logo_blanc
Rechercher

Dora Maar : l’Exposition Événement Au Centre Pompidou

Du 5 juin au 29 juillet prochain, le Centre Pompidou présente la plus grande rétrospective jamais consacrée en France à l’œuvre de Dora Maar. Photographe professionnelle, surréaliste puis peintre, Dora Maar jouit d’une incontestable reconnaissance. L’exposition propose de montrer tous les volets de son travail afin de lui restituer son statut d’artiste, prévalant sur celui de modèle, auquel sa relation intime avec Pablo Picasso la limite trop souvent.

 

Au Centre Pompidou, Galerie 2, niveau 6

Rogi André – Dora Maar, vers 1937 – Épreuve gélatino-argentique Collection Centre Pompidou, Paris Musée national d’art moderne Centre de création industrielle – Copyright de l’œuvre © droits réservés Crédit photo / Photo credit © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Georges Meguerditchian / Dist. RMN-GP

 

À travers près de 400 œuvres et documents, en provenance de 80 prêteurs, nourrie de recherches menées dans le fonds Dora Maar du Musée national d’art moderne et de sources inédites, l’exposition retrace le parcours fascinant d’une intellectuelle parisienne libre et indépendante : de l’ouverture de son studio et ses premières commandes de mode à ses engagements sociaux et politiques, dont témoignent ses photographies de rue, en passant par sa participation au mouvement surréaliste et sa rencontre avec Picasso à l’époque de Guernica, jusqu’à sa redécouverte de la peinture, un rêve de jeunesse auquel elle se dédie tardivement.

 

Une ambition artistique

Dora Maar – Sans titre, 1933, Épreuve gélatino-argentique – Collection Centre Pompidou, Paris – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle – Copyright de l’œuvre © Adagp, Paris – Crédit photo / Photo credit ©Centre Pompidou, MNAM-CCI / Philippe Migeat / Dist. RMN-GP

 

Dora Maar appartient à cette génération de femmes aux ambitions artistiques qui s’émancipent professionnellement dans le métier de photographe, notamment grâce au développement du marché de la presse illustrée et de la réclame dans les années 1930. Issue d’un milieu bourgeois, fille d’un architecte ayant fait carrière en Argentine, Henriette Théodora Markovitch, dite Dora Maar, s’inscrit en 1923, à l’École des arts appliqués pour femmes, autrement appelée « Comité des dames », dépendant de l’Union centrale des arts décoratifs. Hésitant à poursuivre une carrière de peintre, elle suit des cours à l’Académie Julian et auprès d’André Lhote avant de compléter sa formation à l’École technique de photographie et de cinématographie de la Ville de Paris.

 

Affirmation photographique

Dora Maar – Assia, 1934 – Épreuve gélatino-argentique – Achat grâce au mécénat d’Yves Rocher, 2011. Ancienne collection Christian Bouqueret – Collection Centre Pompidou, Paris – Musée national d’art moderne Centre de création industrielle – Copyright de l’œuvre © Adagp, Paris Crédit photo / Photo credit © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Georges Meguerditchian / Dist. RMN-GP

 

En 1931, elle reçoit ses premières commandes et ouvre la même année un studio photographique avec le décorateur de cinéma Pierre Kéfer, au 45 bis boulevard Richard Wallace à Neuilly-sur-Seine. Portrait, mode, projets publicitaires sont leurs spécialités. Au cours de cette collaboration, ils publient dans une vingtaine de périodiques tels qu’Excelsior Modes, Heim, Le Figaro illustré, Femina ou encore Beauté Magazine. Sur la scène photographique parisienne, Dora Maar se distingue déjà à l’époque par son « style », comme le note l’historien d’art Jean Cassou et par sa manière « de jouer avec les lumières, [d’]obliger les ombres à ne pas grimacer », comme le relève Jacques Guenne dans L’Art vivant, en 1934.

 

Engagement politique et surréalisme

Dora Maar – Sans titre, 1935 – Épreuve gélatino-argentique – Achat grâce au mécénat d’Yves Rocher, 2011. Ancienne collection Christian Bouqueret – Collection Centre Pompidou, Paris, Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle, Copyright de l’œuvre © Adagp, Paris, Crédit photo / Photo credit © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Philippe Migeat / Dist. RMN-GP

 

Après l’ouverture de son propre studio au 29 rue d’Astorg à Paris en 1935, Dora Maar continue ses travaux de commande tout en se rapprochant du cercle des surréalistes dont elle partage l’engagement antifasciste et politique. La rencontre avec les surréalistes est aussi artistique. À l’instar de Man Ray et de Hans Bellmer, elle fait partie des rares photographes exposés lors des grands événements du mouvement tel qu’en 1936, l’International Surrealist Exhibition à la New Burlington Galleries de Londres ou encore à la Galerie Charles Ratton à Paris, pour « L’exposition surréaliste d’objets ». Les désormais célèbres Portrait d’Ubu [1936] et Le Simulateur [1935] sont, à ce titre, les œuvres les plus régulièrement exposées.

 

Rencontre avec la peinture

Dora Maar – Portrait de Picasso, Paris, studio du 29, rue d’Astorg, hiver 1935 – 1936 – Négatif gélatino-argentique sur support souple en nitrate de cellulose – Collection Centre Pompidou, Paris – Musée national d’art moderne Centre de création industrielle – Copyright de l’œuvre © Adagp, Paris – Crédit photo / Photo credit © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Dist. RMN-GP

 

Le réseau surréaliste la met sur les pas de Pablo Picasso qu’elle rencontre au tournant des années 1935-1936. Leur complicité les conduit à collaborer autour de Guernica au printemps 1937. Révélant le processus de création de la fameuse toile, Dora Maar en photographie les diverses étapes. Cette fascination mutuelle menant à une liaison de plusieurs années conduit Dora Maar à progressivement se réinventer sur le plan artistique. Si elle expose encore des photographies en 1939, la peinture prend quant à elle de plus en plus le pas dans ses recherches. D’abord inspirée par Picasso, elle trouve peu à peu son style durant l’Occupation dans des peintures sombres, intimes et empreintes d’une gravité et d’un sentiment de solitude typique de la période, ceci avant de se consacrer à un travail sur le paysage, la menant vers l’abstraction dans les années 1950.

 

Une oeuvre aussi prolifique que méconnue

Dora Maar – 29 rue d’Astorg, vers 1936, Épreuve gélatino-argentique rehaussée de couleur – Collection Centre Pompidou, Paris – Musée national d’art moderne Centre de création industrielle – Copyright de l’œuvre © Adagp, Paris – Crédit photo / Photo credit © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Philippe Migeat / Dist. RMN-GP

 

La dispersion de son atelier après son décès en 1997, a révélé de manière éphémère un travail de création artistique quotidien et prolifique. Cependant, son retrait progressif de la scène artistique explique la méconnaissance actuelle de cette partie de son œuvre et notamment, de son retour surprenant à la photographie au cours des années 1980. Cette fois-ci sans appareil, elle réalise des photogrammes avec ses gestes de peintre : cette union marquant la réconciliation par l’artiste des deux modes d’expression.

 

Une exposition inédite

Dora Maa – Sans titre [Mannequin assise de profil en robe et veste de soirée], vers 1932 -1935, Collection Centre Pompidou, Paris – Musée national d’art moderne – Centre de création industrielle – Copyright de l’œuvre © Adagp, Paris – Crédit photo / Photo credit © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Jacques Faujour / Dist. RMN-GP

 

L’activité photographique artistique et commerciale de Dora Maar des années 1930 est bien représentée dans la collection du Centre Pompidou, grâce aux tirages acquis depuis les débuts de la constitution de la collection, ceux rentrés avec la collection Bouqueret et grâce à l’achat, en 2004, du fonds de près de 1900 négatifs et 300 tirages contacts. Néanmoins, contrairement aux autres fonds d’atelier de la collection de photographies parmi lesquels Man Ray, Brancusi, Brassaï, celui de Dora Maar n’avait jusqu’à ce jour jamais fait l’objet d’une présentation d’envergure. Cette rétrospective, la plus grande en France mais aussi la première dans un musée national, est donc l’occasion unique de rassembler une œuvre dispersée dans plusieurs collections publiques et privées en France et à l’étranger, tout en proposant une nouvelle lecture.

 

Par Luxe Magazine

 

https://www.centrepompidou.fr/

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC