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Artiste Issu De L’Art Urbain, Cyril Kongo : De La Transgression À La Consécration De Ses Graffitis Comme Réelle Forme D’Art

Peindre de grandes fresques sur les murs des villes et sur des toiles, faire des collaborations avec des grandes maisons de luxe, créer ses propres collections ou tout simplement dialoguer avec son public, Cyril Kongo est une figure majeure du graffiti international depuis plus de trente ans.  Avec sa créativité, son vocabulaire graphique et ses couleurs, l’artiste français de l’art urbain exprime en toute liberté sa poésie picturale.

Rencontre avec Cyril Kongo, surnommé Mister Colorful, dans son atelier « Narvaland » situé à Bagnolet.

 

Quel est le style de vos graffitis ?

Cyril Kongo : Avec mes graffitis, mon objectif est de conquérir des cœurs et des territoires en parlant des choses simples de la vie et de l’humanité de façon contemporaine. Mon message est un appel à l’optimisme, à la générosité et à l’échange.

Depuis le début des années 2000, j’ai commencé à peindre sur des surfaces pérennes pour laisser une trace artistique. Mon style est devenu plus élaboré, plus profond et plus construit. J’ai le souci de la composition, de l’exubérance des couleurs tout en peignant avec beaucoup de spontanéité. Mes œuvres rendent hommage à des personnages célèbres, des villes, des livres.

Aujourd’hui, je mélange mon univers avec d’autres univers. Je m’inspire de la littérature française pour exprimer à ma façon un poème de Charles Baudelaire « Allégorie » publié dans la première édition des Fleurs du Mal sous la section Spleen et Idéal.  J’aborde la gourmandise en peignant des gâteaux comme des donuts, des religieuses. Je rends hommage à une citation de Guy de Maupassant, Amoureux et Primeurs 1881, qui est écrite en fond sur une de mes toiles « de toutes les passions, la seule vraiment respectable est la gourmandise ».

 

Je fais simultanément plusieurs séries de tableaux réparties dans mes deux ateliers pour rester en perpétuel mouvement. Je suppose que cela vient de mes années de peinture dans la rue qui restent une source d’énergie vibrante indispensable.

Mon fil conducteur est de parler d’amour, de rencontres, du travail fait à la main. Mes tableaux en sont le témoignage : “From Paris With Love 2012”, « Colors Of life  2014», « Live The Life You Love 2015, « Love Is the Answer 2016».

 

Paris With Love

Comment êtes-vous passé de la rue à l’atelier, de la transgression à la consécration ?

C.K : Le graffiti apparaît à New York et Philadelphie, au début des années  1960 sous la forme de signatures dans les endroits à forte visibilité. À partir du milieu des années 1980, le maire de New York de l’époque et la Metropolitain Transportation Authority déclarent une guerre sans merci aux graffitis des trains et métros.

Après une période de flottement, Paris a été la première ville à mettre à nouveau la lumière sur cet art.

Le graffiti devient la dernière discipline du mouvement Hip Hop à être reconnue comme art.

En 1987, je rejoins un collectif de graffeurs parisiens, le MAC Crew : « Mort Aux Cons » puis « Mural Art Création ». Ce collectif m’a ouvert des perspectives internationales.

De 1989 à 2001, mes fresques monumentales ont été reconnues par la scène internationale, en particulier aux États-Unis. En 1991, j’ai peint deux fresques : « Gainsbar – Marley » à Paris pour rendre hommage à Serge Gainsbourg et à Bob Marley,  les deux musiciens avaient joué ensemble en compagnie de The Wailers ; puis « Salam » juste avant la guerre du Golfe.

En 2002, je lance avec mon collectif Kosmopolite, le premier festival international de graffiti en France en partenariat avec Bagnolet.  Cette ville de la banlieue parisienne souhaitait se développer sur le plan culturel. Kosmopolite révèle le graffiti comme un art majeur entre galeries à ciel ouvert, expositions et fresques en direct dans les rues de la ville. A cette époque l’art urbain était encore considéré comme du vandalisme.

 

Live The Life You Love

 

En 2004, je crée le » Eating Frogs Tour », ma première tournée en Asie organisée avec une bande d’amis et d’artistes français comprenant danseurs, graffeurs, DJs. Ce périple, financé par des sponsors, nous a permis de présenter notre art aux Chinois.  

En mai 2009, l’exposition “Tag au Grand Palais” à Paris a réuni trois cents œuvres d’artistes de tous les continents dont deux de ma collection, rassemblées par l’architecte et collectionneur Alain-Dominique Gallizia.

En 2011, je présente ma première exposition personnelle De la rue jaillit la lumière dans la galerie Wallworks. Elles se multiplient depuis, en France et à l’étranger.

À partir de 2012, avec le Kosmopolite Art Tour, le festival s’exporte chaque année dans une métropole différente telle que Bruxelles, Barcelone, Amsterdam ou encore Rio, Casablanca ou Jakarta pour organiser des rencontres avec des amateurs de l’art urbain lors d’ateliers gratuits d’initiation.

En 2017, une de mes œuvres orne le fronton de la Cité des Outre-Mer dans le parc de la Villette à Paris. La même année, je pars avec Madame Catherine Deneuve représenter l’art français en Indonésie devant les Présidents des deux pays.

 

Avez-vous fait des collaborations ?

C.K : Je n’aime pas parler de collaboration avec des marques mais plutôt de rencontres entre créateurs venant de différents univers. Celles-ci sont une pierre de plus sur le chemin de la reconnaissance de mes graffitis comme réelle forme d’art. Mon univers du graffiti a été exporté de la rue au monde du luxe. Mon association avec de grandes maisons m’a permis de créer des objets de luxe signés Kongo.

Hermès : Cette prestigieuse maison de luxe m’a laissé « carte blanche » pour visiter le monde de la soie et pour créer une série exclusive de foulards baptisée « Carré Graff » by Kongo. En cassant les codes et en mettant en lumière l’art urbain, la collection automne – hiver 2011-2012 d’Hermès a été un véritable succès. Une partie des bénéfices a été reversée au projet Kosmopolite Art Tour.

 

Graff Hermès

 

Richard Mille : après avoir créé un Carré Hermès, l’objet iconique de la femme par excellence, j’ai voulu rendre hommage aux hommes en signant une œuvre d’art au poignet avec la prestigieuse marque horlogère suisse Richard Mille.  Le mouvement de la montre RM 68-01 Tourbillon Cyril Kongo a été entièrement revisité par mes soins. Il a fallu deux ans de développement pour créer trente pièces.

 

 

Chanel : Chanel a organisé en décembre dernier un défilé des métiers d’art sur le thème de l’Egypte antique dans le Temple de Dedour situé dans la galerie égyptienne du Metropolitan Museum of Art (MET) de New York. Karl Lagerfeld a souhaité rendre hommage aux plus grands artisans de la mode : chapelier, plumassier, brodeur, gantier, bottier… réunis sous la bannière de l’illustre maison.

 

 

Cette collaboration a permis de réinterpréter les codes de la Maison Chanel avec le graffiti considéré comme le hiéroglyphe de l’ancienne Égypte. Mes œuvres ont toutes été exposées lors de la soirée qui a suivi le défilé. Elles seront utilisées comme modèle pour les imprimés des robes, sacs, accessoires, bottes etc de la prochaine collection Chanel des Métiers d’Art Paris-New York 2018-2019. Ces produits seront disponibles en juin 2019 dans les boutiques Chanel du monde entier.

La Cornue : Vu mon intérêt pour les métiers du feu, La Cornue m’a contacté pour les 110 ans du fabricant français des cuisinières sur mesure. J’ai réinterprété le célèbre piano de cuisine Château 150 créé en 1964. J’ai transposé mon langage et mes codes graphiques sur l’émail de six pianos exceptionnels pour représenter les cinq continents ainsi qu’un modèle dédié à Paris. Cette œuvre a reçu le Grand Prix du Design 2018 d’Architectural Digest AD.

 

 

Quelle est votre actualité ?

C.K : J’ai repeint un « Messerschmidt 108 » sur le thème des œuvres d’Antoine de Saint-Exupéry pour en faire une œuvre d’art. Cet avion de reconnaissance mythique des années 1930 a été présenté en octobre dernier, le mois de l’art à Paris, au salon « Art Elysées » par Kongo x Association Renaissance Caudron Simoun. J’ai rendu hommage à Antoine de Saint-Exupéry, l’aventurier, le poète, mort dans un accident d’aéronef pour symboliser sa vie remplie de liberté, de découvertes et de voyages.

 

 

En 2019, j’ai un calendrier très chargé : du 30 mars au 25 mai, une exposition est organisée au musée Wall House de l’île de Saint Barthélémy, une autre début mai à Jakarta lors de la Foire d’art contemporain Art Moment ; en septembre j’aurai trois expositions en simultané, Beyrouth, Bangkok et Hong Kong ; durant le mois d’octobre, j’aurai une Pop Up Gallery à Paris en collaboration avec Montaigne Market et enfin du mois de novembre à fin février 2020 une exposition sur 1200 m² sur le toit de l’Arche de la Défense à Paris également.

Ayant vécu plus de 20 ans dans La Caraïbe, j’ai voulu lui rendre hommage en créant une série limitée de caves à cigares peintes par moi dans lesquelles il y aurait mes cigares. Les caves sont fabriquées sur-mesure. Quant aux cigares, j’ai créé moi-même leur combinaison de feuilles séchées de plantes de tabac en allant directement dans les plantations. L’Amateur de Cigare de décembre dernier, les trouvant excellents, m’a mis en couverture de son magazine !

 

 

Suivez l’actualité de Christian Razel et de RoccaBaracca sur http://www.linkedin.com/in/christian-razel-4ab08281/ et www.roccabaracca.com 

 

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