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Jeux Olympiques : ne pas éteindre la flamme de l’engagement

Jeux Olympiques
PARIS, FRANCE - July 26: A detailed view of the Olympic Cauldron in the sky after being lit by Torch bearers French Athlete Marie-Jose Perec and French Judoka Teddy Riner during the opening ceremony at the Seine River of the Paris 2024 Olympics Games on July 26, 2024, in Paris, France. (Photo By Oscar J. Barroso/Europa Press via Getty Images)

Une contribution de Quentin Guilluy, PDG de Teamstarter

 

Ma sœur Hélène, professeure des écoles à temps plein, a passé son été à « passer le balai ». Elle l’a fait avec joie, passion et entrain, car elle ne passait pas n’importe quel balai : elle était « mopper » sur les épreuves de badminton olympiques et paralympiques. Comprenez qu’elle essuyait le terrain notamment lorsqu’un athlète tombait, afin d’en retirer la sueur.

Ce qui m’a frappé c’est la ferveur avec laquelle Hélène a accompli cette tâche non rémunérée, sous des horaires imprévisibles et avec des heures supplémentaires. Lorsqu’en fin de mission elle a reçu un message de son patron (comprenez Tony Estanguet), qui leur disait « c’est nous qui avons eu de la chance [de vous avoir], parce ce que c’est extraordinaire ce que vous avez fait », Hélène me l’a transféré accompagné d’un « C’est beau ». Dans bien des entreprises traditionnelles, un tel message du « grand patron » aurait pu être perçu comme condescendant, voire cynique, accompagné du sentiment que seul le dirigeant récolte les lauriers. Mais ici, Tony Estanguet a réussi à créer un sentiment de fierté collective, un véritable esprit d’équipe. Comment a-t-il instauré cette culture si forte ? Comment cette expérience peut-elle nous inspirer dans le monde du travail ?

 

Un recrutement centré sur la mission

L’organisation des Jeux a mis un point d’honneur à valoriser le rôle des bénévoles, souvent appelés « petites mains » dans d’autres contextes. Si Hélène était là, c’est parce qu’elle est extrêmement impliquée dans la vie associative et sportive de sa ville.

Hélène a été sélectionnée pour contribuer à l’organisation d’un événement dont elle a sans doute rêvé, dont les enfants qu’elle entraine rêvent : les épreuves de badminton des Jeux Olympiques et Paralympiques. Hélène n’a jamais été mopper en compétition officielle, jamais. Mais elle a appris très vite parce qu’elle contribuait à quelque chose de plus grand qu’elle, qui revêt une importance presque mystique. Hélène était performante car passionnée par la mission de l’organisation qui a révélé l’âme des Jeux : une communion autour d’un objectif commun.

Une prise d’initiative contagieuse

Les bénévoles des Jeux ont également incarné un autre principe essentiel : celui de la liberté d’initiative. Qui n’a pas remarqué l’énergie contagieuse qui émanait des bénévoles aux entrées des arènes ? Leur humour, leur enthousiasme, leur envie de créer un moment unique avec chaque spectateur. Ce qui a commencé comme une somme d’initiatives individuelles s’est rapidement transformé en une véritable dynamique collective, jusqu’à toucher les forces de l’ordre qui, de l’avis général, étaient bien plus détendues qu’à l’accoutumé. Au fil des épreuves, cette ambiance s’est intensifiée, illustrant à quel point l’engagement peut créer des merveilles. L’esprit de camaraderie et d’initiative a marqué les Jeux Olympiques et Paralympiques, offrant une leçon précieuse sur la puissance d’une équipe unie. C’est là un autre enseignement : la confiance et l’autonomie sont des éléments contagieux au-delà des effectifs de l’organisation.

Une reconnaissance de tous les instants

Les rendez-vous de reconnaissance des bénévoles ont été intelligemment jalonnés par l’organisation. D’abord un premier rendez-vous à la Défense Arena dès le mois de mars pour créer un sentiment d’appartenance et un effet de corps. Puis le don d’un uniforme extrêmement complet (15 pièces par bénévole !) qui a renforcé cet effet de clan. 

Sont ensuite venus les remerciements systématiques de l’organisation via des annonces pendant les épreuves, générant les applaudissements nourris du public. L’organisation du travail des bénévoles était pensée avec intelligence : elle alternait tâches plus ingrates (hors des stades, ou port de charges) avec des moments gratifiants (prises de parole, rôles plus proches des compétitions). Cette gestion fine a évité la frustration et favorisé une répartition juste des responsabilités.

Enfin, Tony Estanguet, par sa proximité et sa sincérité, a su incarner un leadership qui a su toucher et valoriser chaque bénévole. Cette reconnaissance continue à cimenter l’engagement de chacun, renforçant le sentiment de faire partie d’un tout.

Et maintenant ?

La question cruciale qui se pose est la suivante : peut-on transposer cette culture dans d’autres circonstances, ou s’agissait-il d’un effet Jeux Olympiques et Paralympiques ? Peut-on créer une telle dynamique dans une organisation traditionnelle ? Le sport est-il le seul domaine capable de susciter une telle passion ?

Je crois que non. Ce modèle est reproductible, et nous avons l’opportunité d’en tirer des leçons uniques de management. Les fédérations sportives, les associations, mais surtout les ressources humaines en entreprises, doivent s’inspirer de ces valeurs pour cultiver un engagement durable.

En entreprise, tout comme dans le sport, il est possible de créer une culture où chacun se sent valorisé et impliqué, où l’initiative individuelle nourrit la réussite collective. Ce que nous avons vu pendant les Jeux n’était pas un coup de chance, mais bien l’expression d’une méthode éprouvée, pensée et bien exécutée : donner du sens, favoriser l’autonomie, et offrir une reconnaissance sincère et constante.

Le défi est désormais de théoriser ces pratiques, de les adapter à nos structures professionnelles, et de les appliquer au quotidien. La flamme de l’engagement ne doit pas s’éteindre avec la fin des Jeux. Elle peut, et doit, continuer de briller dans tous les secteurs de notre société.

 


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