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Dans Les Coulisses Du Labo Où S’Invente Le Futur de Porsche

L’endroit est des plus discrets. Un bâtiment industriel, sombre et sobre, à la sortie de l’autoroute A81, à 35 minutes en voiture de l’aéroport international de Stuttgart. Le site semble avoir été conçu pour accueillir des start-up. À un détail près : le parking. Quasiment exclusivement occupé par des Porsche flambant neuves. Bienvenue à Ludwigsburg, une petite ville de la banlieue nord de Stuttgart, chez Porsche Digital. Le labo ou s’invente le futur de la plus mythique des marques de voitures de sport.

 

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Ici, une centaine de jeunes ingénieurs, designers, architectes et informaticiens inventent les futurs produits et services clients, que ce soit dans le domaine de la mobilité en réseau, des services clients ou la digitalisation de la conduite. Bref, chez Porsche Digital, l’idée est de créer un nouvel écosystème numérique autour des voitures de la marque. Car le constructeur a des ambitions dans le domaine. Pour s’en convaincre, direction le quartier de Zuffenhausen à Stuttgart, le siège historique de Porsche, à 8 km de là.

Dès la bretelle d’accès au site, le ton est donné. À gauche, l’usine en briques rouges qui accueille les lignes de fabrication du modèle phare de la marque, la 911. À droite, un bâtiment circulaire héberge une concession Porsche géante. En face, un rond-point fiché de trois flèches monumentales accueillant chacune une 911 blanche, comme prêtes à décoller.

La perspective tend vers le colossal et ultra-design Porsche Muséum qui fête ses 10 ans cette année. Le « geste » architectural de l’autrichien Delugan Meissl est une forme monolithique, polygonale, aérienne, soutenue uniquement par trois colonnes en forme de V, de béton, d’acier et de verre. 140 m de longueur, 70 m de large, et 23 m de haut, pour une surface totale de 25 800 m² dont une salle d’exposition de 5600 m², le tout dédié à l’accueil de près d’un million de visiteurs par an. « C’est le troisième musée le plus important d’Allemagne », prévient la jeune fille de l’accueil.

Mais pour l’heure, les visiteurs du jour sont des journalistes du monde entier venus assister à la présentation des résultats du constructeur allemand, organisée dans la foulée de celle de la maison mère Volkswagen. L’ambiance est un peu tendue. En progression constante depuis 8 ans, le chiffre d’affaires a grimpé de 10 %, à 25,8 milliards d’euros. Mais la marge opérationnelle de Porsche, elle, a baissé d’un point en 2018, à 16,6 %. Rassurez-vous, elle reste l’une des plus élevées de l’industrie automobile derrière Ferrari.

Mais Oliver Blume, le PDG de la marque de luxe allemande, prend ce recul très au sérieux : « La transformation en cours dans le secteur automobile n’épargnera personne y compris les labels les plus exclusifs ». Il a donc fixé une feuille de route d’investissements et de transformation de l’entreprise avec le but de préserver ce ratio de rentabilité au-dessus de 15 %.

Le premier chiffre qui claque est celui des économies : 2 milliards par an. Pour les détails on n’en saura pas beaucoup plus. Même si Lutz Meschke, le vice-président du Conseil d’administration de Porsche AG, parle déjà de diviser par deux les coûts de déplacement.

Coté produit, les dirigeants allemands compte sur leur nouvelle arme « anti Tesla », le Taycan, le premier véhicule 100 % électrique du constructeur qui doit arriver en concession au mois d’octobre. La marque a investi 1 milliard d’euros sur le site de Zuffenhausen pour démarrer sa production. « Un modèle très attendu par notre clientèle », explique Detlev von Platen, patron des ventes et du marketing. À peine dévoilée à Paris, cette berline a suscité un engouement très fort. « Nous avons enregistré près de 40 000 réservations, dont 20 000 confirmations moyennant 2 500 euros d’avance. Et près de 60 % des réservations proviennent d’autres marques… ». Comprendre Tesla. Même si personne chez Porsche ne veut prononcer le nom de la marque américaine.

Problème, le Taycan est appelé à être le véhicule le moins rentable jamais produit par Porsche. La faute à un surcoût de 10 000 euros par rapport aux voitures thermiques. Autres nuages sur la tête des dirigeants de Porsche, le ralentissement de l’économie en Chine, pays qui représentent 80 100 véhicules sur les 256 250 vendus dans le monde (en hausse de 4% en 2018), mais aussi la menace des hausse des taxes en Angleterre, et surtout aux Etats-Unis qui pourraient surenchérir les véhicules de 25 %.

Alors pour faire contre mauvaise fortune, bon cœur, Porsche a pris le cheval cabré par les cornes pour se positionner en 2025 sur l’électromobilité, et sur les mobilités alternatives.

Au-delà des investissements industriels, la marque va investir 800 millions par an sur le digital. Dans le labo de Ludwigsburg mais aussi ceux de la Silicon Valley, de Tel Aviv, de Shanghai ou de Berlin. Depuis un an, certains travaillent sur les tests et sur le déploiement des technologies numériques dans l’entreprise pour automatiser les usines 4. 0 du groupe. D’autres se spécialisent sur la connectivité afin de faciliter la vie à bord des voitures de demain.

« Porsche vise à devenir la marque la plus innovante dans le domaine de la mobilité exclusive et dynamique », explique Lutz Meschke, vice-président du Conseil d’administration de Porsche AG et membre du Conseil d’administration, des finances et de l’IT.

Et les premiers résultats sont prometteurs. Notamment les nouveaux services mis en place. Ainsi, le système «Porsche inFlow», donne la possibilité de conduire une Porsche à la carte. À l’exception du carburant, les frais couvrent tous les  coûts comme l’entretien, l’usure, les pneus saisonniers, la garantie, l’immatriculation, la taxe sur les véhicules, l’assurance tous risques et les inspections des véhicules. La durée minimale du contrat par véhicule est de six mois. Le client peut alors suspendre ou changer le véhicule avec un préavis de trois mois. Les transactions et le traitement depuis la réservation et la conclusion du contrat jusqu’à la gestion du véhicule se font numériquement à l’aide de l’application d’une start-up partenaire, Cluno.

Ce service complète le « Porsche Passport » testé à Atlanta aux Etats-Unis en partenariat avec Clutch Technologies, qui développe l’application.

L’inscription de 500 $ (environ 423 €) donne accès à deux formules mensuelles : « Launch », coûte 2 000 $ (1 691 €) et donne accès à huit modèles parmi lesquels 718 Boxster et Cayman S, Macan S ou Cayenne. L’offre « Accelerate » propose 22 modèles dont les 911 Carrera S ou Panamera 4S moyennant 3 000$ (2 536 €). Les voitures sont livrées et récupérées au domicile ou sur le lieu de travail des clients. Les tarifs comprennent entretien, nettoyage, assurance et taxes diverses.

Plus original, « Porsche Host » est une sorte de Airbnb de l’automobile. Il s’agit d’un programme d’autopartage peer-to-peer, développé en collaboration avec son partenaire Turo. Le programme est disponible pour les clients de Los Angeles et de San Francisco via l’application Turo et via le site Web. L’expérience devrait être étendue à tous les possesseurs de Porsche. Les véhicules peuvent être loués pour une période comprise entre un jour et un mois.

Enfin, Porsche réinvente son « guide Michelin » avec une appli qui suggère aux conducteurs les meilleurs road trips à faire sur une demi-journée, une journée, et même deux journées complètes. Cette application est déjà intégrée au système d’info-divertissement de la nouvelle Porsche 911 Type 992, et elle sera étendue aux futurs modèles de la marque allemande.

Une gamme de services qui a clairement vocation a séduire les nouvelles générations de consommateurs qui veulent rouler en Porsche sans les contraintes des propriétaires.

De notre envoyé spécial à Stuttgart.

 

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