Dirigée par les deux jeunes chercheuses Sylke Hoehnel et Nathalie Brandenberg, la start-up SUN bioscience développe une technologie de culture d’organoïdes afin de hisser à un niveau industriel le fruit des dernières recherches en la matière et d’en tirer profit à plus grande échelle pour la société civile.

Cultures cellulaires tridimensionnelles, sorte de micro-tissus parvenant à reproduire certains comportements de nos organes – comme, pour un organoïde de l’intestin, la fonction d’absorption des nutriments – les organoïdes sont en plein boom et présentent de nombreux avantages : ils contiennent l’ensemble du code génétique d’un individu, fonctionnent comme les organes dans notre corps et en offrent une image fidèle, et sont multipliables à l’envi. Cependant, l’utilisation de cette technologie naissante n’est pas aisée. Sylke Hoehnel et Nathalie Brandenberg créent les outils nécessaires à leur standardisation et à leur industrialisation. Elles se rencontrent durant leur doctorat dans le laboratoire du Professeur Matthias Lutolf, spécialisé dans l’ingénierie des cellules souches, à Lausanne, et développent ensemble une nouvelle technologie pour répondre aux besoins de plusieurs collègues. Devant les réactions très positives de nombreux chercheurs et d’importants acteurs de l’industrie pharmaceutiques, elles se lancent en 2016 dans la fondation de SUN bioscience.

Des diagnostics plus sûrs et des avancées dans la recherche clinique

De nombreux médicaments coûtent une fortune. Basés sur des moyennes et des modèles finalement assez peu représentatifs de la variabilité des êtres humains, ils ne sont parfois efficaces que dans 50%, voire 20% des cas. Outre les déceptions importantes que cela engendre pour le patient, cela représente pour la société une perte considérable. L’organoïde, formé à partir de quelques cellules souches prélevées chez le patient, pourrait permettre de tester pour ainsi dire in vitro l’efficacité d’un traitement pour une personne donnée. « Aujourd’hui, beaucoup de choses sont basées sur la génétique. Notre technologie ne vient pas la concurrencer, mais aide à valider ses hypothèses. C’est tout à fait compatible », explique Nathalie Brandenberg. Ce que l’industrie pharmaceutique et les équipes médicales peuvent espérer des organoïdes, ce sont des tests et des diagnostiques plus fidèles, grâce à la mise à disposition d’une matière humaine représentative du fonctionnement réel des organes dans le corps et générant des données beaucoup plus intéressantes. Parallèlement, SUN bioscience collabore activement dans le développement de tests cliniques et espère pouvoir proposer, à moyen terme, des premiers tests en validation pour l’aide au diagnostic clinique.

Ouvrir la technologie à un plus vaste public

Déjà sur le marché, les plaques Gri3D conçues par SUN bioscience permettent une culture plus rapide et moins coûteuse d’organoïdes, et sont déjà employées par plusieurs importants acteurs de l’industrie pharmaceutique et équipes de recherche en Europe. La start-up a reçu de nombreux prix, comme les prix De Vigier, EIT Health Catapult 2017 dans la catégorie Biotech, la bourse H2020 SME Instrument phase I, bénéficie d’un soutien cantonal et national à travers la Fondation FIT et Innosuisse, et vient d’intégrer le StartLab du Biopôle d’Épalignes, près du Centre Hospitalier Vaudois. Les deux fondatrices travaillent étroitement avec de grands spécialistes de cellules souches à travers l’Europe. Actuellement, l’entreprise peut accompagner ses clients dans la mise en place de nouveaux modèles dans leurs locaux, ou bien réaliser elle-même les tests souhaités. Jeroen van den Oever, qui a rejoint l’équipe initiale en tant que CFO, apporte un bagage entrepreneurial et financier fort et contribue beaucoup à faire grandir l’entreprise avec succès. Bientôt, la société agrandira son équipe pour accélérer sa croissance.

En même temps qu’elle avance dans ses travaux et dans la diffusion de la nouvelle technologie, la société réfléchit aussi aux implications éthiques des progrès à venir, et à une façon d’impliquer davantage les patients dans leur parcours médical.