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Rencontre Avec Sophie Fontanel, Icône Du Style Libre

À la veille de la semaine des défilés parisiens de Haute Couture, j’ai retrouvé Sophie dans son bistrot favori du quartier parisien de la rue St Honoré. 
Nous avons échangé sur son parcours, sa vision de la mode, ses réseaux sociaux et la vie. Journaliste mode, écrivain, « fashion guru », Sophie Fontanel Aka Fonelle (pour celles et ceux qui ont grandi en lisant Elle) reflète la parisienne libre, drôle. Entretien. 
 
Racontez moi votre parcours. Où êtes-vous née et où avez-vous grandi ?
Je suis une authentique parisienne des beaux quartiers. Mes parents étaient plus cultivés que fortunés. Nous vivions dans un endroit chic de la capitale. Ma famille était très joyeuse, ils adoraient les distractions. C’était des gens qui avaient connu la guerre et voulaient profiter de la vie. Rien ne leur semblait bien grave.
 

Comment êtes-vous arrivée dans le milieu de la mode ?

J’ai fait des études de linguistique et j’étais en train d’être formée pour être terminologue aux Nations-Unies, quand la mode est tombée sur moi. Je suis allée par hasard à un défilé, j’ai laissé tomber tout le reste pour entrer dans un journal et écrire sur l’air du temps, les beaux habits et la place des vêtements dans la vie.

 

 
Comment  décrivez-vous votre style ? 
Un tiers Jackie Kennedy, un tiers Lucky Luke, et un tiers Bob Marley ! Bref, je suis le produit d’un mélange à la fois de générations, de genres et de cultures. Je n’ai rien de la Parisienne telle qu’on la décrit souvent, même je sais par cœur ses codes, mais je suis plus internationale… J’ai une passion par exemple pour les sapeurs d’Afrique. Ça, c’est l’élégance, le vrai amour de l’élégance.
 
Quels conseils donneriez-vous aux nouvelles générations pour acquérir son propre style ?
Déjà, il faut expérimenter, essayer des choses dans les boutiques, sur les marchés, essayer un pantalon trop grand, un blouson trop petit, mélanger des choses habillées et sportives. Et finalement, on apprend que c’est possible d’oser, on ouvre des mondes. Et aussi, ne pas se soucier d’être sexy ou pas. C’est quand on est bien dans son allure qu’on dégage quelque chose.
 
Après des années au magazine Elle, vous avez suivi votre propre voie. Qu’avez-vous emporté avec vous du personnage Fonelle?

Quand ELLE a fêté ses 70 ans, ils n’ont fait aucune allusion à Fonelle, car je venais de quitter le journal, j’y étais persona non grata. Donc, en fait, j’ai tout emporté de Fonelle (le personnage que j’avais créé là-bas pendant 12 ans, et qui était devenu si célèbre en France), en quittant le journal. Je n’avais pas le choix. Les gens m’appellent Fonelle dans la rue encore aujourd’hui.

 
Sophie Fontanel, Instagram
 
Que pouvez-vous nous dire de votre entrée au Le Nouvel Obs ?
C’est une chance d’avoir une chronique dans ce journal généraliste, on ne s’adresse pas à un microcosme. J’ai à la fois une totale liberté (rare à notre époque) et une façon très philosophique de regarder la mode. J’aime prendre de la distance. Rien n’est vain, c’est beau.
 
Pouvez-vous nous décrire une journée type ?
Je me lève tôt et j’écris. Je déjeune légèrement à la maison. Après, je dors, et puis ensuite je sors rencontrer le monde. Mais souvent je suis à l’étranger en fashion week…
 
Que pensez-vous de la mode à Paris aujourd’hui?
 
Elle change comme jamais. Ce qu’est la vente, la fidélisation, une styliste, une photo de mode, une pub, un média, et bien entendu un médiateur, un journaliste, tout ça est remis en question et je trouve cette révolution galvanisante. Le vieux système a été lucratif mais sa rentabilité a empêché de voir que quelque chose pourrissait de l’intérieur. Les journaux comme les marques attendent souvent le dernier moment pour changer. On y est.
 
Quelle femme selon vous incarne la vraie parisienne? Quelles sont vos icônes ? 
La Parisienne d’aujourd’hui, pour moi, c’est Liya Kebede, francophone mais cosmopolite, noire, drôle, habillée sobrement et de façon très décontractée, bienveillante. Mes icônes sont trop nombreuses pour les citer ici, mais disons que si on met de côté les personnes d’une autre époque, j’aime beaucoup le modèle Adwoa Aboah, qui est anglaise, by the way. J’aime bien Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile. Ce sont des gens qui ont de l’ampleur.
 
Quelles sont les qualités essentielles pour être un bon auteur ou une rédactrice mode ?
Un écrivain, je ne sais pas s’il a des qualités : il fait surtout ce qu’il peut. Et surtout, il ne peut pas faire autrement. Je me garderai bien de donner des conseils, à part celui de se laisser aller au flux de l’écriture, de ne pas « faire  l’écrivain ». Quant à la mode, il faut regarder le monde et pas seulement la mode. Il faut agrandir la fenêtre, ça permet de comprendre la place de la futilité dans la vie humaine.
Sophie Fontanel, Instagram
 
Que voulez-vous transmettre aux personnes qui vous suivent sur les réseaux sociaux? 
Le goût de vivre. Et, par la même occasion, je me le transmets à moi aussi…
Je poste de façon délibérée des photos de moi en pied devant mon miroir, des selfies, qui reprennent les codes de la photo de mode, mais au second degré. Je fais ça depuis trois ans et j’essaie ainsi de prouver que la mode n’est pas une affaire de modèle mais d’attitude, de foi dans l’attitude. Et je poste aussi des choses qui me touchent, des gens que je rencontre. Tout est lié à l’amour de l’élégance, et à l’audace de l’élégance. J’ai un thème, les habits, et j’y reste.
 
Pensez-vous qu’Instagram a changé le milieu de la mode, sa perception ? 
Oui, bien sûr. L’instantanéité est venue déranger la mode. Car le paradoxe c’est que, même si la mode c’est ce qui change, c’est difficile de changer ce milieu, où tout est contrôlé. Instagram a fait entrer là-dedans du désordre, donc de la vie. Un mannequin comme Alton Mason, le plus demandé en ce moment, a été découvert sur Instagram. C’est la possibilité pour tous d’être créatif et visible. Et si on n’est pas créatif, on est alors consommateur d’Instagram, c’est très intéressant aussi.
 
Il y a  2 ans vous avez décidé d’arrêter de teindre vos cheveux blancs, pourquoi ? 
Je n’en pouvais plus de croiser des femmes aux cheveux blancs, de les trouver splendides et de ne pas oser leur liberté immense.
 
Pouvez-vous nous parler de votre dernier livre « Une apparition » paru l’été dernier ? 
C’est le récit de tout ce que j’ai appris, sur moi-même mais aussi et surtout sur le monde, depuis le jour où j’ai arrêté les teintures jusqu’au jour où j’ai été toute blanche. ça raconte que, à tout âge, on peut renaître. J’ai commencé un nouveau projet.  J’écris en live sur Instagram l’histoire d’une petite fille de 10 ans qui développe un don génial pour l’écriture. En un seul été, elle est confrontée à toutes les difficultés qu’une femme écrivain peut connaître, mais les surmonte toutes. C’est le Petit Prince, façon fille !
 
Quel est votre plus grand challenge ?
Arrêter d’être si naïve. Ou pas… (rires)
 
Votre look favori ?
Une jupe trapèze, taille haute, une blouse de soie et des sandales plates, des lunettes de soleil… Et la mer à proximité.

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