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Et si pour une fois Elon Musk n’était pas visionnaire ? Parlons télétravail.

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Devant le tollé provoqué par la publication de l’email un peu abrupt envoyé par le patron de Tesla à ses salariés et révélé par des médias américains, Victor Carreau (CEO de Comet Meetings) s’interroge sur la bonne compréhension par les entreprises des nouveaux usages du travail, et de leur façon de trouver l’équilibre entre bureau et travail à distance

 

La polémique provoquée par la communication supposée interne d’Elon Musk vis-à-vis des salariés de Tesla n’a pas que des inconvénients : elle fournit une excellente occasion de constater que les nouveaux usages du travail et les modèles hybrides ne sont pas toujours des réussites. Dans un premier temps, il convient de replacer les propos d’Elon Musk dans leur contexte américain. L’histoire des entreprises de la Silicon Valley nous rappelle deux exemples marquants de coup d’arrêt brutaux du télétravail dans des entreprises pourtant à la pointe du progrès : il y a d’abord eu Marissa Meyer chez Yahoo, qui avait sonné le retour au bureau, arguant que seul le bureau permettait les interactions et les expériences humaines véritables. Yahoo avait à l’époque de nombreux salariés en télétravail, dont certains assez peu encadrés. IBM de son côté l’a abandonné de manière radicale en 2017 après avoir été un pionnier en la matière pendant 20 ans. La firme avait justifié ce choix par le besoin d’innovation qu’elle a souhaité prioriser vis-à-vis de la productivité. 

 

Ces deux exemples donnent une première piste : cadre du travail à distance et équilibre entre productivité et créativité seraient les bons ingrédients d’une organisation hybride réussie.

 

Doser le recours au télétravail

Si le télétravail peut être parfaitement adapté pour les temps de productivité, il ne l’est pas pour tout le monde. Les confinements nous l’ont démontré : dans les grandes métropoles, beaucoup de salariés ont des lieux de vie trop petits ou peu adaptés à cette pratique. Par ailleurs, la transformation de l’organisation du travail vers plus de flexibilité conduit les entreprises à séquencer l’organisation  autour de trois temps forts : la production, que certains appellent travail approfondi (deep work en Anglais), les temps de collaboration, et les temps de sociabilisation. La production est compatible avec le télétravail, en revanche collaborer et sociabiliser le sont moins, ou alors de manière très limitée. Car le travail sert aussi cet objectif : être ensemble et cimenter la culture d’entreprise. 

 

Une entreprise doit permettre à ses collaborateurs de s’organiser autour de ces temps forts, sans les contraindre au télétravail. Le tout télétravail n’est pas souhaitable en dehors d’un contexte pandémique. S’il n’est pas utile de se rassembler, ou que les bénéfices n’en sont pas évidents pour les collaborateurs, ils finiront par se détacher de leur entreprise et la quitter. Dans la guerre des talents qui est actuellement à l’œuvre chez toutes les entreprises, le risque de perdre les meilleurs parce que l’organisation n’est pas adaptée à leur mode de vie n’est pas à prendre à la légère. Ce qu’Elon Musk peut se permettre de dire ou faire, tous les patrons ne peuvent pas se le permettre. Sa posture de « gourou tech » et d’entrepreneur “désirable” lui permet d’imposer à ses équipes des organisations – ce qu’aucun  autre patron ne peut se permettre, et c’est heureux. Gardons également en tête qu’il est sur le point de déclencher des licenciements et que cet email peut être un levier pour accélérer des départs.

 

Repenser l’organisation des bureaux pour s’adapter aux nouveaux usages 

Pour autant, la question de l’adaptation des bureaux et de l’organisation des entreprises aux besoins des salariés est primordiale, parce que c’est elle qui fera la différence en termes de motivation et de management. Que nous apprennent les experts en la matière ? D’abord que notre environnement influe sur la qualité de notre travail et notre bien-être. Parce que dans de nombreuses entreprises, les salariés viennent au bureau pour les temps de collaboration et de socialisation, celui-ci doit se réorganiser autour de ces deux temps, à la fois d’un point de vue organisation spatiale, mais aussi servicielle. La plupart des entreprises hybrides expérimentent aujourd’hui une problématique récurrente : le manque de salles de réunions. Les collaborateurs qui viennent au bureau ont besoin de se réunir plus, régulièrement et mieux. Rendre les réunions en présentiel utiles, attractives et souhaitées pour les bons motifs est finalement la grande problématique managériale d’aujourd’hui. 

 

 

Victor Carreau CEO de Comet Meetings.

Victor Carreau est le CEO de Comet Meetings qu’il a co-fondé avec Maxime Albertus et Nicholas Findling. Comet est l’un des acteurs incontournables du Future of Work et porte une vision marquée sur l’avenir du monde du bureau. Sa conviction : “Meeting is the new office”, ou quand le bureau de demain est un lieu de collaboration et de socialisation. Comet propose l’alliance d’un cadre de travail exceptionnel et d’un ensemble de services hôteliers innovants, l’expérience Comet est pensée pour stimuler la cohésion, la performance et le bien-être des équipes. Avec bientôt 10 lieux dédiés aux réunions stratégiques et plus de 300 000m2 de bureaux opérés à Paris, Bruxelles et Madrid, Comet accompagne les entreprises de toutes tailles (CAC40, ETI, start-up) et a accueilli plus de 300.000 clients depuis sa création. Depuis 2020 Comet accompagne également les propriétaires en repensant leurs actifs immobiliers afin qu’ils répondent véritablement aux besoins du XXIème siècle.

 

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