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La France est totalement déprimée mais elle retrouve sa confiance grâce aux entreprises

Stéphane Grand, Fondateur de Stéphane GRAND Conseil, Agence de Communication, Influence & Brand Content

Il y a quelques années, François Rebsamen, alors ministre du Travail, avait coutume de glisser dans ses conversations que la France était l’un des pays les plus déprimés du monde, classée loin derrière « l’Afghanistan et le Pakistan ». Il forçait quelque peu le trait.

Sa petite phrase était inexacte, car on ne mesure pas le moral à Islamabad et encore moins à Kaboul ! Mais, pris dans le piège politique des années Hollande, et la fameuse inversion de la courbe du chômage qui se faisait tellement attendre, François Rebsamen insistait volontiers sur cette grande déprime française ! Un quinquennat plus tard, la déprime française se porte toujours comme un charme. Ce que Sylvain Tesson, écrivain voyageur, a résumé à sa façon par une formule brillante : « La France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer ».

Effectivement, la dernière livraison du baromètre annuel Edelman est saisissante : les Français atteignent un niveau de pessimisme record ! Près de huit Français sur 10 (79% ) pensent que leur situation va se dégrader dans les cinq prochaines années. Seul le Japon devance notre pays avec un taux de 84%, alors que la moyenne mondiale s’élève à 51%*.

Les ONG n’inspirent plus confiance

La France confirme son décrochage par rapport aux autres puissances économiques sur une notion caractéristique de nos sociétés et surtout pour l’économie : la confiance. L’étude Edelman a même été affinée en début d’année pour prendre en compte l’impact du mouvement des « gilets jaunes »**. Et, sans grande surprise, le pessimisme ambiant français s’est s’accentué.

Quand on regarde dans le détail ce sondage, on s’aperçoit que, parmi les 4 piliers constitutifs du débat démocratique (gouvernement, médias, les ONG et les entreprises), tous ont vu leur cote de confiance s’affaisser : 

• Sans surprise, moins de 3 Français sur 10 apportent leur confiance au gouvernement en 2019 (29%). Confirmant enquête après enquête d’opinions la difficulté pour les gouvernants de répondre à un corps social de plus en plus revendicatif et éruptif. L’émergence du populisme étant désormais une donnée intangible.

Les médias sont aussi touchés, avec un indice de confiance de 31% ! La bataille autour des ronds-points pendant la crise des « gilets jaunes » a creusé un peu plus le fossé. Comment informer à l’heure des réseaux sociaux ? Et des fakes news ?

• Autre fait notable : les ONG, pourtant traditionnellement jugées comme des institutions dignes de confiance, passent selon le baromètre Edelman « en zone de défiance ». Comprendre que majoritairement les Français (52%) ne leur font plus confiance. Ce chiffre confirme la perte d’influence des syndicats et des associations, etc.

• Enfin les entreprises, et c’est là l’une des raisons d’espérer, ont atteint un niveau de 50% de confiance en 2018 (+7%). Cette dynamique a été stoppée en 2019, avec un taux à 45%. Pourquoi est-ce encourageant dans cette période d’incertitudes ? Car dans un pays où l’entrepreneuriat n’est pas une évidence historique, cela montre que l’engagement au sein des entreprises, de plus en plus scrutées, est un facteur de cohésion pour les salariés et plus largement la société.

Quand « mon employeur » régénère la confiance

Et d’ailleurs, si l’on regarde encore de plus près cette enquête, pour la première fois, le rôle des dirigeants d’entreprise, qu’ils soient à la tête de PME ou de grands groupes, apparaît comme primordial. Huit Français sur dix considèrent que c’est aux CEO d’être à l’initiative des mouvements sociaux sans attendre l’action du gouvernement, note Marion Darrieutort (Edelman) dans ses conclusions. Soit une hausse de 21 points en un an. Ou face aux défiances économiques, sociales et environnementales, les dirigeants et les salariés ont l’opportunité d’être des acteurs efficaces pour restaurer la confiance.

D’ailleurs, la notion « mon employeur » devient une valeur forte. Si l’on décortique les résultats : pour 66% des Français, l’entreprise où l’on travaille et les valeurs défendues sont des vecteurs de confiance (+6 points en un an). La raison d’être (purpose) d’une entreprise s’impose dans le choix des employés et futurs employés. Deux tiers des personnes interrogées (66%) affirment choisir leur employeur s’il propose des emplois ayant un impact positif sur la société, avec de surcroît une culture inclusive. Ou quand le projet d’entreprise et ses valeurs chassent le pessimisme ambiant.

 

Par Stéphane GRAND Fondateur de Stéphane GRAND Conseil, Agence de Communication, Influence & Brand Content (www.stephane-grand-conseil.fr)

 

*Le Baromètre de confiance Edelman 2019 constitue la 19ème enquête annuelle de l’agence sur la confiance dans les institutions majeures. Elle est administrée en ligne auprès d’un échantillon global de plus de 33 000 répondants à travers 27 pays dans le monde. Dans chaque pays, 1 150 répondants appartenant à la population générale et âgés de 18 ans et plus sont interrogés.

**La vague 2019 a été réalisée entre le 19 octobre et le 16 novembre 2018. Afin de mesurer l’éventuel impact des « gilets jaunes », Edelman a lancé une enquête supplémentaire en France, entre le 15 et le 21 Janvier 2019, auprès de 1 011 individus appartenant à la population générale et 250 individus parmi un « public averti ».

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