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Alexandre Mattiussi, un créateur en pleine ascension

Alexandre Mattiussi, un créateur Ami Festival Cabourgcréateur marque mode Ami au Festival Cabourg

Aux commandes d’une équipe de 300 personnes, Alexandre Mattiussi est un peu le nouveau « chouchou de la mode ». Ce dernier a deux amours : la mode, et le cinéma et les actrices… qui le lui rendent bien. Sa marque Ami, déjà une référence dans le vestiaire masculin depuis dix ans, s’est déclinée récemment autour des femmes. Leila Bekhti, Diane Kruger, Audrey Tautou sont autant d’amies et ambassadrices de charme pour porter ses créations à la fois simples et sophistiquées. Un success story que la créateur, jury au Festival de Cabourg, a bien voulu nous raconter en direct du Grand Hôtel normand.

 

Désirée de Lamarzelle : Comment présenter la marque Ami, son positionnement dans la mode ?

Alexandre Mattiussi : L’idée, depuis le premier jour de la création d’AMI, était de  dessiner le vestiaire idéal : d’abord le mien, mais aussi celui de mes amis. J’ai travaillé pendant dix ans dans des grandes maisons de couture parfois coupées du  désir du client, avec des créations qui ne sont pas de l’ordre de la générosité ni du partage. Ma mode est plutôt très inclusive dans ma façon d’essayer des vêtements : j’ai envie d’habiller le plus de monde possible avec cette idée d’un vestiaire plus permissif, pour des personnes de 17 à 77 ans, de tout genre, tout type de corps, de toutes origines…

Et comment définiriez-vous votre style ?

Un style sophistiqué sans être prétentieux et confortable. C’est d’ailleurs un mot qu’on n’utilise pas beaucoup dans la mode, alors que j’adore l’idée de me sentir bien. L’idée principale est de rendre heureux les gens. Cette notion de plaisir et de bonheur est essentielle. Je me suis toujours battu quand les choses se sont accélérées pour ne pas tomber dans le piège du créateur hype.

 Vous faites partie du jury du prestigieux festival de Cabourg. Quelle est votre vision du lien entre la mode et le cinéma ?

C’est une amitié forte. Le vêtement dans le cinéma est un personnage important, presque aussi essentiel que l’acteur qui a besoin de son costume pour créer son personnage. On se souvient tous d’un style, d’un vêtement qui a permis de révéler le caractère de comédiens, comme Catherine Deneuve dans Belle de jour, habillée par Yves Saint-Laurent ou encore Audrey Hepburn par Givenchy dans Breakfast at Tiffany’s. Le cinéma est très inspirant pour la mode parce que l’on crée des images qui nourrissent aussi le rêve : ce sont des passerelles permanentes.

Aimeriez-vous dessiner des vêtements dans le cadre d’un film ?

J’adorerais ça. J’aime le cinéma, c’est un endroit où je me sens inspiré. En tant que jury, je retrouve le plaisir de me mettre dans une salle de cinéma où c’est très apaisant de finalement éteindre le téléphone, encore plus aujourd’hui, d’être dans le noir, quelques heures : c’est presque un luxe.

Avec quel(le) réalisateur ou réalisatrice aimeriez-vous travailler en particulier ?

Je ne sais pas. Mon rapport au cinéma est en train de s’étendre : j’ai commencé à produire des films en donnant notamment une « carte blanche » à des réalisateurs qu’on aime. Dernièrement on a présenté à Cannes un film de Yann Demange avec Isabelle Adjani (Dammi. Notre sang comme l’amour). Mais également l’envie d’écrire se précise et peut-être aussi la réalisation. J’ai toujours aimé la mise en scène, au fond mes défilés sont très, si j’ose dire, cinématographiques car j’aime la mise en scène. La mode c’est aussi l’occasion de présenter un vêtement dans un contexte extrêmement scénarisé. Mais bien sûr devenir le costumier officiel d’un projet cinématographique serait très excitant. J’habille les acteurs et les actrices en me mettant au service de leurs désirs sans imposer mes envies. Ce qui explique que mes créations peuvent être très différentes quant à Cannes j’habille Sophie Marceau, Xavier Dolan, Sandrine Kiberlain, Valeria Bruni-Tedeschi ou encore Diane Kruger à la cérémonie de clôture. Chaque vêtement est destiné à la personne qui le porte.

Vous avez débuté avec un vestiaire homme. La femme est-elle un territoire d’expression incontournable ?

J’ai toujours été un styliste pour homme mais je vais à fond dans le vestiaire femme parce que cela répond à une volonté, à une envie, à un désir à travers les rencontres que je fais avec des femmes qui sont souvent plus pétillantes que les hommes. Depuis la création d’Ami depuis 11 ans, je pense avoir trouvé mon vocabulaire,  mon style que je ne fais que pousser un peu plus avec les femmes.

Vous avez fait vos débuts dans la danse avant de vous lancer dans la mode.  Tout est-il lié ?

Oui, il y a quand même cette idée de mouvement du corps, mais surtout d’un geste spontané. Un style que je trouve très français que l’on définit par ce petit « je-ne-sais-quoi-de-plus » : un style à la fois simple et sophistiqué que l’on nous envie un peu à travers le monde.

Peut-on parler de success story concernant cette marque relativement récente ?

Honnêtement, je suis le premier spectateur de ce succès qui est avant tout un travail d’équipe. Nous avons réussi à créer une marque française qui regroupe plus de 300 personnes aujourd’hui avec des boutiques un peu partout dans le monde dont l’Asie, et beaucoup d’ouvertures prévues aux États-Unis (New York, Miami et à Los Angeles). Dans quelques jours, on inaugure un gros flagship à Séoul. J’aime le retail, les boutiques, mais aussi le digital qui est une porte d’accès extraordinaire pour tout un tas de monde qui ne peut pas se déplacer dans les grandes villes. L’accessibilité et la démocratisation avec un produit de qualité. On a quatre sites à Paris même si nous allons réunir tout le monde dans un seul endroit situé au 9 place des Victoires. Et la fabrication est localisée en Europe comme le Portugal, l’Italie, un peu la France mais aussi l’Angleterre sur quelques produits particuliers comme le Cachemire et l’Europe de l’Est. On fait également très attention au sourcing éco-responsable des matières.

Ce ne sont pas les seules clés du succès pour Ami…

Je pense que c’est la générosité qui est l’état d’esprit de la maison. Le fait de s’appeler Ami a été aussi une chance. C’était la bonne marque au bon moment : on répond aux besoins des gens. C’est un truc d’époque aussi. Je pense que c’est très contextuel, le succès.

La communication est également un des leviers du succès…

On communique beaucoup. Il y a des défilés mais aussi les projets annexes, comme ceux avec le cinéma. Au festival de Cabourg  j’ai fait de nouvelles rencontres extraordinaires, et les films sont d’ailleurs une source d’inspiration permanente. En fait je note beaucoup de choses dans une petit carnet : il suffit de voir une fille passer et remarquer une proportion dans la jupe ou l’épaule pour être inspiré. Regardez, hier soir j’ai noté par exemple : pastel, loden, flanelle grise, cuissardes… et voilà j’ai trois looks que j’envoie à mon équipe (rires). Paris est ma ville de cœur, elle représente à mes yeux une espèce de scène géante où j’observe et je viens habiller ces personnages que sont les Parisiens et les Parisiennes !

Mais vous assumez quand même votre casquette de businessman ?

Oui bien sûr, cela a été une de mes plus grandes forces d’être capable de comprendre le business, en tout cas à sa juste valeur. Cela me plaît d’être un commerçant, de passer dans mes boutiques mais aussi d’envisager la croissance d’Ami puisque c’est la manière de faire grandir cette belle marque.

Quel a été votre dernière inspiration ?

Hier, en allant voir le film Close de Lucas Dhont où l’image est très belle. Le blond très pur qui se rapproche de la couleur du blé du personnage principal m’a beaucoup inspiré.

 

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