’adaptant à ses besoins. ». Couvrant la quasi-totalité du bras, soit 92 % du membre, « ALEx se révèle beaucoup plus performant que ses concurrents, tout en étant plus accessible en termes de prix». Les robots devraient d’ailleurs arriver sur le marché italien à la fin de l’année ou au plus tard, début 2019. Si ALEx vise les hôpitaux et les centres de rééducation, Track Old, lui, s’adresse directement aux particuliers pour une utilisation autonome à domicile.

Vers d’autres applications

Une avancée considérable qui ne cesse de faire ses preuves. « En 2015, nous avons lancé un essai clinique conjointement avec l’hôpital de Genève et de Pise. L’expérience se base sur deux typologies de personnes, l’une recevant une thérapie traditionnelle, l’autre une thérapie avec notre robot. Les résultats se révèlent excellents ce qui nous confortent dans notre travail. » Les projets et les défis ne s’arrêtent pas là, comme l’indique Lucia Lencioni. « Grâce au financement de la région Toscane, nous avons développé, en 2016, le premier prototype d’exosquelette pour les jambes, capable d’améliorer les capacités de déplacement.» L’objectif, à terme se lit entre les lignes: il s’agit de faire marcher les personnes handicapées ou ayant une capacité motrice réduite. Si Wearable Robotics a choisi de se concentrer sur le secteur biomédical, la start-up pourrait bien étendre son champ d’action à celui de la logistique. « Notre technologie permettrait aux personnes qui soulèvent de lourdes charges, par exemple, de ne plus sentir le poids et d’éviter ainsi de contracter certaines maladies. » Les exosquelettes signés Wearable Robotics ont déjà conquis la Suisse, la Roumanie et même Hong Kong; ils devraient bientôt conquérir le reste de l’Asie. Un succès qui dépasse les frontières de la Péninsule pour une technologie qui améliore nettement le bien-être des individus.