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Laura Gonzalez réalise son rêve américain

La designeuse française qui s’est imposée comme la cheffe de file d’une génération féminine d’architectes d’intérieur arrive à New York avec une galerie qui présentera son travail et « ses » artisans d’art. Portrait d’une bosseuse ambitieuse qui célèbre,  néanmoins, les valeurs familiales. 

Un article issu du numéro 27 – été 2024, de Forbes France

 

 

Le 14 juin prochain, une galerie Laura Gonzalez ouvrira ses portes à New York. La designeuse française de 40 ans y exposera son travail mais aussi les artistes et artisans auxquels elle croit. « C’est un investissement important, dit-elle, mais depuis que j’existe, j’ai toujours réinvesti une grande partie de mes bénéfices. » Car il y a une logique business derrière le rêve américain de Laura Gonzalez, nombre de ses clients vivant outre-Atlantique. « Actuellement, je suis sur le Printemps, à New York, explique-t-elle. Je m’occupe du retail mais aussi du restaurant, du bar… C’est passionnant. »

La jeune femme s’est tuée à la tâche dès son plus jeune âge pour en arriver là. Collégienne, elle intègre la prestigieuse Légion d’honneur. Un internat d’excellence dans le 9-3 où seuls ont accès les enfants dont les ascendants ont reçu la précieuse distinction. « J’ai tout appris là-bas, l’autonomie, la rigueur, se souvient-elle. Et j’ai eu une formidable prof d’arts plastiques qui m’a confié les clefs de l’atelier. C’est là que j’ai forgé ma créativité. » Son bac ES en poche, Laura passe et réussit le concours des Beaux-Arts en archi. En 5e année, elle commence à travailler en parallèle, aidant une amie à décorer sa boutique. Un premier projet… sans budget ! À l’école de la débrouille, Laura se révèle une excellente élève. La plupart des éléments servant à son décor sont chinés en brocante et elle-même est payée avec un iPod ! « À la suite de ce chantier, j’ai enchaîné sur des appartements privés, confie-t-elle. J’étudiais pendant la semaine et je bossais le soir et les week- ends. Du 7 sur 7… »

 

Un style à part

Progressivement, la jeune fille se taille une réputation à Paris qui l’amène à rénover restaurants et discothèques branchées, dont celle de la célébrissime reine de la nuit, Régine. « Là, mon père m’a dit que je devais me professionnaliser, dit- elle. Se faire payer en iPod, c’est pas génial une fois qu’on en a un ou deux… J’ai donc fondé ma société. » La presse repère précocement cette designeuse étrange qui ne marche pas dans les pas des stars de l’époque, les Garcia et autres Starck, figures de la french touch contemporaine. Elle, utilise l’ancien, le vintage ; aux teintes froides alors en vogue (le blanc, le taupe, l’argent), elle préfère les couleurs chaudes, les imprimés, réconcilie le design avec la moquette et pratique le métissage des cultures. Si elle n’a pas de mentor, ses inspirateurs(trices) s’appellent Alberto Pinto ou Madeleine Castaing. « Les médias me voient comme une femme qui incarne une nouvelle génération d’architectes d’intérieur », assure-t-elle.

Le succès est une invitation à recruter. Son cabinet passe rapidement à une demi-douzaine de personnes. Mais la montée en puissance de l’entreprise va nécessiter une rencontre amoureuse avec celui qui deviendra son mari et le père de ses enfants. En 2016, elle croise, en effet, le chemin de Benjamin Memmi, directeur artistique dans le prêt-à-porter. Le coup de foudre initie non seulement une famille en or mais aussi une association fructueuse puisque la société passe de 8 à 50 salariés en quelques années. D’une part, Benjamin Memmi possède un sens aigu de la gestion et de l’organisation qui manquait à Laura, peu passionnée par l’arithmétique. D’autre part, leur union accouche d’une brillante idée : lancer une ligne de meubles.

 

 

Bien dans ses meubles

Laura dessine les collections et s’appuie sur des artisans d’art pour la réalisation, Benjamin se charge de la partie commerciale, diffusion, partenariats… Comme avec Cartier qui habille l’une de ses boutiques emblématiques avec des meubles signés Laura Gonzalez. Un peu plus d’un an après le lancement de cette nouvelle activité, le salon AD Intérieur distingue ses créations. « Ça nous a beaucoup aidés, affirme Laura Gonzalez.Quelque temps après, on a ouvert une galerie à Paris pour exposer nos pièces majeures. » Deux galeries new-yorkaises les représentent outre- Atlantique et, depuis le 13 juin dernier, Laura et Benjamin y ont implanté leur propre galerie. « New York est une place forte pour le design mondial, estime-t-elle. On y croit fort, c’est pour cela qu’on a décidé d’investir autant. » Benjamin Memmi rappelle qu’aujourd’hui, le mobilier réalise 50 % du CA de l’entreprise (20 millions d’euros annuels), soit autant que le design, et que cette part est en progrès constants.

Pour autant, Laura Gonzalez ne compte pas délaisser le design. Elle multiplie d’ailleurs les références haut de gamme, de Louboutin à l’hôtel Saint-James en passant par Belmont et d’autres. Et rêve, in petto, du projet de sa vie : un musée. « Dans une dizaine d’années, j’irai peut-être vers l’architecture extérieure, confie-t-elle. Mais je tiens à rester une entreprise familiale. Je n’ai pas envie de devenir une grosse machine qui doit répondre à tous les appels d’offres pour survivre, et devoir faire entrer un fonds d’investissement dans le groupe. Moi, je fais mes rendez-vous avec mes enfants sur les genoux, je collabore avec les gens qui me plaisent et tout cela me convient. »


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