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La Vie De Château À Fonscolombe

Près d’Aix-en-Provence, ce magnifique domaine ayant appartenu au Marquis Boyer de Fonscolombe puis au Marquis de Saporta, conserve l’atmosphère familiale d’origine et le charme des instants privilégiés de la noblesse française. Après une incroyable restauration, il est devenu un hôtel cinq étoiles qui ne ressemble à aucun autre. Une halte hors du temps.

Une source. A l’origine était une source à proximité de laquelle fut construit le château, au XVIIIème siècle, dans le style italien du Quattrocento : façade avec balcon, hautes fenêtres, bassins et fontaines dans le parc. Dans l’aride campagne du Pays d’Aix, l’eau à Fonscolombe, afflue généreusement en plusieurs points comme par miracle. 

Lorsqu’on arrive au château, on aborde la bâtisse par l’arrière-cour. C’est un décor de petit jardin à la française. Une treille portant un rosier ancien conduit au potager. De part et d’autre de la courette trônent deux colombiers aux tuiles vertes vernissées. Sur l’un d’eux, juste en dessous de l’horloge au mécanisme grippé est inscrit « CARPE DIEM » en lettres capitales. Le temps, à Fonscolombe, suspend son vol. Après avoir été une résidence familiale privée pendant près de trois siècles, le château, qui reçut des hôtes prestigieux en villégiature, se livre à présent, depuis le mois de juin, aux hôtes de l’hôtel 5 étoiles qu’il est devenu, rajoutant une étoile aux armes familiales des Boyer de Fonscolombe qui en comprend trois, surmontant un bœuf et un cœur doré. Leur devise : « lentement mais sûrement ». Tout, ici, invite à la pause.

Le château de Fonscolombe fut construit en 1730. La majesté de sa façade n’apparaît que lorsqu’on a déjà pris possession du lieu, circulant d’un salon à l’autre sur les tomettes lustrées, comme si l’on avait vécu là toute son enfance et que l’on passe par la cuisine pour chiper un fruit au passage, avant d’aller jouer dans le parc. Sortant sur le parvis orienté sud, deux cariatides vous ouvrent le passage vers la liberté : la nature. Celle d’une pelouse provençale traditionnelle où l’herbe folle offre cette impression d’un univers sauvage à investir comme si l’on était le premier à s’y aventurer. Cette vaste aire livrée à elle-même, bordée d’essences diverses et de pins parasols rappelant les faubourgs de Florence, on l’aperçoit depuis la fenêtre de sa chambre, pour celles ayant le privilège de la vue sur le parc. A droite, un majestueux cèdre du Liban plusieurs fois centenaire fait de l’ombre à un autre cèdre planté le 26 avril par la Reine d’Angleterre Elisabeth II lors de son séjour à Fonscolombe en 1965. Elle fêtait tout juste ses 39 ans. Dans sa chambre, rebaptisée « chambre de la Reine » (Chambre n°203), la salle de bains possède une baignoire ancienne tout en marbre de carrare, dont la taille, équivalente à un bassin, laisse imaginer l’abondance de l’eau sur la propriété.

Derrière les persiennes provençales qui gardent la fraicheur à l’intérieur, les branches basses du grand cèdre font de l’ombre à une table en fer forgé. On a envie de s’attabler pour écrire ou dessiner. Car ici, on peut enfin faire ce que l’on ne fait jamais, ou peu : rêver. Rêver de la vie des anciens propriétaires et de leurs illustres ancêtres, botanistes, humanistes et hommes politiques, comme Roch de Boyer de Fonscolombe qui oeuvra au rachat de la Corse à Gênes par la France de Louis XV. S’imaginer leur hôte, le temps d’un soir, d’une fête, d’une halte. C’est facile : le château est quasiment intact. Sa transformation en hôtel a donné lieu à une restauration de grande ampleur afin de respecter l’histoire, ne pas déranger l’âme du lieu classé aux Monuments Historiques. 

Acquis en 2014 par Hélène Martel-Massignac à la tête de son groupe hôtelier, elle a réussi à réaliser sa vision, dans le respect le plus fidèle de l’atmosphère d’origine. Pour cela, l’architecte du patrimoine Corrado de Giuli Morghen de l’agence Fabrica Traceorum à Marseille, qui a œuvré sur de nombreux bâtiments  classés et jardins anciens, a réhabilité les lieux à l’identique : avec une vingtaine de compagnons, les façades ont été restaurées, la chapelle familiale réhabilitée, les décors de staff et les gypseries refaits. Associé à l’architecte d’intérieur Vincent Bastié, l’homme aux quatre-vingt hôtels (parmi lesquels Les Bains Paris, Le Marignan, le Burgundy), puis à Arnaud Behzadi et Cathy Crinon au sein d’Artefak, ils ont coulé le moderne dans l’ancien : les magnifiques cuirs de Gênes peints, d’une rareté absolue, habillant le grand salon ont été restaurés, de même par exemple que les papiers peints ornés d’oiseaux du petit boudoir. Les détails infimes invisibles à nos yeux, ont été soignés. Le lieu a été repensé dans sa réalité contemporaine, dans le gros œuvre et les touches de décoration. Sur l’aile Est du château, un restaurant a été inséré de la manière la plus subtile, entre les anciens communs et un haut mur d’époque abritant, à l’origine, l’orangerie. D’où le nom du restaurant : l’Orangerie. La décoration moderne alliant métal, verre et bois blond, offre ce lien rassurant avec le monde extérieur, et permet d’apprécier davantage la parenthèse de totale détente au sein de la demeure. Le Chef Nadège Serret y concocte une cuisine fraîche et colorée  à base de produits locaux, d’agneau, de poissons et de volailles ponctuée d’herbes aromatiques et de légumes du jardin. Les petit-déjeuners, somptueux, sont pris sur la pelouse, à l’ombre du cyprès chauve.

Dans l’après-midi, un bain s’impose dans la piscine, à l’autre bout du parc, après la petite chapelle familiale. On traverse pour s’y rendre un sous-bois de platanes centenaires, puis on atteint un bosquet de chênes. La piscine, c’est l’ancien bassin du curé de la paroisse du Puy-Sainte-Réparade, ami de la famille, qui avait pour habitude de s’y baigner à l’abri des regards. La campagne environnante embaume les genêts. Après le bain, une séance de massage au spa de l’hôtel, dans l’un des salons, est envisageable, à moins que l’on préfère un hammam, une séquence fitness dans la « salle de torture » (!) ou une balade dans la campagne aixoise. Le soir, le bar de style anglais situé dans les caves, offre un refuge parfait pour déguster les vins de la région.

Autour du château s’étend le domaine viticole, soixante hectares de vignes en AOC Coteaux d’Aix-en-Provence et IGP Bouches du Rhône. Le Domaine de Fonscolombe, en exploite 17 sans intrants chimiques de synthèse, produisant des vins au nez fin et fruité. Les parcelles de merlot, de chardonnay, de cabernet sauvignon du Domaine bénéficient du label Agriculture Biologique. L’ancêtre Louis de Saporta fonda la confrérie des échansons du Roy René qui fit de ce vin une référence régionale à travers la promotion des Coteaux d’Aix-en-Provence…A Fonscolombe, le vin est aussi une histoire de famille. 

 

Texte et images par Françoise SPIEKERMEIER pour Plume Voyage Magazine

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