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Le Monde De Patricia Ricard, Présidente De l’Institut Océanographique Paul Ricard

Autodidacte enthousiaste, Patricia Ricard se définit ainsi ! Engagée pour la défense des Océans, cette agitatrice de conscience parcourt la planète, anime des conférences, sensibilise le public et les entreprises sur le rôle de l’océan dans le développement durable. L’océan, c’est le sel de sa vie. Avec Take Off « Take Ocean For Future », une initiative lancée par l’Institut Océanographique Paul Ricard qu’elle préside et ses partenaires, elle invente le mécénat scientifique sur le modèle d’une résidence d’artiste, avec pour but le partage des connaissances

Frapper la conscience par les sens, l’émotion, pour mieux faire passer la connaissance sur l’océan. 

Telle est l’envie de Patricia Ricard qui n’a de cesse d’imaginer des solutions pour toucher la communauté humaine sur ce sujet qui est la grande passion de sa vie : sauver les Océans et la Méditerranée. Mais le faire dans la joie, le partage et non plus la culpabilité et l’angoisse ! Oui, l’océan est en danger. Oui, l’humanité doit éveiller sa conscience et changer totalement son regard sur la nature, la vie, l’océan, ce poumon de la Terre qui fait vivre et nourrit l’humanité entière et maintient en vie la biosphère. Sur le sujet elle est devenue une experte, avide de toujours mieux comprendre pour faire savoir.

Enfant, Patricia a eu, dit-elle, un « baptême sensoriel de la nature ». Elle passait ses journées dans l’eau, à Bendor et aux Embiez, deux petites îles au large de Bandol et de Sanary-sur-Mer dans le Var, acquises par son grand-père dans les années 50. La nature et la mer étaient très présentes. « Je trouvais ça beau, je trouvais que ça sentait bon, je trouvais qu’il y avait des gens merveilleux dedans et autour. Quand j’ai quitté le giron familial, je me suis rendue compte que les autres n’avaient pas du tout ce rapport à la nature, ni en connaissances, ni en appétence. Je devais leur expliquer à quel point la pollution, c’est grave ! ». Il faut dire que son imaginaire fut très tôt nourri par une pensée intelligente. Chacune de ses questions innocentes recevait une réponse scientifique de la part des chercheurs qui travaillaient aux Embiez, à l’Observatoire de la Mer.

Car son grand-père, Paul Ricard, un homme de vision et de convictions, créateur du « Ricard, le vrai pastis de Marseille » son slogan qui fit sa fortune, s’était engagé contre l’une des premières pollutions industrielles en Méditerranée : le rejet des « boues rouges » au large de Cassis. Pour encadrer ce combat, il créa en 1966 l’Observatoire de la Mer avec le concours d’Alain Bombard, le docteur qui avait traversé l’Atlantique en solitaire sur son embarcation pneumatique en 1952. Patricia se souvient très bien de lui : « Il était très patient. Une fois je lui demandais : « qu’est-ce que c’est, la pollution ? » « La pollution ? me dit-il, c’est ce que l’homme fabrique et que la nature ne peut défaire … J’ai eu la chance d’avoir une enfance merveilleuse, et très tôt accès à cette connaissance, à ces questionnements ».

Doté d’une équipe de chercheurs et d’océanographes, l’Observatoire deviendra Institut Océanographique Paul Ricard, avec pour mission d’associer recherche scientifique et sensibilisation du public. Très vite, l’institution privée, entièrement financée – aujourd’hui encore- par la société Ricard, se fait remarquer : dès 1975, ses chercheurs contribuent au développement de l’aquaculture et de la conchyliculture (élevage des coquillages). Elle conduit des campagnes en faveur de la construction de stations d’épuration. A partir de 1981, elle met au point le procédé naturel innovant qui accélère la dégradation des marées noires par les bactéries marines, procédé utilisé avec succès en 1989 pour nettoyer en Alaska les plages polluées suite à l’échouage du pétrolier Exxon Valdez. Patricia est alors, et déjà, administratrice de l’institut depuis trois ans. Elle se donnera pour mission de relayer cette conscience écologiste initiée par son grand-père et de la faire grandir.

Dès 1991, elle organise à Paris des conférences mensuelles, les Mardis de l’environnement, avec Marie-Pierre Cabello, de l’Association des journalistes de la nature et de l’environnement. « A l’époque, il n’y avait pas encore les COP. Et surtout il n’y avait pas encore cette notion de changement climatique qui a fait beaucoup pour la prise de conscience universelle. Il n’y avait pas eu le Grenelle de l’Environnement qui a fait beaucoup pour la prise de conscience des Institutions. Et aujourd’hui, on prend conscience que l’océan est le début et la finalité de tout : c’est le premier régulateur climatique. Il absorbe 30% des gaz carboniques atmosphériques ». Elle est intarissable, éloquente et a hérité de son grand-père le sens inné de la formule. « La planète a deux poumons : les forêts et l’océan, un poumon vert, un poumon bleu. L’océan va produire de l’oxygène (une respiration sur deux), et capter la chaleur résiduelle qu’on a mis dans l’atmosphère depuis l’ère industrielle. La biomasse des océans, du plancton à la baleine, participe à cette pompe à carbone biologique. Donc il faut préserver les océans vivants parce que c’est la meilleure chance qu’on a de préserver l’humanité vivante. ».

Pour la Conférence sur les Océans organisée au siège de l’ONU à New York en juin dernier, la première du genre initiée par Fidji et la Suède, l’Océan, 14éme Objectif du Développement durable sur 17, a été la star ! Au sein de la délégation française, Patricia Ricard : elle est fière de porter les couleurs de l’Institut Océanographique financé par l’entreprise : Pernod Ricard a déposé deux propositions d’actions concrètes sur les 13900 engagements volontaires déposés à l’ONU aussi bien par le secteur privé que les organisations de la société civile, gouvernementales ou autres. Elle souligne l’engagement désintéressé et sans faille du groupe dans le mécénat, dont elle souhaite porter l’exemple auprès d’autres entreprises : « Je crois que Pernod Ricard est la seule société en France qui a, sur la liste de ses salariés, des biologistes marins. C’est un vrai mécénat car il concerne un domaine qui n’a absolument aucun rapport avec l’activité de l’entreprise. Le groupe n’investit pas dans des chercheurs : il leur donne une totale liberté de recherche, comme on le fait avec des artistes. La créativité dans la recherche passe par la liberté du chercheur. Or les chercheurs sont les seuls aujourd’hui à pouvoir créer ce dialogue avec le vivant dont nous dépendons et qui a besoin de nous. » Elle souligne l’importance pour le secteur privé d’envisager la philanthropie comme un acte vraiment désintéressé : investir dans la recherche, dans le partage de la connaissance, c’est faire acte de « bio-philanthropie ». Pas mal, ce terme. Ça vient d’où ? « Je viens de le trouver ! » dit-elle, amusée !

Le 26 août, à Deauville, ce sera l’opération 24hours for Oceans : dans le cadre de Take Off, l’initiative pour les Océans portée par Patricia Ricard, cet événement festif portera l’Océan dans la ville, à travers une exposition de photographies, deux conférences, un concert surprise et le Bal Bleu, volet caritatif destiné à financer le programme international de résidence de jeunes chercheurs sur l’île des Embiez. L’an dernier, un premier chercheur est venu de Corée du sud travailler sur une solution inspirée du vivant pour remplacer les peintures antifouling, ces enduits hautement toxiques qui empêchent les moules de se fixer aux coques des bateaux et empoisonnent les œufs de poissons dans les ports et le long des côtes… Patricia Ricard ouvrira le bal : « il faut essayer de mobiliser par le partage, le plaisir, la convivialité ». Ce sera une danse en conscience. « Notre planète est magnifique. Partageons notre émotion face à la nature! » Oui, mais sans perdre de vue l’objectif : celui de la sauver. Un rêve ? Patricia Ricard ne lésine pas sur ses rêves.

Take Off : pour soutenir l’initiative, rendez-vous le 26 août à Deauville pour 24H for Oceans ou participez au Bal Bleu . Devenez membre ou enregistrez votre engagement volontaire pour l’océan.

Texte par Françoise SPIEKERMEIER pour Plume Voyage Magazine

 

 

 

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