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Le Confinement Vu Par Yvan Benbanaste De Society Room

De belles matières, des lignes sobres, l’élégance à la française avec une touche Dolce Vita et un brin d’exotisme signent les collections intemporelles de la marque parisienne. Society Room c’est le flegme français marié au chic italien, un vestiaire masculin-féminin comme si la femme pouvait emprunter le costume et les chemises de son homme. Les vêtements semi mesure de la jeune marque sont créés dans un écrin au cœur du quartier de La Madeleine. Alors comment se débrouille cette jeune société au cœur de cette crise inédite et comment envisage-t-elle l’après confinement? Interview par téléphone, d’Yvan, l’un des fondateurs de la marque.

Yvan Benbanaste a d’abord été le directeur de la création chez Pal Zilieri pendant 8 ans, une marque italienne masculine haut de gamme avant d’imaginer le concept de Society Room. 
Les costumes pour homme, les coupes impeccables les chemises sur mesure, il connaît par cœur, mais l’idée d’une ligne pour la femme lui trottait depuis longtemps en tête…
Après avoir créé Society Room avec Fabrice Pinchart Deny, ami et associé, ancien trader sur les marchés financiers, c’est avec un très beau carnet d’adresses, fait d’amitiés sincères que les deux amis ont commencé l’aventure, Yvan à la création, Fabrice au développement.
Tous leurs amis ont d’abord répondu présents à la première collection et à leur premier défilé au restaurant Loulou, dans les jardins du Carrousel du Louvre et encore lors du deuxième défilé  qui a eu lieu dans les magnifiques salons, face à la Tour Eiffel du restaurant Monsieur Bleu. 
C’est aussi naturellement de façon enthousiaste que leurs amis ont tous répondu à l’annonce de la création d’une boutique en ligne et à la réception des masques écrans fabriqués dans des tissus de chemises créés pour le confinement.
Masques dont 10% des bénéfices seront reversés à l’association #protègetonsoignant.

 

Comment vous est venue l’idée du masque ?

C’est grâce aux ateliers de chemise avec lesquels nous travaillons toute l’année. 
Comme l’épidémie est d’abord arrivée en Italie ils nous ont aiguillés sur ce que nous pourrions faire pour participer à l’effort de solidarité dans cette crise. 
C’est donc tout naturellement que nous avons décidé de produire ces masques pour adultes et enfants avec des stocks de popeline qui nous restaient.

 

Vous allez bientôt créer un deuxième masque DGA (Direction Générale de l’Armée). Quelle est la différence entre les deux ?

Le premier est un masque écran grand public.
Pour le deuxième nous suivons les conseils du CSF Mode et Luxe (comité stratégique des filières de la Mode et du Luxe), une plateforme qui accompagne les différents acteurs de la filière textile. Depuis huit semaines, le comité divulgue ses conseils sur la partie technique du développement des masques plus performant et suivant les normes DGA destiné aux professionnels. Nous espérons le produire dans quinze jours. Le comité fait un travail formidable de lien et surtout, nous permet de développer cette partie technique essentielle pour un masque 100% exigeant.
C’est important pour nous de contribuer à l’effort solidaire et aussi cela nous permet de faire tourner les ateliers, pour éviter le chômage technique.

 

Comment vivez-vous le confinement ? Comment vous êtes-vous organisés avec votre équipe ?

Pour l’instant ça va… Mais le début du confinement nous a provoqué une sensation étrange. Toutes nos productions à Paris se sont arrêtées d’un coup.
Dès le lundi 16 mars, nous avons appelé les ateliers pour leur demander s’il voulait produire les masques que nous voulions tout d’abord offrir. Ils ont tout de suite accepté.
Nous ne voulions pas que nos ateliers restent vacants et surtout nous voulions les distribuer à ceux qui n’avaient rien pour se protéger sur les conseils de nos amis italiens qui avaient trois semaines d’avance sur nous. Dans un premier temps participer à l’effort solidaire a été naturel pour nous.

 

Vous entamiez votre 2ème année de création de la société et arriviez à l’équilibre cette année, quelles ont été les conséquences directes du confinement sur la société ?

L’activité économique s’est arrêtée le 16 mars. Comme pour la majorité des commerçants et des entrepreneurs, la crise nous a stoppé dans notre élan. Notre développement s’est brutalement interrompu. 
Nous attendons toujours de savoir si nous sommes éligibles au PGE (prêt garanti par l’état). La banque nous a demandé de faire un prévisionnel sur l’année 2020 pour évaluer nos besoins. Le PGE est obtenu comme un prêt classique auprès de la banque avec une demande de BFR (besoin en fond de roulement), plan prévisionnel de chiffre d’affaires et un bilan de l’exercice précédent.

Pourriez-vous résumer en quelques mots votre marque-concept ? Comment définir votre lieu ?

C’est une maison de tailleur pour homme et pour femme que nous avons conçu à la manière d’un cabinet de curiosités où tout est à vendre. C’est une version moderne d’un salon parisien comme au début du 20ème siècle. Nous y menions une vie sociale, nous organisions des déjeuners et des dîners en petit comité tout en présentant notre dernière collection et les derniers meubles et objets chinés (objets vintages et design, luminaires d’exception, photographies et créations d’amis comme les bijoux de Gas Bijoux, ceux de Sophie Simone Cortina ou encore le Parfum de Valise de Capsule de Plume). 

Vos derniers déjeuners ou dîners avant le confinement ?

Le dernier déjeuner s’est déroulé avec les membres de la Fondation Recherche Association de Alzheimer afin de participer aux lots qui devaient être offerts lors de leurs prochains galas. Tout est annulé pour l’instant.

Vos premiers dîners après le confinement ?

C’est très clair ! Avec nos amis, les gens qu’on aime…donc nous ferons des déjeuners et dîners de dix personnes maximum !

Vous proposez une certaine idée du style aussi bien pour les vêtements que pour la décoration d’intérieure, quels sont vos égéries, vos références ?

Monsieur Saint Laurent, Hubert de Givenchy pour les inspirations de style. 
Jane Fonda, Jane Birkin, la chanteuse Clara Luciani, l’actrice Noémie Merlant qui a reçu le prix Lumières de la meilleure actrice pour son rôle dans « Portrait de la jeune fille en feu » de Céline Sciamma, et puis nos amies nous inspirent beaucoup.

Yvan, les lieux de vos dernières vacances ?

Tulum au Mexique. 

Quelles sont vos destinations favorites ?

La Grèce sans hésitation.

Yvan, en quoi le voyage inspire vos créations ?

Le voyage est un moment de calme pour moi propice à la création. L’acte même de voyager me sort du quotidien et me donne du temps pour laisser libre cours à mon imagination. Et Londres est une source d’inspiration continuelle.

 

Quelle serait la destination en France où vous aimeriez aller, juste après le confinement ?

Dans le Midi, pour voir la mer. C’est une autre source d’inspiration. La lumière là-bas est tellement belle. 

 

Comment envisagez-vous l’après confinement ? Que ferez-vous en premier ?

La première chose sera de sortir de cette vie sociale digitale et retrouver mes amis et prendre l’apéro en vrai!

Quelles sont les conséquences positives ? Les aspects positifs du confinement pour votre société, s’il y a lieu ?

Nous avons eu le temps de mettre à jour nos dossiers en retard, nous réorganiser et surtout nous avons lancé notre site e.commerce sur Shopify. Nous envisagions de le faire depuis des mois, le confinement nous a permis de le créer plus rapidement. C ’est un point positif. Nous y vendons pour l’instant les masques et le prêt à porter femme de la collection printemps 2020 sera bientôt disponible.

On se dirige vers un déconfinement (en principe), quelles leçons/expériences en avez-vous tirées ?

Cette crise sanitaire est aussi économique, nous avons réalisé que tout est très fragile et qu’il faut en permanence se remettre en question, s’adapter. En tant que jeune entreprise, voilà l’expérience que nous en avons tiré. Nous pressentons une situation bien différente de celle qui existait avant le confinement.  Nos prix étaient déjà très serrés mais il faudra avoir une proposition de prix encore plus intéressante. Nous étions déjà dans une stratégie économique responsable et les clients qui y étaient sensibles le seront davantage encore. Cela va changer la manière de consommer et d’acheter. Il y aura un gros impact sur le pouvoir d’achat de manière générale. L’industrie textile devra en tenir compte. Il y aura de nouveaux comportements de consommation. 

Pour terminer si vous aviez une baguette magique, quels seraient vos souhaits ? Un vaccin pour le Covid 19 et pouvoir garder la baguette magique !

 

Retrouvez toutes les interviews et les chroniques de Plume Voyage sur notre site.

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