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Le Bhoutan, Paradis Préservé Du Covid-19, Veut Devenir Plus Attractif

BhoutanLe dzong de Punakha, une forteresse bouddhiste caractéristique du Bhoutan | Crédit photo : Getty Images

Pendant la pandémie de Covid-19, le Bhoutan a été l’exemple à suivre, avec le plus faible nombre de cas enregistrés dans le sous-continent indien.

Le pays a signalé son premier cas le 6 mars dernier : une touriste américaine de 76 ans testée positive et immédiatement placée en quarantaine. Les autorités ont par la suite retracé 73 contacts directs pour les placer également en quarantaine.

Le Royaume du Bhoutan et ses 750 000 habitants partage des frontières avec l’Inde et la Chine. Le pays est d’ailleurs une destination populaire pour les touristes indiens et chinois à la recherche de calme. Pendant la pandémie, les habitants ont révélé leur esprit de solidarité, en donnant leurs récoltes aux personnes dans le besoin, et en mettant des chambres d’hôtel à disposition pour placer des patients en quarantaine.

Le pays a par ailleurs accueilli un heureux événement pendant la pandémie : Jetsun Pema Wangchuck, la reine consort du Bhoutan, a donné naissance a un petit garçon le 19 mars dernier, au palais Lingkana situé à Thimphou, dans la capitale. Le jeune prince rejoint ainsi la famille royale après la naissance de son frère aîné quatre ans plus tôt (ce dernier est le prince héritier de la couronne).

 

Bhoutan
Le roi Jigme Khesar et la reine consort Jetsun Pema

 

Lorsque la pandémie de Covid-19 a entraîné la fermeture des frontières de ce petit pays niché au cœur de l’Himalaya, le tourisme en a grandement pâti. Aujourd’hui, pour compenser les pertes, le Conseil du tourisme du Bhoutan profite de cette occasion pour rendre le tourisme plus efficace, en facilitant les procédures d’entrée dans le pays.

Selon le directeur général du tourisme, Dorji Dhradhul, les conditions d’accès au territoire représentent l’un des principaux motifs de plaintes de la part des touristes. En effet, ceux-ci doivent réserver par l’intermédiaire d’un opérateur local et payer à l’avance, un facteur frustrant pour beaucoup. Mais à présent, la tâche va être facilitée, et il sera possible de réserver son voyage en ligne et de payer avec une carte de crédit, plutôt qu’avec des virements bancaires complexes comme c’était le cas auparavant.

Nous avons pu discuter avec M. Dhradhul de ces nouvelles modalités pour entrer sur le territoire et de la réouverture des frontières aux touristes.

 

Comment comptez-vous relancer le tourisme dans la région ?

La réouverture des frontières du Bhoutan dépend bien entendu de la situation sanitaire au niveau mondial. Pour l’instant, nous avons eu beaucoup de chance. Le pays compte un nombre de cas limité et la transmission du virus a été nulle, ce qui nous a permis de faire face à la situation sans difficulté. [À ce jour, aucun touriste n’est présent sur le sol du Bhoutan, car l’Américaine testée positive au Covid-19 a été la dernière touriste à quitter le territoire le 20 mars dernier]

La relance du tourisme sera sans doute plus facile pour le Bhoutan que pour les autres destinations touristiques, grâce à notre politique touristique de longue date qui privilégie la qualité à la quantité, comme l’avait si bien expliqué le roi Jigme Khesar lors d’une allocution royale en 2019 :

« Lorsque le Bhoutan s’est ouvert au tourisme étranger dans les années 1970, les autorités ont résisté à la tentation d’exploiter le tourisme de masse, et se sont plutôt concentrées sur une politique visionnaire intitulée High Value — Low Volume (littéralement : grande valeur ajoutée – faible volume). La sagesse de cette politique touristique a permis de faire du Bhoutan une marque forte et une destination exclusive ».

C’est ainsi qu’au cours des cinq dernières décennies, le Bhoutan est devenu la destination par excellence du voyageur expérimenté, à la recherche d’un endroit proche de la nature et avec une culture unique, tout en évitant les foules des autres destinations. Après la pandémie, le thème principal de l’expérience bhoutanaise sera le bien-être, et nous comptons présenter le pays comme la destination parfaite pour un séjour synonyme de détente. Par ailleurs, le slogan du Bhoutan est bien connu « Happiness is a place », mais nous avons aujourd’hui un nouveau slogan « Happiness is a space », qui fait référence à la facilité de mettre en place une distanciation physique et, à ce titre, de garantir la sécurité de chacun. Tout ceci peut venir s’associer à des expériences du corps, de l’esprit et de l’âme, pour proposer un sentiment de bien-être aux touristes qui visitent le Bhoutan.

Nous prévoyons par ailleurs plusieurs campagnes à destination de nos principaux marchés cibles, y compris les États-Unis, d’où viennent régulièrement de nombreux touristes huppés. De plus, nous nous joignons à la campagne mondiale #plannowtravellater, qui propose d’organiser dès maintenant des voyages pour le futur. Le Bhoutan est une destination qui fait rêver de nombreux touristes, et pour les encourager à venir nous voir, nous améliorons nos services, nos systèmes et nos procédures, y compris la réservation de voyages, pour les adapter aux normes du XXIe siècle.   

 

Sera-t-il plus facile de réserver un voyage au Bhoutan ?

Nous comptons vraiment faciliter les vacances au Bhoutan et rendre l’expérience sur place plus modulable d’ici la reprise du tourisme mondial. À l’évidence, nous n’avons pas d’influence sur la réouverture des frontières des autres pays, et puisque le Bhoutan dispose de peu de liaisons internationales (Thaïlande, Inde, Singapour, Népal et Bangladesh), tout ceci nous concerne directement. Même avant que le Covid-19 ne paralyse le monde entier, nous réfléchissions déjà à ajouter de nouvelles liaisons directes, peut-être avec un pays du Moyen-Orient ou de l’Extrême-Orient.

 

Quelles restrictions pourraient être maintenues pour les visiteurs ?

Notre politique touristique High Value — Low Volume restera en vigueur, puisqu’elle promeut le tourisme soutenable, basé sur les capacités d’accueil de la nature, et sur notre infrastructure socioculturelle. Sous l’égide de cette politique, tous les voyages organisés au Bhoutan depuis les années 1970 sont dirigés par un guide, ce qui prend tout son sens aujourd’hui avec les nouvelles normes sanitaires. Par ailleurs, l’OMS et notre ministère de la Santé pourraient ajouter de nouvelles mesures, comme des kits de test ou des applications de tracking afin de s’adapter à la nouvelle réalité. À ce jour, nous utilisons déjà une application de tracking sur notre territoire.

 

Que pourront attendre les touristes de leur voyage au Bhoutan à l’avenir ?

Une expérience comme aucune autre. Certains trouvent au Bhoutan une nouvelle inspiration et se sentent rajeunis d’avoir été accueillis par la nature locale, d’être entourés de montagnes majestueuses, de traverser des vallées pittoresques aux rivières sinueuses et de rencontrer des Bhoutanais heureux tout en respirant un air pur. D’autres trouvent leur inspiration dans le tissu social du Bhoutan, où les liens familiaux et le sens de la communauté sont encore très forts. Les traditions et les valeurs ancestrales sont encore très présentes dans la vie quotidienne, malgré les évolutions constantes au quotidien. D’autres encore ressentent à nouveau un sentiment d’éveil spirituel au Bhoutan, pas seulement grâce aux monastères qui jalonnent le paysage à chaque tournant, mais aussi avec l’odeur de l’encens et le son des moines et des nonnes qui chantent leurs mantras. L’expérience est plus intangible, et englobe tout le séjour, depuis le moment où l’avion fait sa descente finale dans la vallée de Paro jusqu’aux derniers adieux au guide local après un voyage pas comme les autres.

Sur une perspective plus globale, j’estime que le Bhoutan peut être une inspiration pour un monde qui a connu des évolutions envahissantes ces dernières décennies, bien avant la crise sanitaire. Grâce à notre combat contre le changement climatique, notre vision holistique du développement national et le bien-être de notre peuple, tout ceci au sein d’un royaume qui a donné naissance à l’indice de bonheur national brut, le Bhoutan fait le maximum pour donner l’exemple. Le pays a d’ailleurs déjà un bilan carbone négatif, ce qu’aucune autre nation n’est parvenue à accomplir pour l’instant.

 

Quel message peut-être envoyé à travers le monde pour promouvoir les opportunités de bien-être et de santé au Bhoutan ?

Jusqu’à présent, le Bhoutan s’est principalement présenté comme une destination dotée d’une culture unique et d’une nature vierge. Tout cela reste vrai aujourd’hui, mais le Bhoutan a encore bien plus à offrir. Au cours de la dernière décennie, nous avons pu constater une tendance mondiale croissante aux voyages de bien-être, qui devrait s’accentuer, surtout dans l’après Covid-19. Les gens du monde entier vont certainement réfléchir à leur quotidien, à ce qui compte vraiment pour eux, et chercheront sans doute des moyens d’améliorer leur bien-être mental et physique.

Le Bhoutan, appelé autrefois Menjong (le pays des herbes médicinales), avec son bonheur national brut et son environnement paisible, est une destination idéale pour ces voyageurs qui souhaitent réfléchir, se détendre et se ressourcer. L’offre de bien-être au Bhoutan augmente chaque année : du yoga, de la méditation, des enseignements de philosophie bouddhiste, des traitements de médecine traditionnelle, mais aussi d’autres expériences thermales uniques, des retraites, des pèlerinages. Tout ceci dans un environnement serein et vaste. Même si cela peut paraître contradictoire, la nouvelle norme de distanciation physique permettra aussi de se reconnecter réellement à soi-même et à son environnement. 

 

Actuellement, le Bhoutan compte-t-il des cas de Covid-19 ?

À ce jour, nous avons 21 cas, qui proviennent tous de l’extérieur, ainsi il n’y a pas eu de propagation dans les communautés locales. Parmi ces patients, 5 sont déjà rétablis, et nous ne comptons aucun décès des suites du virus.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Jim Dobson

 

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