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La Nudge Economy Signe La Fin De L’Autoritarisme

©Getty Images

Décerné à Richard Thaler, un économiste spécialisé dans la finance comportementale (dont la principale ambition est de « prévoir » des scénarios illogiques de marché), le Prix Nobel d’Économie  a remis le concept de « Nudge Economy » au centre du débat. Cette philosophie du coup de pouce bienveillant, contraire à l’autoritarisme, considère qu’une incitation indirecte est plus efficace qu’un ordre imposé. Des escaliers de métro maquillés en clavier de piano vous incitent, via une approche ludique, à abandonner l’escalator voisin et donc à faire un peu d’exercice physique.

Les exemples se multiplient, souvent à l’initiative d’autorités publiques. Barack Obama et David Cameron avaient institué une cellule dédiée au « nudge » dans leur gouvernement respectif, entre autres pour étayer des politiques anti-tabac ou anti-obésité. Mais les entreprises privées ne sont pas en reste, notamment pour engager leurs clients à adopter des comportements plus vertueux ou pour prendre soin de la santé de leurs salariés. L’avantage : un impact supérieur par rapport à une injonction, pour un coût minime.

La fin du règne de l’autoritarisme

Le retour en grâce de la politique du coup de pouce n’intervient pas aujourd’hui par hasard. Il correspond en réalité à une évolution importante de notre société : la fin du règne de l’autoritarisme. Je ne vous refais pas le tableau, vous le connaissez parfaitement : révolution industrielle, découpage du travail, Taylorisme et Fordisme, hiérarchie pyramidale… Les recettes d’un jour ne sont pas celles du lendemain. Depuis quelques années, les anciens modèles sont remis en question. Les salariés cherchent à donner du sens à leur travail. Ils ne se contentent plus d’exécuter des ordres, mais veulent laisser libre cours à leur créativité. Et plus ils sont jeunes, plus leur quête de sens est essentielle à leur équilibre.

Parallèlement, la famille est également fortement concernée par cette évolution. L’éducation passe aujourd’hui par le dialogue et la fourniture de sens. Symbole du déclin de l’autoritarisme, la fessée est désormais interdite par la loi.

Face aux approches autoritaires, voire manipulatrices, les méthodes participatives ou collaboratives fonctionnent mieux. Elles impliquent en amont les salariés ou les citoyens. C’est ce qu’on appelle dans le monde professionnel « management ouvert », « holacratie » ou « entreprise libérée » : devant les limites d’un mode de management directif, on cherche une alternative et la nudge economy nous apporte un début de réponse : co-construire et inciter sans contraindre.

 Échanger, dialoguer, proposer

Ce qui ne signifie pas que la notion même du coup de pouce ne puisse pas dériver dans certains cas vers de la manipulation. Mais évaluer la légitimité ou non d’un coup de pouce peut s’avérer parfois épineux. Où commence la manipulation ? Pour y répondre, la première question à se poser, tel un Hercule Poirot de base, est certainement : « A qui profite le crime ? ». Si la réponse est « à nous / à moi », la légitimité de l’opération ne fait pas de doute.

Au-delà, la méthode pour imaginer le coup de pouce est également essentielle. Si le but d’une entreprise est de se donner les moyens de satisfaire ses salariés, encore faut-il qu’elle connaisse leurs besoins. Ce qui signifie échanger, dialoguer, proposer et expérimenter ; mais également cerner une personnalité, comprendre ses habitudes et goûts au travail, connaître ses contraintes personnelles et comprendre ce qui la fait avancer.

Cette tendance de fond se traduit également dans l’hyper-personnalisation. En entreprise, comme en politique, comme dans la cellule familiale, on est de plus en plus à l’écoute des besoins de l’autre. Finie la communication de masse dépersonnalisée qui engluait les boîtes aux lettres et n’atteignait jamais plus de 5 % de sa vraie cible. Place à la personnalisation, où l’on vous appelle par votre prénom et on vous rappelle les dates-clés de votre vie. 

Dans l’entreprise, la même mécanique est à l’œuvre. Si dans le passé, on cherchait à imposer un projet par la force, on s’efforce aujourd’hui de rechercher l’adhésion des personnes intéressées. On cherche de plus en plus à intégrer l’autre dans notre propre équation. D’ailleurs, on a coutume de décrire les nouvelles générations comme étant à la fois « tribales » et « auto-centrées », preuve que la prise en compte des intérêts individuels ne nuit pas au collectif, au contraire. Arrêtons d’opposer systématiquement les intérêts des uns et des autres.

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