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Le piratage de prompts : une boîte de Pandore pour les entreprises

L’adoption rapide de l’intelligence artificielle (IA) au sein des organisations révolutionne leur fonctionnement. Les bénéfices ? Des process rationalisés et une prise de décision facilitée. Cependant, à mesure que les systèmes d’IA s’intègrent dans les fonctions quotidiennes des entreprises, ils introduisent de nouvelles vulnérabilités et de nouveaux défis en matière de sécurité. L’une des menaces les plus importantes et émergentes dans ce paysage est le piratage de prompts.

Un article écrit par Tony Fergusson, CISO en résidence chez Zscaler

 

Le piratage de prompts constitue une nouvelle menace sérieuse, comparable aux attaques par injection SQL du début des années 2000. Les injections SQL permettaient aux pirates d’insérer facilement du code malveillant dans des formulaires de sites web afin de voler ou de modifier des données importantes. Ces attaques étaient courantes et ont montré à quel point il pouvait être dangereux pour les entreprises de ne pas vérifier attentivement les données saisies par les utilisateurs.

De manière similaire, le piratage de prompts consiste à manipuler les entrées fournies aux grands modèles de langage (LLM) et à d’autres systèmes d’IA afin de produire des résultats non intentionnels et potentiellement dangereux. La facilité avec laquelle ces injections de prompts peuvent être exécutées, combinée à l’adoption généralisée des technologies d’IA, rendent ce problème particulièrement préoccupant.


 

Qu’est-ce que le piratage de prompts ?

Le piratage de prompts exploite les entrées en langage naturel pour manipuler les systèmes d’IA. Contrairement aux injections de code traditionnelles, qui nécessitent une compréhension approfondie de la programmation, le piratage de prompts peut être exécuté par quiconque possède une compréhension basique du fonctionnement de la communication avec les systèmes d’IA. Ce faible seuil d’entrée en fait un outil polyvalent pour les acteurs malveillants.

En substance, le piratage de prompts exploite la manière dont les grands modèles de langage interprètent et répondent aux instructions des utilisateurs, permettant aux attaquants de formuler des prompts capables de contourner les protections prévues ou de susciter des réponses confidentielles ou nuisibles.

Par exemple, un attaquant pourrait formuler une question d’une manière telle que l’IA révèle involontairement des informations sensibles ou exécute des actions non autorisées.
Comme ces attaques reposent sur la manipulation du langage plutôt que sur des vulnérabilités techniques, elles peuvent être étonnamment difficiles à détecter et à prévenir.

De surcroît, à mesure que les systèmes d’IA sont de plus en plus utilisés dans le service client, la gestion des données et d’autres opérations sensibles, l’impact potentiel du piratage de prompts augmente, exposant les organisations à de grands risques et de nombreux vecteurs d’attaque.

 

L’impact considérable du piratage de prompts sur l’intégrité des entreprises

Le danger du piratage de prompts représente un défi majeur pour les entreprises, menaçant non seulement la sécurité des données, mais aussi la confiance et la continuité opérationnelle.

Grâce à des prompts soigneusement élaborés, des acteurs malveillants peuvent manipuler des systèmes d’IA conçus pour aider les clients et optimiser les flux de travail, entraînant potentiellement la divulgation involontaire d’informations sensibles ou l’exécution d’actions non autorisées.

Par exemple, un assistant client basé sur l’IA pourrait être trompé et divulguer des dossiers privés ou des détails financiers, provoquant ainsi des problèmes juridiques et de conformité.

Mais les risques liés au piratage de prompts vont au-delà de la perte de données.
Si un attaquant exploite les vulnérabilités d’un assistant IA, il pourrait déclencher des actions involontaires telles que la suppression de bases de données importantes, la perturbation de processus automatisés ou l’arrêt de services critiques.
Ces incidents peuvent provoquer des perturbations opérationnelles, des pertes financières et une gêne tant pour les employés que pour les clients.

De plus, l’impact sur la réputation peut être considérable : la médiatisation d’un incident de sécurité peut entraîner une réaction négative des clients, des relations tendues et des difficultés à maintenir la confiance.
Une entreprise dont la réputation a été abîmée devra déployer d’importants efforts pour la restaurer.

À mesure que l’IA s’intègre de plus en plus dans les opérations commerciales, ces risques augmentent. Les systèmes responsables de la paie, de la planification financière ou de la logistique constituent des cibles attrayantes, et un seul prompt non contrôlé peut avoir des conséquences étendues.

Pour les dirigeants, un point crucial : il est essentiel de traiter ces risques de manière proactive afin de préserver la résilience et la sécurité de l’organisation.

 

Le Zero Trust : une défense efficace contre le piratage de prompts

Lorsque les RSSI et les équipes IT réfléchissent à la manière d’empêcher le piratage de prompts, ils doivent considérer les prompts comme des logiciels, voire comme du code en soi.

Que pourrait faire un code malveillant aux systèmes ?
Il pourrait, par exemple, entraîner une attaque par rançongiciel ou introduire un virus.

Le changement de paradigme pour les équipes IT consiste à comprendre qu’il n’existe pas un seul vecteur d’attaque ni un seul résultat possible au piratage de prompts.
Nous devons désormais penser en termes de « problèmes malveillants » plutôt que de « code malveillant ».

L’adoption d’un cadre de sécurité Zero Trust constitue une méthode efficace pour les entreprises souhaitant faire face à cette menace.
Le Zero Trust repose sur le principe selon lequel aucun utilisateur ni système ne doit être considéré comme fiable par défaut ; chaque interaction avec un système d’IA doit être continuellement vérifiée.

Des outils automatisés peuvent surveiller et analyser chaque prompt à la recherche de schémas suspects, contribuant ainsi à empêcher le traitement d’instructions malveillantes.

Des contrôles d’accès stricts et des politiques claires sont indispensables.

Une analyse continue permet de détecter les comportements ou interactions inhabituels du système, contribuant ainsi à une détection précoce des tentatives d’injection de prompt.
La segmentation du réseau et le principe du moindre privilège restreignent davantage l’accès aux données et fonctions critiques, réduisant ainsi les risques d’exploitation.

Des audits et des tests réguliers sont également essentiels pour maintenir des défenses à jour et efficaces.
En intégrant les principes du Zero Trust dans les opérations liées à l’IA, les organisations peuvent renforcer leur protection contre le piratage de prompts et préserver la sécurité des données, la fiabilité opérationnelle et la confiance des clients.

Le piratage de prompts représente ainsi une véritable boîte de Pandore de défis que les entreprises ne peuvent se permettre d’ignorer. À mesure que les systèmes d’IA s’intègrent davantage aux fonctions, les risques liés à la manipulation des prompts continuent de croître.

Les organisations doivent comprendre que le piratage de prompts ne menace pas seulement la sécurité des données, mais qu’il sape également la stabilité opérationnelle et érode la confiance sur laquelle reposent les relations commerciales.

En fin de compte, se protéger contre le piratage de prompts ne constitue pas un exercice ponctuel, mais un engagement continu. En restant vigilantes, en s’adaptant aux menaces émergentes et en intégrant des pratiques de sécurité robustes dans leurs opérations quotidiennes, les entreprises peuvent non seulement protéger leurs données et leurs process sensibles, mais aussi préserver la confiance de leurs clients et partenaires.

Ainsi, elles seront mieux armées pour tirer parti des avantages de l’IA tout en atténuant les risques inhérents à cet environnement en constante évolution.

 


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